email

Législative juin 2007, chers les sièges mais pour en faire quoi ?

Rejet catégorique de la Commission Nationale Electorale Indépendante.

Plus de 1000 postulants à la députation sont dans les starting-blocks, pour cent trente six sièges à l’Assemblée Nationale. Ce vendredi 8 juin, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, François Ibovi, a lancé officiellement la campagne des législatives. Contre vents et marées, la nouvelle icône de la politique congolaise, François Ibovi a tenu son pari : NIET pour la Commission Nationale Electorale Indépendante.

Exit le bras de fer entre l’opposition et la majorité présidentielle sur la fameuse Commission Nationale Electorale Indépendante qui, selon l’opposition aurait été l’unique garantie de transparence. Faute de courage et d’une mobilisation apte à infléchir la position intransigeante du gouvernement congolais, un temps seulement cette condition sine qua none, été le fer de lance des meetings de l’opposition et même de certains partis se réclamant de la majorité présidentielle.

Tout le monde est désormais rentré dans le rang, y compris l’ex irréductible Ntoumi qui a désormais troqué sa soutane de guerre et son écharpe violette contre un complet trois pièces, chaussures de marque et Borsalino à rendre jaloux Rapha Boundzeki.

Tous désormais font la queue devant Mpila. Tous rivalisent de réalisations de dernière minute distribution de médicaments parfois périmés, remise de quelques sacs de riz, construction de ponts ou d’écoles, réfection d’un petit bout de route, concertations dînatoire avec la base pour bien montrer à l’électeur qu’ils sont l’homme où la femme de la situation.

Le MCDDI, l’UPADS, le RDPS (dont le leader Thystère Tchicaya a totalement disparu de la circulation et dirige son parti à partir de la toile depuis une retraite lointaine et mystérieuse), l’UDR Mwinda (refrain connu de Milongo : « Je m’aligne pour éviter que le sang ne coule » et tous les autres sont soudain devenus plus royalistes que le Roi.

Exit donc la Commission Electorale Nationale Indépendante, et vive la CONEL (Commission Nationale des Elections). Ce "machin", comme aurait dit de Gaulle, est chapoté par monsieur Henri Bouka, moins connu dans la vie publique, du Général de division Yvon jacques Ndolou ministre de la défens, du Général de division Paul Mbot, ministre de la Sécurité, de monsieur Alain Athipault Akouala, Porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication et de François Ibov, ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation. Des assesseurs élargis à un membre unique de l’opposition, la société civile et la majorité présidentielle (comme s’il en était encore besoin) ont été associés à ce directoire pour le moins monocolore.

Denis Sassou Nguesso n’a plus de challenger, tous les leaders sont ippon !

La nouvelle chambre vidée de toute substance sera, bien entendu, entièrement dévouée à Denis Sassou Nguesso qui pourra en toute quiétude préparer son inévitable réélection de 2009.

Si l’histoire récente du Congo nous rappelle la bêtise humaine et ses séquelles encore demeurent présentes dans les mémoires. Il faut bien constater qu’alors, les parlementaires, trop occupés à soigner leur image publique, furent bien incapables de voir venir l’explosion. La majorité actuelle était à l’opposition. Ainsi, le premier ministre monsieur Isidore Mvouba, pensait-il si bien rappeler aux membres de la CONEL qu’ils ont une responsabilité historique ?

La cavalerie est lâchée mais, de l’avis de nombre des observateurs, elle arbore un costume trois pièces tenant de la cuirasse : concorde nationale, paix et transparence. A quoi doit-on s’attendre ?

Monsieur Isidore Mvouba, le premier ministre s’est exprimé en ces termes :
« Notre pays le Congo va vivre à nouveau un autre tournant de son expérience démocratique, avec l’organisation des nouvelles échéances électorales prévues en juin et en juillet de cette année. Elles portes vous vous doutez bien sur le renouvellement total des sièges des députés de notre Assemblée Nationale, prévu par la constitution du 20 janvier 2002. Monsieur le Président (Henri Bouka), messieurs les membres, votre nomination au sein de cette commission chargée d’organiser et de conduire ce processus électoral de 2007, me fourni l’occasion de vous féliciter. Je reste convaincu d’avance que votre charge sera de plus difficile, c’est pourquoi je vous exhorte à vous placer au dessus de la mêlée et vous demandant en toute sincérité de veiller scrupuleusement à garantir de tous les candidats les mêmes chances de succès, dans l’esprit de préserver l’unité et la paix ainsi que la concorde nationale cher à notre peuple et au Président de la République Denis SASSOU Nguesso. Vous avez donc la responsabilité historique de conduire ce processus électoral à bon port… »

Le renouvellement de la deuxième Chambre parlementaire de la République du Congo va offrir cent trente six sièges de députation, mais à quoi servira-t-elle ?
Durant les cinq années de la présente législature, les congolais se sont gaussés de l’attitude pathétique des honorables "putains de la République" que sont devenus leur élus, toujours plus avides de plaire au pouvoir, humiliés par un gouvernement protégé par une clause constitutionnelle de non destitution symétrique.

L’espérance sociale prônée par le chef de l’Etat, lors de son message à la nation tarde à montrer le bout de son nez. Les congolais ont toujours autant de mal à remplir leur assiette, toujours autant de peine à trouver un emploi. La précarité a encore de beaux jours devant elle.

L’enjeu des législatives qui se profilent aurait dû poser les jalons d’un autre type d’Etat, repensé dans sa forme structurelle et débarrassé des manoeuvres politicardes. Ce n’est pas gagné.
Rien ne semble nous rapprocher de la vraie démocratie à laquelle nous aspirons. Ne serait-il pas temps que nous enterrions nos querelles partisanes et qu’enfin nous jouions le concerto politique en évitant les fausses notes.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.