Le samedi 17 juin 2006, Lionel Sanz, plus connu sur Congopage sous son nom de plume de Ya Sanza, a convolé en justes noces avec mademoiselle Pascale Sima (Nana). Mariage apocalyptique, s’il en est, comme vous allez vous en rendre compte.
Revivant l’histoire de l’aveugle et du paralytique, la
fiancée était blessée, la veille, à l’œil droit par la maladresse d’un invité qui lui écorchait la cornée avec sa carte d’invitation. Le matin de la cérémonie, le fiancé était atteint d’un herpès à l’œil gauche. Serait-ce l’amour qui faisait dès lors de deux individus une seule vision complète, ou juste le témoignage d’un mauvais présage ?
La fiancée se prends alors à coiffer son promis, la tondeuse lui grille entre les doigts.
La cérémonie est prévue à 10h30 avec convocation à 10heures. Mais à l’heure dite de maire, foin. Imaginez sept couples, des centaines d’invités, filles et garçons d’honneur, témoins de mariages abandonnés à leur attente sans aucune disposition de convivialité, et pour cause, les toilettes sont bouclées à double tour. On apprend que monsieur le maire est porté
disparu car il serait reçu en audience par le ministre de l’Economie Forestière et de l’Environnement Henri Djombo. Tout simplement ridicule, après trente jours de publication de bans et un programme établi par le maire en personne.
Ce n’est qu’à 11h45 que l’édile franchit enfin les grilles de la commune pour commencer un marathon de six mariages à la suite. N’est-ce pas la une vacherie faite aux candidats à ces moments solennels et intimes ? Mais pour autant le couple Sanza n ‘est pas sorti de l’auberge ! Après les six à la suite, le maire s’engouffre dans son Prado pour aller célébrer d’autres unions à la mairie centrale.
Sanglé dans son costume nœud papillon dans lequel il suffoque, Ya Sanza se prend de gueule avec un agent municipal qui prétexte avec maladresse le retard des mariés aux précédentes cérémonies pour excuser le retard de celle que Ya Sanza et Nana attendent avec une impatience compréhensible.
Le pauvre Ya Sanza, assis sur les marches de la mairie, la mariée dans le bureau du maire et les témoins sur le balcon grillant cigarette sur cigarette tel le père attendant dans le couloir de la maternité. Voilà le déplorable tableau que la noce qui aurait du être le plus beau jour de la vie de Nana offrait à tout le quartier Mvoumvou quand enfin à 14h30 le maire arrive
en catastrophe expliquant que s’il fait passer cette union en dernier c’est parce que c’est celle qui lui tient le plus à cœur, la belle affaire pour ceux qui se morfondent depuis quatre heures et demie.
Finalement la cérémonie est expédiée en un quart d’heure pour le plus grand soulagement des présents qui ne rêvent que de se vider la vessie et de boire un coup bien mérité.
Le cortège s’ébranle pour le domicile des nouveaux époux, dans la méchante ruelle qui mène à leur nid d’amour, tous les véhicules passent sans problème, sauf le leur qui s’ensable jusqu’à l’essieu.
La fête peut enfin commencer, ce serait sans compter avec notre chère Société Nationale d’Electricité qui juge le moment opportun pour effectuer un délestage sur le quartier de Songolo. Le groupe électrogène se met à genoux comme s’il n’avait pu attendre un jour ou deux, mais le courant revient avec une vigueur telle qu’on ne lui avait pas connu depuis longtemps, grillant le tableau de distribution, les deux télés du couple et les fusibles de Ya Sanza au bord de la crise de rage.
Un invité parvient à faire un bricolage pour redonner un peu de lumière pendant que Kaly Djatou, Achille Mouebo et Ya Sanza improvisent un concert impromptu.
La nuit est noire quand enfin on peut passer à table pour un repas pantagruélique couronné par la dégustation d’une pièce montée à trois étages.
Le croirez vous, personne après une telle épreuve n’a le goût de finir la fête en boite. Espérons que cette journée d’enfer a rassemblé la totalité des malheurs qui frapperont le couple et que désormais ils ne connaîtront que du bonheur, c’est en tout cas ce que nous lui souhaitons.
