email

La mort du Père Jean Guth confirmée.

La Semaine Africaine du 26 septembre 2002(Brazzaville),
Depuis le mois d’août, la nouvelle avait pris l’allure d’une rumeur persistante. Maintenant, elle est officielle. Les Forces armées congolaises en ont informé l’ambassade de France au Congo. A son tour, celle-ci a informé, officiellement, la communauté des Pères spiritains à Brazzaville. Père Jean Guth, missionnaire spiritain de nationalité française, curé de la paroisse Saint-Pierre Claver de Mayama (région du Pool), est décédé de maladie, probablement le 10 août 2002. Il avait été pris en otage par les hommes de Ntumi, le 30 avril 2002, après lui avoir coupé un tendon. Ntumi l’a traîné partout dans ses cachettes en forêt.

Père Jean Guth aura été probablement dans le monde, l’otage français qui n’aurait pas beaucoup ému l’opinion publique de son pays. Un otage presqu’ignoré. Pour les uns, il ne servait à rien de faire du bruit autour de cette affaire, pour ne pas donner de publicité à Ntumi. Pour les autres, il fallait être discret pour ne pas mettre sa vie en danger. Ntumi, quant à lui, n’a jamais réclamé de rançon ni même cherché à monnayer son otage contre d’éventuelles négociations avec le pouvoir de Brazzaville. Même l’Eglise catholique au Congo-Brazzaville est plutôt restée discrète sur le sujet. C’est à Pointe-Noire, à l’issue d’un sommet tripartite avec ses homologues d’Angola et du Gabon, que Denis Sassou Nguesso s’est exprimé, pour la première fois, sur cette affaire, en condamnant cet acte terroriste de prise d’otage par Ntumi.

Et puis, il y a eu un silence radio. Des rumeurs, des témoignages rapportés par des villageois, dans le flou total, le donnaient de plus en plus mort. On a de nouveau parlé de Père Guth, à la veille de l’arrivée en France, du président congolais, la semaine dernière. Sa famille, qui détenait la seule bande vidéo tournée en captivité, au mois de mai, par ses ravisseurs ninjas, a attendu longtemps pour la mettre à la disposition des médias. La chaîne de télévision française, Tf1, pouvait ainsi parler d’un otage français quelque part au Congo-Brazzaville. Or, l’otage était déjà mort.

Il restait à officialiser cette terrible nouvelle. C’est ce que les Fac (Forces armées congolais) ont fait auprès de l’ambassade de France. En apprenant cette nouvelle, sa famille, en France, a demandé l’identification du corps sans laquelle elle ne croit pas à cette nouvelle.

Comment est mort Père Guth ? Selon un recoupement de témoignages que nous avons fait, Père Guth était très malade, au moment où les ninjas, ses ravisseurs, se trouvaient dans les environs de Mayama. Il souffrait, en plus de sa plaie à cause du tendon coupé, d’hypotension et du paludisme et il ne voulait plus s’alimenter. Un villageois l’ayant vu vers le début du mois d’août, a rapporté qu’il parlait bien, en français et en lari, mais ne pouvait pas marcher. A ce moment-là, les ninjas cherchaient à gagner la forêt de Bangou, située entre Mindouli et Kindamba. Quelques ninjas ont placé Père Guth sur un radeau, sur la rivière Louolo qui se jette sur le Niari. C’est de cette manière que Père Guth et d’autres ninjas blessés ou malades, sont arrivés au village Louolo, à l’entrée de la forêt de Bangou.

C’est là que quelques jours plus tard, des villageois ont appris la mort du Père. Il serait enterré à la sauvette, sans cercueil, dans un petit village proche, qui s’appelle C.i.b.b (du nom d’une ancienne compagnie d’exploitation forestière), d’autres parlent du village Kimonika, à côté d’un petit pont. Un ninja aurait pris ses sandales, pour les porter, nous a confirmé un témoin. Cette zone serait accessible ; puisque Ntumi se serait déplacé. Il ne serait plus dans la forêt de Bangou. Le pire que l’on craignait est arrivé. Cela n’arrangera-t-il pas tout le monde ? Puisqu’on ne parlera plus d’otage français, à défaut de n’avoir pris aucun risque pour le délivrer.

Joël Nsoni

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.