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Le Congo classé 183e dans le classement Doing Business

Les classements se suivent et se ressemblent. Malheureusement c’est le genre de classement qui « enlève la classe » quand on veut se distinguer en tant que « pays émergent  » fièrement engagé sur le « Chemin d’avenir ». Le Congo, lanterne rouge, se complaît dans une position qu’il croit sans doute changer en adhérant à des comités de rédaction des magazines du genre Forbes, sauf qu’en matière de performance économique le copinage n’est pas de mise. Ce ne sont pas les symboles, ce sont les actes qui comptent. Ou, pour reprendre la langue de bois locale, seules comptent les « actions concrètes ».

Donc sur un tableau Doing Business qui compte un peu moins de 200 pays : « La République du Congo est classé 183e sur 185 pays par le classement Doing Business 2013 »

Faut-il en rire ou en pleurer ?

Il s’agit d’un « rapport de la Banque mondiale et de la Société financière internationale (SFI), dans la réglementation des affaires  ». Reste que celui-ci ne dit quel pas quel était le précédent rang après ce saut de puce. Probablement 185/185.

A quoi le Congo doit-il cette « amélioration » ? Selon ce notaire (ou noteur) notre pays aurait «  initié quelques réformes pour améliorer son classement … notamment en réduisant le coût d’obtention du permis de construire ainsi que le coût d’enregistrement d’un nouveau bâtiment auprès du registre foncier. »

Comment ne pas penser au tonitruant ministre du Foncier Piere Mabiala avec sa méthode « terre à terre » de réguler le processus d’occupation du sol de la République. Aurait-il contribué à l’amélioration de cette notification ?

Ce n’est pas tout, selon Doing Business 2013  :

Le Congo a également facilité la «  création d’entreprise en éliminant ou en réduisant les différents coûts associés à l’ enregistrement d’une nouvelle entreprise  » .

Il reste que, toujours selon ce classeur, le Congo doit fournir «  beaucoup d’efforts afin d’améliorer le climat des affaires. » Quand on voit l’affairisme d’un Edgar Nguesso (fournisseur unique de véhicules de tourisme aux agents de Total/Elf et des autres compagnies pétrolières à Pointe-Noire ; - Corporate Location Services - ) au Congo-Brazzaville, ce genre de conseils doit tomber dans des oreilles de sourds. (http://congo-liberty.com/?p=4470)

Afrique Sub-saharienne

« Intitulé "Des réglementations intelligentes pour les petites et moyennes entreprises", le rapport Doing Business 2013 relève par ailleurs qu’entre juin 2011 et juin 2012, 28 des 46 gouvernements d’Afrique sub-saharienne ont entrepris au moins une réforme pour améliorer l’environnement des affaires, ce qui représente un total de 44 réformes... »

alors que « ...17 des 50 économies qui ont le plus amélioré leurs réglementations des affaires applicables aux entreprises locales depuis 2005 se trouvent en Afrique sub- saharienne.  »

Comprenne qui peut : où se trouve l’erreur si les pays au sud du Sahara ont fait des progrès ?

Le classement de Doing Business 2013 ajoute : « Malgré ces avancées, beaucoup reste à faire pour permettre aux économies africaines de bâtir un secteur privé robuste et compétitif... »

La statisque suivante n’est pas terrible lorsqu’elle indique que la moyenne dans la région en matière de facilitation des affaires est de «  140 sur 185.  »

Maurice et RAS

Ceux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu sont l’île mauricienne et l’Afrique du Sud «  les seules économies africaines figurant parmi les 40 premières à l’échelle mondiale. »

Alain Akouala Atipault aurait été alors bien inspiré de piquer l’idée mauricienne de la zone franche en la transposant à Kintélé. Malheureusement au Congo les projets d’avenir ne facilitent aucun avenir aux projets. « Moi Président, la zone industrielle de Kintélé ne quittera pas le registre de l’utopie  » n’a pas dit Sassou, mais il n’en pense pas moins.

Quid Doing Business ?

Voici le curriculum de notre agence de classification. « Lancé en 2003, Doing Business est un projet de la Banque Mondiale et de la SFI, qui analyse les réglementations ayant une incidence sur le cycle de vie des petites et moyennes entreprises locales : de leur création, en passant par leur exploitation, leur commerce transfrontalier, leurs taxes et impôts, jusqu’à leur fermeture. »

La question des hommes d’affaires n’est pas une affaire d’hommes mais de bonne gouvernance. Aussi, la ministre Claudine Mabondzo Munari a beau taper sur les doigts des vendeurs au Congo (toutes nationalités confondues) pour uniformiser les prix sur les marchés (cf Télé Congo 23 oct 12) il ne demeure pas moins que dans un système de monopole où toute création d’entreprise est centralisée par le clan Nguesso c’est miracle que le Congo ait pu néanmoins gagné deux points dans le classement Doing Business 2013, un classement honteux pour un pays regorgeant de pétrole.

Simon Mavoula

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