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Le Liban, soulagé, attend les troupes européennes

BEYROUTH (AFP) - L’engagement des Européens à envoyer rapidement des troupes dans le sud du Liban a été accueilli samedi avec soulagement à Beyrouth, qui en attend un soutien robuste au déploiement encore inachevé de son armée et la fin du blocus israélien.

Dès lundi, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan sera dans la capitale libanaise pour discuter avec les responsables du pays du déploiement de la au Liban sud, et de la sécurisation de la frontière avec la Syrie.

Vendredi, les pays de l’Union européenne s’étaient engagés à fournir plus de 7.000 hommes pour cette force, soit près de la moitié du maximum de 15.000 soldats prévu par l’Onu, rendant possible le déploiement rapide d’une première vague, en principe d’ici une semaine.

Cet engagement a été salué samedi par Israël comme par le Liban.

Les promesses européennes constituent « un pas positif et important », accueilli avec « une nette et forte satisfaction » par le Liban, a déclaré le conseiller diplomatique du Premier ministre libanais, Mohamad Challak.

« Après un temps de retard et de doute, la colonne vertébrale de la force est maintenant déterminée, ce qui va permettre d’accélérer le retrait israélien et le déploiement de l’armée libanaise » dans le sud du pays, a dit M. Challak.

L’Etat hébreu a lui-aussi félicité samedi les Européens et assuré qu’il « remplirait ses engagements », prévus par la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’Onu qui a mis un terme le 14 août à la guerre entre Israël et la milice chiite libanaise du Hezbollah.

La France, avec 2.000 soldats, et l’Italie, prête à engager jusqu’à 3.000 hommes, seront les deux principaux contributeurs de la Force internationale des Nations unies au Liban (Finul), dans sa version élargie. L’Espagne, quant à elle, enverra 950 hommes, selon Cadena Ser, la radio espagnole.

Le commandement de la Finim sera assumé pour le semestre à venir par la France, à la tête de l’actuelle Finul, déployée au Liban depuis 1978, puis par l’Italie à partir de février 2007.

L’Europe, après avoir obtenu gain de cause sur les garanties qu’elle réclamait en matière de règles d’engagement et sécurité pour ses troupes, a enfin surmonté ses hésitations et répondu aux appels de l’Onu qui la pressait de jouer un rôle moteur pour consolider la paix dans la région explosive du Liban sud.

Israël, après 34 jours d’offensive militaire, y occupe toujours des portions de territoire dans l’attente de forces internationales, et les combattants de la milice chiite du Hezbollah y sont solidement implantés, refusant de désarmer.

Israël avait conditionné au déploiement de troupes étrangères au Liban la levée du blocus aérien et maritime qu’il maintient sur le pays depuis le début de son offensive le 12 juillet, arguant de la poursuite de livraisons d’armes au Hezbollah dont sont accusés la Syrie et l’Iran.

Dans ce contexte risqué, les pays européens avaient longuement hésité à s’engager militairement.

La ministre française de la Défense Michèle Alliot-Marie a affirmé samedi que la France « avait obtenu une importante clarification sur l’usage de la force ».

Dans une interview au Wall Street Journal, elle a ainsi expliqué que selon les règles normales d’engagement de l’Onu, une patrouille de Casques bleus bloquée sur une route par des miliciens ne pouvait pas faire usage de la force si ces miliciens ne tiraient pas. « Ce que nous avons obtenu est que désormais nous pourrons » faire usage de la force dans un cas semblable, a-t-elle dit.

La France a également obtenu « qu’il y ait un commandement unique sur le terrain », avait expliqué vendredi Mme Alliot-Marie, sans intervention d’un représentant civil de l’Onu « dont parfois les décisions puissent venir en contradiction » avec celles des militaires.

Saluant le « succès » de la réunion de vendredi, Kofi Annan a assuré que l’Onu pouvait « maintenant commencer à mettre en place une force crédible ».

Outre la France et l’Italie, plusieurs pays ont fait un effort significatif. L’Espagne a annoncé entre 1.000 et 1.200 soldats. La Belgique enverra 300 à 400 hommes, la Pologne 500, la Finlande 250.

Selon M. Annan, la force se déploiera en « trois phases », dont la première, correspondant à environ 3.500 soldats, devrait intervenir « dans quelques jours », voire « une semaine ».

Mme Alliot-Marie a précisé que les soldats français seront déployés sur le terrain d’ici 20 jours, et le chef du gouvernement italien Romano Prodi a annoncé que le contingent italien pourrait partir pour le Liban dès ce mardi.

Appelée à sécuriser le sud du Liban, aux côtés de l’armée libanaise qui a commencé à en prendre le contrôle le 17 août, la Finul ne devrait en revanche pas se déployer à la frontière syrienne, comme le réclamait Israël, en raison de l’opposition du gouvernement libanais.

L’éventualité d’un déploiement sur cette frontière avait provoqué la colère de la Syrie, qui avait menacé de la fermer, et de priver de ce fait le Liban d’un axe de communication vital avec le monde arabe.

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