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Liberté d’action pour Mounzéo et Mackosso - Début de normalisation ?

www.secours-catholique.asso.fr (12-07-2007)

Christian Mounzéo et Brice Mackosso, représentants congolais de la plateforme Publiez ce que vous payez (PCQVP [1]), viennent d’être reçus par les hautes instances de la République française après avoir été emprisonnés dans leur pays. Cette rencontre est à ce titre exceptionnelle.

Poursuivis par le gouvernement congolais sur des chefs d’accusation infondés, Christian Mounzéo et Brice Mackosso ont connu la prison pendant trois semaines en avril 2006. Depuis, leur procès traîne en longueur, émaillé d’innombrables irrégularités leur interdisant tout mouvement pendant 15 mois.

Cependant, le gouvernement de Brazzaville a changé son fusil d’épaule et initié le 25 mai dernier le "dialogue structuré" avec la société civile dans le cadre de l’Initiative de transparence des industries extractives (EITI) issue des dispositions des Accords de Cotonou sur le partenariat gouvernement - société civile. Les recommandations de plus en plus pressantes de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ont joué leur part dans cette décision. Le conflit qui oppose le gouvernement congolais à la société civile représente un obstacle à la progression du processus de l’EITI requérant la formation d’un Comité dont le gouvernement voulait justement exclure Christian Mounzéo et Brice Mackosso.

Le gouvernement de Brazzaville s’est engagé à laisser libres la désignation des membres du Comité ainsi que leur travail. C’est donc grâce à cette nouvelle disposition que Christian Mounzéo a pu quitter le Congo Brazzaville. Il s’est rendu à Libreville au Gabon, du 25 au 27 juin, pour participer à un atelier organisé par la Banque mondiale sur le renforcement des capacités des membres de la société civile dans le processus de EITI.

À Paris, Christian Mounzéo et Brice Mackosso ont fait le point sur les avancées de la plateforme PCQVP : la transparence fait maintenant partie du débat public ; l’EITI est une démarche volontaire à laquelle la plupart des pays dans le golfe de Guinée adhèrent ou souhaitent adhérer ; au Congo même, la réalisation d’audits par un cabinet externe et la publication de ces audits sur le site du gouvernement sont autant de progrès tangibles. Les recommandations que les deux représentants de PCQVP ont pu émettre portent principalement sur les blocages entre le gouvernement congolais et les représentants de la société civile à propos du décret sur la nomination du Comité et l’adoption d’un plan d’action concret de l’EITI au Congo.

Christian Mounzéo et Brice Mackosso ont suggéré que les rencontres entre leurs pays et la France dépassent le niveau des chefs d’État et s’établissent à tous les niveaux pour rechercher au mieux tous les moyens d’alléger le sort des quatre millions de Congolais dont 70 % vivent en dessous du seuil de pauvreté.

Emmanuelle Dethomas

www.secours-catholique.asso.fr

NDLR : Il est indubitable que certains progrès se font jour au Congo et tout particulièrement en ce qui concerne la communication. Les journalistes s’expriment librement et surtout, leurs articles font de plus en plus souvent l’objet de réponses circonstanciées de la part de représentants du pouvoir. Les médias d’Etat eux même se font critiques. Jusqu’aux très orthodoxes "Dépèches de Brazzaville" qui révisent leurs papiers de griots pour coller aux positions présidentielles beaucoup moins autosatisfaites que par le passé.

Sans doute est-il encore trop tôt pour parler de normalisation, mais il ne fait aucun doute que les libertés progressent tout en restant fragiles (il est évident que ça ne plait pas à tout le monde).

La liberté d’expression peut-elle aider au progrès social dans ce pays toujours victime de son oligarchie ? Seul le temps apportera une réponse à cette question. Encore faudra-t-il que ceux qui accaparent toutes les richesses acceptent de partager.

La composition du prochain gouvernement Sassou, qui sera issu des élections législatives (dont on ne connaît toujours pas la date du second tour), nous donnera sans doute quelques éléments pour estimer si l’ouverture du chemin du progrès social est vraiment à l’ordre du jour.

Y.S.

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