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Main basse sur les fonds destinés aux femmes entrepreneurs ?

La Semaine Africaine (Brazzaville), 7 Novembre 2002.
Depuis le 29 octobre 2002, le Bureau pour le renforcement des capacités des femmes-Training et le ministère des P.m.e (Petites et moyennes entreprises), chargé de l’artisanat, sont à couteaux tirés. Et pour cause, le ministre des P.m.e, Emile Mabonzo, a demandé à Marguerite Homb, coordonnatrice de Training, de reverser au ministère, les 50 millions de F Cfa accordés l’année dernière au projet de renforcement des capacités des femmes en matière d’entreprise. Samedi 2 novembre dernier, Training a organisé une assemblée générale de ses membres, sous le patronage de Mme Marguerite Homb, au sujet de la décision du ministre des P.m.e. Les femmes ont exprimé leur indignation face à l’attitude du ministre Emile Mabonzo.

Parce qu’elle n’a pas ob-tempéré aux injonc-tions de son ministre, pour des causes bien évidentes, Mme Marguerite Homb a été menacée d’être relevée de son poste de directrice générale du C.f.e (Centre de formalité des entreprises). Une mesure arbitraire qui montre qu’au Congo, les cadres intègres finissent souvent par être humiliées.

Que se passe-t-il en réalité entre le ministère des P.m.e et Training ? Le 24 octobre 2001, Training a reçu 50 millions de F Cfa, provenant de la P.i.d (Provision pour investissements diversifiés), pour soutenir l’entreprenariat féminin. Training a été choisi, comme structure d’appui spécialisée, pour gérer le financement des projets présentés par les femmes micro-entrepreneurs. Pour permettre la réalisation de la mission qui lui a été confiée, le comité de pilotage avait mis à la disposition du bureau de Training une ligne de crédit de 30 millions F.Cfa, placée dans son compte à la Mucodec.

Pour éviter la mauvaise gestion des crédits octroyés aux femmes micro-entrepreneurs, une étape préliminaire avait été montée. Il s’agit de la formation des futures bénéficiaires. Ce travail s’exécute depuis 2001.

C’est ainsi que le Bureau training a mis en place une structure spécialisée dénommée « Mieux entreprendre », qui est un dispositif d’appui aux femmes micro-entrepreneurs.

Pendant deux ans, Training a écouté, dialogué, étudié le milieu, organisé plusieurs réunions d’information et de sensibilisation, ainsi que des formations en faveur des futures bénéficiaires des crédits, à Brazzaville, Dolisie et à Pointe-Noire. Cela a permis à Training de déceler les priorités des femmes.

Face à ces priorités, Mme Marguerite Homb et son staff avaient mis en place trois instruments d’appui : technique, financier et l’appui à l’assistance.

A propos de l’appui technique Training a pu réaliser : les ateliers d’élaboration de projets porteurs par le groupe cible après présélection, lors des visites sur le terrain de l’activité identifiée ; les ateliers de formation en management. Le projet de centre de formation professionnelle en partenariat avec la Chambre de commerce de Pointe-Noire dans le secteur de l’artisanat.

Concernant l’appui financier, il y a eu le financement des projets porteurs sélectionnés par Training et financés par son dispositif financier à savoir le fonds Training d’investissement. Au niveau de l’assistance, les femmes bénéficieront de l’assurance maladie par la Mutuelle des femmes entrepreneurs (Musafe) en partenariat avec l’Ong « Médecins d’Afrique » soutenue par la Coopération française.

Ajoutons que l’appui financier a bénéficié aussi de la garantie des prêts ou des crédits fournisseurs (à octroyer aux femmes commerçantes) offerte par un autre dispositif de Training à savoir la Mutuelle des cautions de femmes entrepreneurs (Mucafe). C’est la mise en oeuvre de cette dernière (Mucafe) qui a mis le feu aux poudres. 113 femmes commerçantes, après leur formation, avaient déposé des cautions jusqu’à hauteur d’une somme globale de 25 millions F.Cfa, pour passer une commande de poisson salé (40 tonnes) en Norvège. Commande agréée par le fournisseur et prête à être envoyée à Pointe-Noire, dès versements des fonds.

L’octroi des crédits faisant partie de la deuxième étape de la convention de financement, Training a donc saisi le comité de pilotage pour décaisser les fonds nécessaires à l’acquisition des 40 tonnes de poisson salé. Cela a irrité le ministre des P.m.e et de l’artisanat qui pense que, après un an, aucun projet n’a été financé et que les 50 millions F.Cfa et les intérêts produits doivent immédiatement revenir au ministère.

C’est bien regrettable qu’au Congo, on n’aime pas ce qui marche. Mais, les femmes tiennent mordicus : il n’est pas question de donner cet argent au fonctionnement du ministère.

Justin-Ducker Mambiki,
Brazzaville

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