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Le putschiste Sassou devient officiellement "président élu"

Le Palais des congrès de Brazzaville a abrité ce mercredi 14 août 2002, la cérémonie d’investiture du président Denis Sassou Nguesso, élu le 10 mars à l’issue d’un scrutin au cours duquel les principaux ténors de l’opposition(Lissouba, Kolelas...) avaient été écartés à la faveur d’un code électoral taillé sur mésure pour Sassou Nguesso. Le principal candidat de l’opposition intérieure André Milongo ayant rétiré sa candidature pour fraude.

L’investiture du "nouveau président" a eu lieu en présence de sept Chefs d’Etats africains, à savoir son gendre Omar Bongo du Gabon, son allié Idriss Déby du Tchad (dont les troupes soutiennent le pouvoir de Brazzaville), Obiang Nguéma (Guinée Equatoriale), Amani Toumani Touré (Mali), Joseph Kabila (RDC), Ange Félix Patassé (RCA) et le président Sao-Toméen. On y a noté également la présence du ministre français à la Coopération (pas celui des affaires étrangères) ainsi que bon nombre de représentants des gouvernements et d’organismes internationaux. Mais l’absence la plus remarquée a été celle du parrain des parrains Dos Santos le président angolais.

Au cours de son allocution Sassou s’est engagé à se mettre au-dessus de la mêlée, d’assainir les finances publiques, de créer des emplois en faveur des jeunes, de remettre de l’ordre dans l’administration publique congolaise et de poursuivre une bonne coopération bilatérale avec le monde...bref du déjà entendu et du déjà vu.

Né en 1943 à Edou, dans la région de la Cuvette, le général
Sassou Nguesso avait déjà dirigé le Congo de 1979 à août 1992
sous un régime dictatoriale de parti unique marxisant.

En 1991, après des mouvements sociaux et à la faveur du discours dit de "La Baule", il accepta la tenue d’une Conférence nationale où il perdit l’essentiel
de ses fonctions au profit du Premier Ministre André Milongo, installé par ces importantes assises de toute la classe politique et de la société civile congolaises.

Il cohabita ainsi, pendant une certaine période de transition,
avec un Premier ministre chef des Armées et chef du gouvernement
jusqu’à l’organisation des premières élections démocratiques. Élections qu’il perdit lamentablement en se retrouvant en troisième position derrière Pascal Lissouba et Bernard Kolelas. Les consultations avaient été remportées par le président Pascal
Lissouba grâce au le report de voix de Sassou Nguesso.

Lissouba et Sassou Nguesso avaient signé un accord pour gouverner
ensemble en cas de victoire, mais au lendemain de son triomphe,
Pascal Lissouba dénonça cet accord, obligeant Sassou Nguesso,
président de l’ancien parti unique, le Parti congolais du travail
(PCT), à former une coalition de l’opposition dirigée par
Kolélas.

En 1995, il s’exila en France avant de regagner son pays
en janvier 1997 pour prendre part, en tant que candidat, à l’élection présidentielle qui devait se dérouler en août de la même année.

Cependant, le pouvoir de Lissouba n’eut pas le temps d’organiser cette élection.
Une guerre civile éclata le 5 juin 1997 lorsque des blindés de
l’armée, appuyée de fantassins, encerclèrent la résidence privée de Sassou à Mpila, quartier nord de Brazzaville, selon le pouvoir de Lissouba à la recherche d’individus recherchés par la justice pour meurtres.

Ce fut le début d’une guerre dévastatrice entre l’armée régulière et les miliciens "cobras" de Sassou Nguesso, avant l’entrée en guerre des partisans (miliciens cocoyes) de Lissouba et "les ninjas" de Bernard Kolelas (entre temps nommé Premier Ministre).

La guerre prit fin le 15 octobre 1997 sur la victoire de Sassou Nguesso, grâce à l’appuis des troupes étrangères (principalement angolaises) et le nouveau président prêta serment le 24 octobre 1997 en mettant en place une Constitution provisoire. De la démocratie le pays reparti vers un non-état, toutes les institutions démocratiques ayant été dissoutes.

Richard Songo

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