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Large offensive d’Israël au Liban sud malgré la résolution à l’Onu

TYR (AFP) - L’armée israélienne progressait samedi vers le fleuve Litani, objectif annoncé d’une vaste offensive appuyée par 30.000 hommes pour éloigner le Hezbollah de la frontière, malgré le vote d’une résolution à l’Onu appelant à la cessation des hostilités.

Les Nations unies attendent une « cessation immédiate » dès l’approbation de la résolution 1701 par le Liban et Israël, a cependant souligné leur représentant au Liban Geir Pedersen.

Pour sa part, l’envoyé spécial pour le Proche-Orient des Nations unies, Alvaro de Soto, a estimé qu’une réduction de la violence devrait avoir lieu « dans les prochaines 24 ou 48 heures au plus ».

Les forces israéliennes se sont emparées dans la journée d’une hauteur stratégique en surplomb du Litani, après de durs combats avec le Hezbollah, a-t-on appris de sources policières libanaises.

Les unités israéliennes ont occupé le village de Ghandouriyé, après une attaque en tenaille par une colonne qui progressait depuis Qantara à l’est et une unité qui avait été héliportée au sud-ouest, ont précisé ces sources.

Ghandouriyé est situé à une vingtaine de kilomètres à l’est de Tyr et à 12 km à l’ouest de la frontière israélo-libanaise.

L’aviation israélienne a précédé cette offensive de bombardements. Le Hezbollah, qui tentait selon la police libanaise de freiner les colonnes de chars, a tiré une vingtaine de roquettes sur le nord d’Israël.

Plus de trente combattants du Hezbollah ont été tués et plus de 30 soldats israéliens blessés au Liban sud depuis vendredi soir, selon une porte-parole de l’armée israélienne. Quatre soldats israéliens auraient été tués, selon des informations de la chaîne satellitaire arabe Al-Jazira.

« Conformément à la décision mercredi du cabinet de sécurité, l’armée israélienne a lancé une opération terrestre au sud du Liban qui doit s’étendre jusqu’au fleuve Litani », a indiqué le porte-parole de l’armée.

Le nombre de soldats israéliens au Liban a triplé à 30.000, a annoncé le chef d’état-major, le général Dan Haloutz.

Selon Avi Pazner, porte-parole du gouvernement israélien, cette opération visant à « neutraliser les capacités du Hezbollah à tirer des roquettes et des missiles vers le nord d’Israël n’est pas limitée dans le temps ».

Et d’après le général Alon Friedman, chef des opérations de la région militaire nord, l’opération pourrait « durer des semaines » et « aller au-delà du fleuve Litani » si nécessaire.

Le Litani est distant de 5 à 30 km de la frontière israélienne, selon les endroits. Il se jette dans la Méditerranée à une dizaine de km au nord de Tyr.

Quelques heures avant l’entrée au liban des renforts israéliens, une résolution avait été votée à l’unanimité des 15 membres du Conseil de sécurité, appelant le Hezbollah à cesser immédiatement toutes ses attaques et Israël à cesser immédiatement toutes ses opérations militaires offensives.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a fait savoir qu’il comptait faire entériner la résolution par son cabinet dimanche. Néanmoins, l’Etat hébreu considère, pour justifier la poursuite des combats, « qu’aucun cessez-le-feu n’a été décrété », selon M. Pazner.

Le numéro deux du gouvernement, Shimon Peres, s’est félicité d’avoir eu « satisfaction sur la quasi-totalité de nos exigences. C’est sans précédent ».

Le gouvernement libanais, qui compte deux ministres du Hezbollah, devait se réunir à 14H00 GMT samedi à Beyrouth et s’orientait vers une acceptation de la résolution, d’après le ministre libanais de la Communication, Marwan Hamadé.

Le Haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère, Javier Solana, en visite à Beyrouth, a déclaré qu’un cessez-le-feu rapide était « l’objectif primordial » au Liban.

Le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit a affirmé qu’Israël devait respecter « dès maintenant » un cessez-le-feu immédiat et effectuer un « retrait total » de son armée.

Plus virulent, son homologue iranien, Manouchehr Mottaki, dont le pays est le principal soutien du Hezbollah, a estimé que la résolution, « unilatérale », servait « plutôt les intérêts du régime sioniste » et devait être « amendée ».

Le texte prévoit que le Liban et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), dont les effectifs passeront de 2.000 à 15.000 hommes, avec un mandat renforcé, déploient leurs forces ensemble à travers le sud du Liban, et qu’Israël retire parallèlement ses troupes de cette région frontalière.

La résolution autorise aussi la Finul à « prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées (...) » pour empêcher toutes « activités hostiles ».

Négocié pendant deux semaines par Paris et Washington, le texte a été voté après un mois d’escalade militaire et de bombardements incessants d’Israël sur le Liban, qui ont infligé d’énormes destructions, fait plus de 1.100 morts et déplacé plus de 900.000 personnes, soit le quart de sa population.

Côté israélien, 40 civils ont été tués par les roquettes du Hezbollah, tirées sur le nord du pays depuis le Liban sud, et 86 soldats sont morts.

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