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La corruption ralentit la croissance en Afrique

Washington , 24 mai 2004

Selon un rapport récemment publié par le Bureau de la
comptabilité générale (U.S. General Accounting Office, GAO), la corruption, en Afrique subsaharienne, est toujours fréquente et elle nuit gravement à la croissance à long terme de la région et à son développement.

En effet, des fonds qui devraient être utilisés pour l’enseignement, l’investissement et l’infrastructure publique sont bien souvent détournés pas des responsables corrompus. (…)

L’Index de la Banque mondiale et l’Index de "Transparency
International" placent un grand nombre des pays d’Afrique
subsaharienne parmi les plus corrompus du monde, mais, souligne le rapport, leurs données reposent sur des perceptions plutôt que sur des cas de corruption quantifiables, et les deux institutions admettent que leurs évaluations manquent de précision.

Se basant sur des enquêtes menées localement et sur d’autres sources d’information, le rapport, préparé à la demande du Congrès des Etats-Unis, souligne le fait que les foyers estiment que la corruption est enracinée dans la police, dans l’appareil judiciaire et dans les services de santé, bien que l’appréciation du niveau de corruption au sein de chacune de ces institutions varie.

Pour leur part les donateurs internationaux estiment que la corruption constitue un défi à la stabilité politique, qu’elle entrave une croissance régulière, fausse les prix, mine les appareils juridiques et judiciaires et empêche que les services publics n’atteignent ceux qui en ont le plus besoin.

Le rapport énumère plusieurs facteurs qui, en Afrique subsaharienne, contribuent à un climat de corruption :

 Le bas salaire des fonctionnaires pousse souvent ces derniers à demander des pots-de-vin ou à détourner des fonds à leur profit.(...)

Le manque de transparence lié aux activités gouvernementales et le fait que les gouvernements ne sont pas tenus de donner des comptes créent un climat propice à la corruption.

 L’inefficacité des cadres juridiques et le non-respect des lois entravent les tentatives d’enquêtes et de poursuites, et la plupart des pays n’ont pas un appareil judiciaire suffisamment efficace pour traduire en justice les fonctionnaires corrompus et les punir.

 Le public tolère la corruption et, dans certains pays, la corruption est un fait et on s’y attend. (…)

"Premièrement, il est essentiel que les chefs de file des pays manifestent la volonté politique et l’engagement nécessaire. Deuxièmement, l’appui du public est indispensable. Troisièmement, les programmes doivent correspondre aux conditions propres à un pays aux
plans historique et économique. Quatrièmement, les programmes doivent adopter une stratégie comportant plusieurs volets, soulignant la prévention, l’éducation et le respect des lois. Cinquièmement, la transparence et l’accès du public à l’information sont importants pour garantir une surveillance adéquate du gouvernement. Finalement, la corruption ne pouvant être éradiquée rapidement et simplement, la lutte contre la corruption exige un engagement à long terme pour que le public lui accorde sa confiance"
, souligne le rapport. (…)

Le rapport fait état de nombreux exemples d’allégations de corruption, notamment dans les pays ayant des industries d’extraction : pétrole, gaz naturel, pierres précieuses, etc.

Au Nigeria, par exemple, une affaire de corruption implique l’ancien dirigeant militaire Sani Abacha qui aurait transféré des dizaines de milliards de dollars hors du pays durant son gouvernement, de 1993 à 1998. En Angola, la mauvaise gestion des revenus du pétrole a été rapportée par la presse et 4,2 milliards de dollars auraient disparu entre 1997 et 2002. Au Bénin, le ministre des finances a indiqué en 2001 que la corruption faisait perdre 68 millions de dollars tous les
trois ans. (…)

Par Charles Corey
Rédacteur du "Washington File"

http://usinfo.state.gov/francais/

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