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Le Congolais Jean-Paul Pigasse

Jean-Paul Pigasse est à la recherche d’une reconnaissance hexagonale. Grassement payé par Sassou (on parle de centaines de milliers d’euros/mois) Pigasse n’est pas content (Les Dépêches, mardi 1 juin 2010). Il est même rouge de colère. Pourquoi ? Parce que, ironise-t-il, « Les Dépêches de Brazzaville ne sont (pas) citées dans ses revues de la presse africaine ». Celui que le patron de presse congolais(e) accuse de faire un black-out total sur son journal, c’est RFI. Et pourtant, argumente-t-il amèrement, son canard est « présent sur les deux rives du fleuve, qu’il est certainement l’un des médias du Bassin du Congo les plus lus et les plus consultés sur Internet, qu’il s’est taillé une place au soleil à travers des initiatives comme le stand du Bassin du Congo au dernier Salon du livre à Paris. »

Or, pour Popaul, couvrir les deux métropoles, Brazzaville et Kinshasa (les deux capitales, selon une expression locale, « les plus rapprochées du monde ») est un gage de qualité. Mais, ce ne semble pas suffisant pour RFI qui l’ignore superbement dans sa revue de presse quotidienne. Très remonté contre cette radio, Jean-Paul Pigasse la surnomme malicieusement « Radio du monde ».

C’est cruel de prendre une douche lorsqu’on se considère comme le meilleur journal du Bassin congolais.

Pour Pigasse, il s’agit d’une « censure qui ne dit pas son nom. » Manifestement RFI a une dent contre Les Dépêches pour avoir, à maintes reprises ,« dénoncé ici même la campagne de désinformation menée par Radio France Internationale contre (le Congo), ses dirigeants, leurs initiatives. »

D’où vient cette conspiration du silence ?

Selon le magnat de la presse de Mpila, ça tient d’un règlement de comptes, car citer Les Dépêches de Brazzaville équivaudrait à « admettre que ces mêmes journalistes n’ont pas cessé de tromper depuis dix ans leurs auditeurs sur la situation réelle du Congo qui n’a rien d’une dictature et où la liberté de la presse s’impose comme une réalité bien tangible. »

Voilà pourquoi on le boude.

Indulgent, Pigasse sait que la « Radio du monde  » (RFI) traverse une grave crise interne. Aussi, concède-t-il, qu’il est inutile de remuer « le couteau dans la plaie ». Mais tout de même, il s’agit ici d’une institution publique et la moindre des choses qu’on attend d’une Radio publique c’est d’être objective, persiste J-P. Pigasse dans la gorge duquel la pilule a du mal à passer.

Puis suit un catalogue de reproches sur l’esprit de fermeture de cette radio qui relève du service publique, à plus forte raison à la veille du sommet franco-africain (et bientôt du cinquantenaire).

Puis, conseiller exotique du prince, Pigasse dit : « Si la France de Nicolas Sarkozy veut effectivement resserrer ses liens avec l’Afrique, elle doit d’abord et avant tout exiger de ses médias publics qu’ils se comportent enfin comme des médias responsables. »

Pour l’heure et RFI et les télévisions françaises n’ont rien de médias « responsables » comme le prouve « les sons et les images diffusés à longueur de journée sur les cinq continents »

Qui est Jean-Paul Pigasse ?

Issu d’une immense famille qui compte 180 cousins germains dont 80 bossent dans la presse, Jean-Paull Pigasse a pour ancêtre un certain Albert Pigasse, « fondateur de la collection « Le masque », qui a introduit en France les romans policiers d’Agatha Christie. » Il a pour cousin Jean-Daniel Pigasse, ancien directeur de la Manche libre.

Son neveu, Matthieu Pigasse, numéro 2 de la banque d’affaires Lazard, est en train de s’offrir le journal Inrockruptible comme pour confirmer cette vieille passion familiale pour le métier de presse. D’après Odile Benyahia-Kouider (in Nouvel Obs.com) qui a fait une ethnologie de la famille Pigasse, les implications de celle-ci dans la galaxie Gutenberg constitue une nébuleuse capable de jouer une pression politique à l’occasion de 2012.

