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Le dialogue interreligieux est "une nécessité vitale", affirme Benoît XVI aux ambassadeurs musulmans

CASTEL GANDOLFO (AFP) - Le pape Benoît XVI a souligné lundi que le dialogue interreligieux était "une nécessité vitale" dont dépend "en grande partie notre avenir", au cours d’une audience exceptionnelle avec les ambassadeurs des pays musulmans accrédités auprès du Vatican.

« Il s’agit d’une nécessité vitale (...) dont dépend en grande partie notre avenir. Nous avons absolument besoin d’un dialogue authentique afin de surmonter les difficultés », a dit le pape devant les diplomates, évoquant la période difficile que traverse le monde aujourd’hui.

A l’issue de la rencontre du pape avec des ambassadeurs de pays à majorité musulmane, l’ambassadeur irakien Albert Yelda a déclaré à la presse que le discours du pape Benoît XVI était « ce que nous attendions » et il est temps de « bâtir des ponts » entre les religions.

Le pape a saisi l’occasion de cette rencontre exceptionnelle pour souligner une nouvelle fois son « estime » et son « respect » envers la religion musulmane après l’énorme suscitée par ses propos sur l’islam lors de son voyage en Bavière.

Le pape qui s’exprimait en français, la langue diplomatique du Vatican, a brièvement évoqué cette polémique en déclarant que « les circonstances qui ont suscité notre rencontre sont bien connues ».

« Dans ce contexte particulier, je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans », a-t-il ajouté, en affirmant vouloir poursuivre « l’oeuvre entreprise » par Jean Paul II en faveur du dialogue interreligieux.

« Je souhaite donc vivement que les relations confiantes qui se sont développées entre chrétiens et musulmans depuis de nombreuses années, non seulement se poursuivent, mais se développent dans un esprit de dialogue sincère et respectueux », a déclaré le pape.

Il a souhaité un dialogue « qui reconnaît les valeurs religieuses que nous avons en commun et qui, avec loyauté, respecte les différences », et invité chrétiens et musulmans à « travailler ensemble », « pour se garder de toute forme d’intolérance et s’opposer à toute manifestation de violence ».

« Nous, autorités religieuses et responsables politiques, nous devons les guider et les encourager en ce sens », a-t-il estimé.

« Dans la situation que connaît le monde aujourd’hui, il est impératif que chrétiens et musulmans s’engagent ensemble pour faire face aux nombreux défis qui se présentent à l’humanité, notamment en ce qui concerne la défense et la promotion de la dignité de l’être humain », a déclaré Benoît XVI.

La rencontre, à laquelle ont également participé les représentants de la communauté musulmane en Italie, a duré environ une demi-heure.

Ouverte par un bref discours d’introduction du cardinal Paul Poupard, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, elle s’est terminée par les salutations faites par le pape à chacun des participants. Quelques uns en ont profité pour lui glisser quelques mots ou pour lui remettre une lettre.

Initiative sans précédent dans l’histoire récente du Vatican, Benoît XVI était déjà par deux fois revenu sur ses propos et a exprimé ses regrets pour les réactions qu’ils ont suscitées dans le monde musulman.

Il n’est cependant pas allé jusqu’à les retirer ou à s’excuser comme le réclamaient des responsables musulmans, souhaitant même que sa « leçon de Ratisbonne » puisse encourager « un dialogue positif et autocritique » entre les religions.

La main tendue du pape aux ambassadeurs s’inscrit dans une offensive diplomatique déclenchée par le Vatican après le tollé soulevé par les propos de Benoît XVI lors de son voyage en Allemagne.

Dans son discours, prononcé à Ratisbonne, dans sa Bavière natale, il avait cité des passages d’un dialogue du XIVe siècle entre l’empereur byzantin Manuel II Paléologue (1350-1425) et un Persan musulman érudit sur le thème du rapport entre raison et foi.

Etablissant une distinction claire entre christianisme et islam dans ce domaine, il a été compris comme liant implicitement la religion du Coran à la violence, déclenchant de nombreuses manifestations de protestation dans le monde musulman.

Les nonces (ambassadeurs) en poste dans les pays musulmans ont depuis une semaine préparé le terrain à la rencontre délicate de Castel Gandolfo en expliquant aux autorités politiques et religieuses les propos du pape.

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