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Le Congo disqualifié par le FMI pour l’allègement de sa dette

Brazzaville, Congo (PANA) - Une mission du Fonds monétaire international (FMI) au Congo a relevé l’accumulation de nouveaux arriérés intérieurs et extérieurs ne permettant pas au pays de bénéficier de l’Initiative des pays pauvres très endettés (PPTE), a-t-on appris lundi de sources concordantes à Brazzaville.

Cette situation détectée par la mission du FMI, qui a pris fin le 9 novembre dernier, remet à plus tard le traitement de la dette du Congo, dont l’encours extérieur et intérieur au 31 décembre 2000, est de 4.322,40 milliards de F CFA (environ 6 milliards de dollars US) contre 316,60 milliards de F CFA (environ 421 millions de dollars US) en 1980, précise-t-on.

La dette extérieure a représenté 86% de la dette globale, soit 3.732,60 milliards de F CFA (environ 5 milliards de dollars US) en 2000 et la dette intérieure 14% de l’encours global, soit 589,70 milliards de F CFA (environ 783 millions de dollars US).

Le stock d’arriérés a été estimé au 31 décembre 2000 à 2.383,40 milliards de F CFA (environ 3 milliards de dollars US) dont 1.793,70 milliards de F CFA (environ 2 milliards de dollars US), soit 76,4% au titre de la dette extérieure et 589,70 milliards de F CFA (environ 784 millions de dollars US), 23,60% pour la dette intérieure.

A la même date, le service de la dette a été évalué à 404,50 milliards de F CFA (538 millions de dollars US) contre 26,60 milliards de F CFA (environ 35 millions de dollars US) en 1980. Il est réparti entre la dette extérieure (382,20 milliards de F CFA environ 508 millions de dollars US) et la dette intérieure (22,30 milliards de F CFA, environ 30 millions de dollars US).

La dette gagée sur les ressources pétrolières a représenté 54,85% de l’ensemble des dépenses engagées au titre du service de la dette, indique-t-on.

Cette dette gagée a été générée par des avances faites aux différents gouvernements par les compagnies pétrolières étrangères qui exploitent le brut congolais, la première ressource d’exportation du pays.

Des experts de la Caisse congolaise d’amortissement (CCA) ont mis au point à l’issue d’un récent séminaire un scénario de désendettement du Congo axé sur son éligibilité à l’initiative PPTE.

Les hypothèses retenues jusqu’en juin 2002 prévoient des allègements allant de 202,0 millions de dollars US à 860,8 millions de dollars US.

Avec le constat du FMI sur des "abus" dans la gestion des fonds publics, ces hypothèses qui devront faire l’objet d’une décision le 31 décembre prochain, resteront pour le moment lettre morte.

De l’avis des observateurs, l’isolement du Congo, depuis la fin de la guerre civile de juin 1997 et celle de 1998, se renforce quelque peu parce que les créanciers bilatéraux et multilatéraux n’ont pas repris leurs décaissements à l’exception de la Banque mondiale (BM).

Celle-ci a consenti au Congo une aide de plus de 40 millions de dollars US qui doit servir à l’apurement de ses arriérés, à la mise en oeuvre des programmes de renforcement des capacités administratives et de réinsertion socio-économique des ex- miliciens.

Dans un rapport adressé aux autorités congolaises à l’issue de leur mission, les experts du FMI ont clairement indiqué que la conclusion d’un nouveau programme à moyen terme dépend du respect des critères de performance du programme en cours.

Les autorités congolaises entendaient faire de la mission du FMI un tremplin pour engager les discussions préliminaires sur la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté.

Les experts du FMI ont juste pris connaissance des grandes lignes de cette stratégie qui conditionne largement le traitement de la dette extérieure du Congo.

L’accès à l’initiative PPTE est fondé sur l’élaboration et l’exécution d’un programme de lutte contre la pauvreté dont les objectifs sont bien ciblés.

Il dépend aussi intimement de l’initiative pour la croissance et la réduction de la pauvreté, indique-t-on.

Nombre de pays africains disposent de ce genre de programme dont ils ont commencé à bénéficier avec l’allègement de leur dette extérieure.

Des experts pensent que l’accumulation de nouveaux arriérés intérieurs et extérieurs au Congo peut s’expliquer par le poids excessif des projets d’investissement.

La mission du FMI a mis en cause la priorité accordée par les autorités congolaises à certains projets. Il s’agit de l’affectation des fonds dans des comptes autres que le trésor public qui jette une grande suspicion sur leur gestion.

Cette affectation met en cause les dispositions sur la comptabilité publique qui fait du trésor public le seul et unique comptable de l’Etat, indique-t-on.

La mission du FMI a demandé au gouvernement congolais de mettre fin à cette pratique et d’ouvrir le cas échéant un compte spécial à la Banque des Etats d’Afrique centrale (BEAC) pour assurer la "sécurisation" des recettes.

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