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La diaspora congolaise frustrée d’être exclue des élections

RD CONGO - PANAPRESS
Des Congolais vivant en France ont exprimé leur frustration et leur colère d’avoir été écartés des élections présidentielle et législatives qui ont lieu ce dimanche en République démocratique du Congo.

Rencontrés par un correspondant de la Pana à Château-Rouge, un quartier de Paris, ces Congolais ont affirmé ne pas comprendre les raisons de leur exclusion des premières consultations libres et pluralistes de leur pays depuis près de 40 ans.

« Je ne vois aucune autre raison que la volonté d’organiser des fraudes autour du scrutin. Ceux qui nous ont exclus savent qu’à l’extérieur, il est impossible de tricher », a expliqué Laurent Boloko, un Congolais qui tient un magasin de musique à Château-Rouge.

Il a accusé la Commission électorale indépendante (CEI) et les autorités de Kinshasa d’avoir cherché à punir les Congolais de l’extérieur en refusant d’organiser la présidentielle et les législatives dans des pays à forte immigration congolaise.

« Il y a eu une volonté délibérée de nous écarter. La CEI a bénéficié de moyens importants qui lui permettaient d’organiser les élections dans des pays comme la France et la Belgique. On a refusé de le faire comme pour nous punir d’avoir quitté le pays », a regretté M. Boloko.

Sa compatriote Brigitte Gizenga, qui tient un salon de coiffure à Barbès, un autre quartier de Paris à forte concentration d’immigrés, n’est pas moins en colère lorsqu’elle évoque les consultations électorales de ce dimanche dans son pays.

« En refusant d’associer les Congolais de l’extérieur à ces élections, on crée une différence entre eux et leurs compatriotes restés au pays. C’est une grave erreur d’appréciation pour un pays qui a besoin de tous ses enfants pour être reconstruit », a affirmé Mme Gizenga.

Elle a estimé qu’il sera extrêmement difficile aux autorités qui sortiront des urnes de convaincre la diaspora de participer à la reconstruction du pays après l’avoir écartée du vote.

« Tout le monde sait que des Congolais ont bâti de fortunes importantes à l’extérieur. Ils peuvent, avec ces moyens, aider à relancer le pays. Mais comment nous convaincre d’apporter notre argent à la reconstruction nationale alors qu’on nous dit qu’on n’a pas besoin de nous pour les opérations de vote », s’est interrogée Brigitte Gizenga.

Bien qu’ils ne participent pas au vote, les Congolais de France portent une attention particulière à la présidentielle et aux législatives organisées dans leur pays sous la supervision de plusieurs milliers d’observateurs nationaux et internationaux.

Des regroupements se sont spontanément formés dans certaines rues de Paris pour commenter les conditions de déroulement du scrutin ou pour faire des projections sur le second tour de la présidentielle. Dans des magasins, d’autres Congolais ont l’oreille branchée sur les stations de radio internationales qui parlent des élections.

« C’est une attitude tout à fait normale. Ceux qui ont choisi de nous exclure des élections ont perdu la bataille, car ils n’ont pas réussi à nous détourner du pays. Nous sommes et restons des Congolais, malgré leurs manoeuvres », a assuré Shungu Wemba, un étudiant congolais.

Trente-trois candidats, parmi lesquels le président sortant Joseph Kabila et ses quatre vice-présidents, briguent les suffrages des Congolais lors de la présidentielle, qui se tient dans un climat de fortes tensions.

Les électeurs congolais doivent également désigner 500 députés à l’Assemblée nationale pour remplacer l’actuel Parlement issu des accords de sortie de crise congolaise, signés en 2002 à Sun City, en Afrique du Sud.

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