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La République des mots

Dans « Les 4 Vérités » du 24 juillet, j’ai cité quelques-uns des interdits qui entravent la société française aux plans politique et social.

Je voudrais compléter par l’évocation des mots maudits et/ou magiques qui émaillent le langage de cette même société.

Ils ne sont pas anodins car ils reflètent l’opinion dominante à laquelle le gouvernement se conforme.

Le mot maudit par excellence, la malédiction suprême est « dictature ». Rien n’est plus horrible que la dictature. D’ailleurs, les dictatures contemporaines, manigancées par la CIA, sont le fait des Américains. C’est ce que la presse répète à satiété. Ainsi a-t-on déploré avec indignation et aujourd’hui encore, la dictature du général Pinochet sans lequel le Chili, maintenant prospère, aurait été une sorte de Cuba, avec la pauvreté socialiste, la répression, la corruption et la prostitution, mais cela personne ne doit le dire. On dénonce encore, la non moins horrible dictature du général Lon Nol au Cambodge, « fantoche des Américains » , qui a eu l’audace de s’opposer à la « libération » de Phnom Penh par les « vaillants Khmers rouges » qui ont exterminé près de la moitié de la population « libérée » du Cambodge. Mais de la dictature de Staline, on ne parle jamais et de celle de « l’ami Saddam » non plus.

Oublions donc ces abominables dictatures, fascistes, pour célébrer le mot magique : « démocratie » . Il n’y a rien de plus beau que la démocratie. Tout doit être démocratique, les principes, les gouvernements, les élections, les congrès. Ainsi la presse française, qui, en partie, fait campagne pour le candidat démocrate aux États-Unis, comme si la France était le 51e État de la Fédération Américaine, nous a appris que les deux filles de John Kerry avaient un comportement démocratique. Aussi sont-elles bien charmantes…
Le mot est si séduisant qu’il est devenu populaire. Nous avons donc connu les démocraties populaires, par exemple, celle de Ceausescu en Roumanie, tyran grotesque et tortionnaire pour lequel la diplomatie française avait quelque complaisance. Il y eut bien d’autres démocraties populaires toutes inféodées à l’ex-Union Soviétique. Nous avons aujourd’hui encore la démocratie nord coréenne dirigée pendant cinquante ans par le « Grand Leader » et aujourd’hui par son fils « le Leader Bien Aimé » , sans oublier la République du Kampuchéa Démocratique, conduite naguère par Pol Pot, responsable de l’un des plus grands génocides de l’histoire, 3 314 768 victimes (chiffre officiel), un génocide démocratique !

L’Afrique n’est pas en reste, à tel point que le Zaïre a été débaptisé pour devenir la République Démocratique du Congo, RDC, vaste champ de ruines aux massacres quotidiens. À ne pas confondre avec la République du Congo Brazzaville, dirigé par Denis Sassou Nguesso naguère communiste, massacreur à ses heures d’une bonne quantité de Zoulous et de Ninjas ; mais Denis a du pétrole et par conséquent des relations, surtout à Paris…

On notera que depuis les indépendances, le chaos africain a provoqué la mort de 3 500 000 personnes - estimation officielle - sur un continent auquel on enseigne depuis des décennies la démocratie. Bref on peut paraphraser le mot fameux de Mme Rolland au pied de l’échafaud le 9 novembre 1793 : « Liberté, mais aussi Démocratie, que de crimes on commet en ton nom » .

Tout ceci serait risible si ce n’était dramatique. Il est vrai que la démocratie est une forme de gouvernement idéale, mais elle suppose, pour ceux qui l’incarnent, vertu et probité absolue. Elle fut pratiquée dans l’Antiquité par quelques cités grecques. Elle est pratiquée de nos jours dans les cantons suisses et généralement dans les pays anglo-saxons ou la culture protestante la favorise.

Dans les pays latins, il en va différemment. En France, notamment, la Démocratie a connu de sérieux aléas. L’imprégnation marxiste de la majorité des dirigeants politiques de gauche et la tentation de la dictature du prolétariat toujours présente dans le syndicalisme, ont engendré une culture de l’affrontement. C’est là, sans doute, une tradition inhérente à la mentalité de notre pays. Faut-il rappeler que la démocratie française est née non pas sous le signe de l’habeas corpus, mais du sang de la guillotine !

Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Le régime en France relève, en fait, d’une sorte de démocratie dévoyée en démagogie, dirigée par un chef de clan, de gauche ou de droite, qui, une fois au pouvoir, cherche a s’y maintenir par tous les moyens, le premier d’entre eux étant l’argent, les dotations officielles, qui pourtant portent sur des dizaines de millions d’euros étant toujours insuffisantes. Quant au Parlement, il est le plus souvent une chambre d’enregistrement. L’ennui supplémentaire est que ce régime va de pair avec la dictature anonyme, masquée, mais bien réelle, d’une administration tentaculaire, avec ses six millions de fonctionnaires et ses 520 000 textes. S’y ajoute le carcan de la pensée unique, de nature totalitaire, et, pour couronner le tout une très importante population immigrée inassimilable, en constante augmentation, qui non seulement pèse lourdement sur la dépense publique, mais instaure peu à peu une situation d‘anarchie. Ce sont là les éléments constitutifs d’une décadence irréversible.

Christian Lambert - samedi 11 septembre 2004

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