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Les combats dans le Pool fragilisent le processus de réconciliation nationale

BRAZZAVILLE, 6 avr (AFP) - 15h12 - Les combats qui opposent depuis le 29 mars troupes régulières et miliciens ninjas dans la région du Pool, dans le sud du Congo, fragilisent le processus de réconciliation nationale issu des accords de paix de 1999 et du dialogue politique inter-congolais de 2001.

"Le processus de paix dans notre pays est fragile. Nous devons nous tolérer les uns les autres. Notre problème, c’est la méfiance. Nous devons mettre fin à ce climat de méfiance pour qu’ensemble nous reconstruisions notre pays", a plaidé vendredi soir à la télévision nationale le Haut Commissaire à la réinsertion d’anciens miliciens dans la vie civile, le colonel Michel Ngakala.

La réinsertion d’anciens miliciens - cobras pour le pouvoir du président Denis Sassou Nguesso, ninjas et cocoyes pour l’opposition - est l’un des points des accords de cessez-le-feu et de cessation des hostilités de décembre

Ces accords avaient mis fin à la guerre civile qui avait opposé de décembre 1998 à la mi-1999, dans la capitale Brazzaville et les régions sud, les troupes régulières appuyées par les cobras et les soldats angolais, et les miliciens de l’opposition.

Absent de ces accords, le chef des ninjas, le pasteur Frédérik Bitsangou, dit "Ntumi", est resté retranché dans le Pool, une région située au bord du fleuve Congo, avec un groupe de ninjas.

Il a conditionné son retour dans la capitale à l’octroi d’un statut militaire avec un grade de haut rang, au départ des troupes angolaises du territoire congolais et à la promulgation d’une loi d’amnistie générale en faveur d’anciens dirigeants, tels l’ex-président Pascal Lissouba et son dernier Premier ministre Bernard Kolélas, tous exilés.

N’ayant pas obtenu satisfaction, le pasteur "Ntumi" a boudé le dialogue inter-congolais destiné à réconcilier les Congolais et à relancer le processus démocratique interrompu depuis la guerre civile de 1997 entre les partisans de MM. Lissouba et Kolélas et ceux de M. Sassou Nguesso.

Ce processus a été relancé avec l’organisation, en mars, de l’élection présidentielle, mais ni M. Lissouba, ni M. Kolélas n’ont été autorisés à participer au dialogue et à l’élection présidentielle.

Le 21 mars, le colonel Ngakala a jugé "inacceptables" certaines revendications du pasteur "Ntumi", notamment celle demandant l’octroi d’un statut militaire. L’entourage du chef des ninjas y a vu les prémices d’une offensive.

"Nous savions que l’armée devait attaquer le quartier général du pasteur +Ntumi+ à Migëte à l’ouest du Pool. Pour ne pas être surpris, nous avons attaqué le 29 mars les premiers les positions de l’armée à Kindamba, non loin de là", a expliqué à l’AFP un proche du pasteur.

Mardi, une attaque contre un train de passagers, attribuée par l’armée aux ninjas, a fait deux morts et 12 blessés. Jeudi et vendredi, de violents affrontements ont opposé les troupes gouvernementales et les ninjas autour de Mayama et Matoumbou, à environ 80 km au nord-ouest de la capitale.

Samedi, le dirigeant de la principale opposition interne, André Milongo, a appelé à un "règlement pacifique" de la crise "quoi qu’il arrive".

En revanche, le porte-parole de l’armée, le colonel Jean Robert Obargui, a promis que les troupes gouvernementales poursuivraient leurs opérations dans le Pool.

D’après des témoins, cette région est maintenant isolée du reste du pays, les transporteurs évitant de s’y rendre pour des raisons de sécurité.

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