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Le ministre Nsilou accuse : On envoie des armes à Ntoumi

Misna 8-02-03 - Un train de marchandises a été attaqué par des miliciens Ninjas dans la nuit de jeudi à vendredi dans la région méridionale du Pool, sur la ligne de chemin de fer reliant la capitale de la République du Congo, Brazzaville, à Pointe-Noire (côte ouest).

La nouvelle a été annoncée à la presse internationale par un porte-parole militaire. Un civil aurait été tué et plusieurs autres personnes blessées. Les médias nationaux ont gardé le silence sur cet épisode, qui jette un voile sur l’opération d’ouverture de " couloirs humanitaires " proposée en novembre dernier par le président Denis Sassou Nguesso pour tenter de rétablir la sérénité dans le Pool (arrière pays de Brazzaville), théâtre de graves troubles depuis le printemps dernier. Le président avait en effet invité les Ninjas Nsiloulou, combattants de Frédéric Bitsangou, alias Ntoumi, à se rendre en leur promettant la réinsertion dans la société.

Plus d’une centaine de miliciens auraient depuis répondu à l’appel (on estime que la milice du prétendu révérend Ntoumi compte environ 500 acolytes) mais aucun chiffre officiel n’est disponible à ce jour car " ces sorties se font jour après jours dans les différents sites " a récemment déclaré le colonel Niombo, conseiller technique du Haut commissariat à la réinsertion des ex-combattants à l’hebdomadaire catholique local La Semaine Africaine. Pour certains, le fait qu’aucun chiffre officiel ne soit disponible signifie que l’appel n’a pas été entendu.

La crise dans le Pool, qui n’a en réalité jamais retrouvé le calme depuis la guerre civile déclenchée en 1997 et conclue avec les accords de paix du 29 décembre 1999, fait monter la pression dans le milieu politique. Le ministre congolais de la Construction, Claude-Alphonse Nsilou, a rendu des propos inquiétants le 31 janvier dernier devant les militants de son parti, Rassemblement Citoyen (RC), rapportés par la Semaine Africaine dans son numéro du 6 février. " On envoie des armes à Ntoumi " a-t-il déclaré sans préciser clairement à qui il se référait mais faisant allusion, selon certains observateurs, à une possible mise en cause indirecte du parti au pouvoir. " Le Pool ne doit pas être un exécutoire. L’enfant du Pool est aussi congolais. Nous demandons la démobilisation des étrangers qui salissent la tenue militaire ". Ces propos retentissants risquent de créer des tensions avec le parti présidentiel, le Parti Congolais du Travail (PCT), allié du RC, qui se sent trahi. " Ce qui se passe dans le Pool n’a rien de bon " a conclu le ministre Nsilou. [CC]

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