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Liban : Israël intensifie ses bombardements destructueurs

BEYROUTH (AFP) - Israël a intensifié vendredi ses bombardements aériens meurtriers à travers le Liban, pilonnant la banlieue sud de Beyrouth et détruisant des ponts dans des régions jusque-là épargnées, au lendemain des menaces du chef du Hezbollah libanais de frapper Tel-Aviv.

Au 24e jour de ce destructeur et sanglant qui ne donne aucun signe de répit, l’armée israélienne s’apprête à pénétrer en profondeur au Liban sud, où, selon la télévision arabe Al-Arabiya, trois soldats ont été tués dans des accrochages avec des combattants du Hezbollah chiite.

Mettant à exécution ses menaces d’étendre ses bombardements, l’aviation israélienne a mené une trentaine de raids, dont certains particulièrement violents, contre le fief du Hezbollah dans la banlieue sud de la capitale, après avoir appelé la population à fuir dans des tracts largués par les avions. Elle a aussi visé le secteur attenant d’Ouzaï, le long de l’aéroport international de Beyrouth, selon la police. Un soldat libanais a été tué et trois blessés dans le bombardement de leur position dans ce secteur.

Quatre ponts, essentiels au trafic entre le Liban et la Syrie, ont été bombardés par l’aviation dans une zone jusque-là largement épargnée par les frappes sur la voie littorale rapide reliant Beyrouth au nord du pays, tuant au moins quatre civils et en blessant 15, selon la Croix-rouge libanaise. Les raids ont visé et partiellement détruit un pont à la hauteur de la région chrétienne de Jounieh, ainsi qu’un second pont, dit du « Casino du Liban », l’un des plus importants ouvrages sur la voie rapide.

Deux autres ponts aux portes du Liban nord ont été visés et détruits. L’aviation a aussi bombardé une centrale électrique qui dessert le sud de la vallée de la Békaa (est) et une grande partie du Liban sud, où le courant a aussitôt été coupé. Des raids ont frappé la région montagneuse de Nahlé (centre), visant des routes menant en Syrie.

L’escalade de l’offensive israélienne au Liban, qui a fait, de source officielle libanaise, plus de 900 au Liban en majorité des civils depuis son lancement le 12 juillet, est survenue au lendemain des menaces du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah de frapper Tel-Aviv si la capitale libanaise était bombardée. « Si vous bombardez notre capitale, nous bombarderons la capitale de votre entité agressive », a-t-il averti, dans une déclaration télévisée. Mais cheikh Nasrallah a aussi affirmé que le Hezbollah arrêterait de tirer des roquettes sur le nord d’Israël si ce pays arrêtait de « bombarder les villages » libanais.

Un haut responsable militaire israélien non identifié, cité par la télévision publique, a répliqué en affirmant qu’Israël anéantirait toutes les infrastructures du Liban si Tel-Aviv était touchée par une attaque. L’armée israélienne a en outre reçu l’ordre du ministre de la Défense Amir Peretz de se tenir prête pour une éventuelle prise de contrôle du Liban sud jusqu’au fleuve Litani, situé de 5 à 30 km de la frontière israélienne selon les endroits.

« L’armée a reçu ordre de se préparer à la prochaine étape de l’offensive dont le but est de prendre rapidement le contrôle du Liban sud de la frontière internationale jusqu’à la ligne du fleuve Litani », a indiqué cette porte-parole. Environ 10.000 hommes opèrent actuellement au Liban sud avec pour objectif d’instaurer une zone de sécurité de 6 à 8 km au nord de la frontière israélienne et de neutraliser les secteurs à partir desquels sont tirées par le Hezbollah les roquettes.

Ces préparatifs surviennent au lendemain de la la plus sanglante pour Israël depuis le début du conflit le 12 juillet avec la mort de huit civils dans le nord par la chute d’une centaine de roquettes et celle de quatre soldats dans les combats qui continuent au Liban sud.

En 24 jours de conflit déclenché par la capture par le Hezbollah de deux soldats en Israël près de la frontière, 41 militaires israéliens ont péri ainsi que 27 civils, tués par la chute de plus de 2.000 roquettes sur le nord d’Israël.

Malgré l’intensification des violences, les Etats-Unis ont affirmé être persuadés qu’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Liban était une question de « jours » et ont demandé à leurs diplomates de travailler tout le week-end si aucun accord n’était trouvé vendredi. « Nous sommes très proches » d’un accord, a dit la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice. « Nous travaillons maintenant sur une résolution du Conseil de sécurité et nous avons l’espoir qu’elle passe. C’est certainement une question de jours ».

« Nous souhaitons beaucoup voir cesser ce conflit, aussi avons-nous besoin d’en finir avec les hostilités mais d’une manière qui favorise une paix durable », a-t-elle ajouté. Un haut responsable du département d’Etat américain, David Welch, qui avait accompagné Mme Rice lors de sa tournée au Proche-Orient la semaine dernière, est attendu dans la région. Mais les dirigeants israéliens affirment qu’il leur faut encore plusieurs jours pour atteindre leur objectif, le ministre de la Justice Haïm Ramon ayant évoqué les alentours du 12 août pour la fin de l’offensive.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a indiqué que son pays voulait qu’une force internationale « solide » de 15.000 hommes soit déployée dans le sud du Liban, avant un cessez-le-feu. Mais le Conseil de sécurité doit encore se mettre d’accord sur une résolution détaillant la composition d’une telle force et son mandat, et cela pourrait prendre du temps, alors qu’une grave crise humanitaire frappe le Liban, soumis à un blocus israélien, et où plus de 800.000 personnes ont été déplacées.

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