En tout cas, les Pigasse, fils et neveux, ont un pied dans chaque grand média français ; du Figaro à France Inter en passant par TF1.

« Jean-Paul Pigasse, plus connu dans les cercles parisiens, nommé directeur de la rédaction de L’Express, en 1985 par Jimmy Goldsmith. Jean-Paul Pigasse qui a disparu de la circulation vit apparemment au fin fond de l’Afrique, non sans s’être auparavant ruiné en fondant son propre journal…. » (Odile Benyahia-Kouider in Nouvel-Obs.com)

La charge de Jean-Paul Pigasse contre RFI ressemble à quelqu’un qui crache dans la soupe familiale.

Il a sans doute une raison (personnelle) d’en vouloir à un organe de presse français, lui qui n’a pas pu gérer un journal fondé par lui-même (probablement Courrier d’Afrique Centrale )

Ou alors l’hypothèse vraisemblable est que, en envoyant une volée de bois vert à un média hexagonal, Jean-Paul Pigasse veut se rappeler au bon souvenir de la dynastie Pigasse opérant en France intra muro.

Normal : désormais, après la faillite du Courrier d’afrique centrale, J-P Pigasse est aujourd’hui en position de force. Finie la période des vaches maigres. Grâce à qui ? Grâce au contribuable congolais qui, chaque mois, par le biais de son mentor Sassou, lui verse une très coquette somme. Incontestablement, ce manitou blanc, est le mieux payé de tous les plumitifs congolais.

La carte Sassou

Pigasse s’est refait une santé financière de fer et d’enfer. Le bonhomme s’était fait une place au soleil en juin/juillet 1997 quand il assura le service de presse du putschiste Sassou. On peut même dire qu’il joua le rôle de correspondant de guerre de Sassou auprès des médias hexagonaux. En tirant la carte Sassou au lieu de celle de Lissouba, Jean-Paul Pigasse fit un joli coup de poker. Il gagna le joker. Au début de la guerre civile au Congo, personne n’osa miser sur le cheval Sassou, un canasson, un tocard. Pigasse le fit. Il gagna gros. "Souviens-toi de moi, ô Seigneur quand tu seras dans le royaume de ton père"  : Sassou se souvint de lui après le succès du coup d’état commencé le 5 juin, terminé trois mois plus tard.

Pigasse s’installa à Brazzaville après la déconfiture du Courrier d’Afrique. Il créa Les Dépêches de Brazzaville. Devenu plus congolais que français, il épousa les us et coutumes de son pays d’adoption. Légalement marié en France, il prit pour amant une jolie journaliste congolaise férue d’histoire coloniale relative aux ossements des de Brazza. Polygamie ! Sa maîtresse lui donna un bébé, un beau petit métis.

Cet agent de propagande d’un régime impopulaire ne manque pas de culot en demandant à RFI de démocratiser sa revue de presse quotidienne de manière à l’élargir aux Dépêches de Brazzaville et uniquement à ce journal. Quand on sait qu’au Congo, pays dirigé par un homme qu’il soutient à fond la caisse, la liberté de presse n’existe pas, Jean-Paul Pigasse devrait d’abord balayer devant sa porte avant d’aller faire le ménage chez les autres. Comme si, lui-même, Pigasse, a jamais parlé de ses confrères congolais dans ses colonnes quotidiennes en ligne ! C’est malin de voir la paille dans l’œil du voisin alors qu’on a soi-même une gigantesque poutre.

Certes, avec sa pommade quotidienne, Pigasse peut abuser Sassou qui le paie grassement alors que les Congolais vivent en période de vaches maigres. En revanche, Pigasse ne peut pas (comme disent les Ivoiriens) "blaguer" les médias français. Pour être digne de figurer dans une revue de presse de RFI, de France Culture ou de n’importe quel média hexagonal, voire européen, il ne suffit pas de s’appeler Pigasse, c’est-à-dire de porter un « nom » qui vous donne du... renom. On a beau appartenir à une famille dont le patriarche fut un bourgeois de la presse, encore faut-il avoir soi-même une plume. Ce qui est loin d’être le cas de Pigasse auquel les pétro-cfa de Sassou ont ôté tout sens critique.

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