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Message de Sassou à la Nation

Mes chers compatriotes,

La transition, parenthèse historique de la marche du Congo vers la quête de son destin, s’achève bientôt. Dans la paix, l’unité et la concorde, comme nous l’avons voulu.

Le 20 janvier 2002, le peuple congolais reprendra le chemin des urnes pour dire sa volonté. En toute liberté, car c’est le choix que nous avons fait.

Le 20 janvier prochain, je vous invite à donner au monde la leçon de notre mûrissement intérieur, de notre pondération, de notre maturité.

Il y a dans notre pays une attente très forte de la démocratie. Une attente, à la fois impatiente et légitime, du droit au débat, à la transparence, à l’information. L’attente d’une démocratie d’opinion, moderne et responsable. L’attente des instruments d’une réelle participation citoyenne aux choix qui engagent notre destin collectif.

Les balises sont désormais installées et le chemin est désormais tracé. Dans une ligne droite qui doit à présent nous conduire aux élections générales.

Je voudrais vous assurer que tout sera mis en œuvre pour que le calendrier rendu public soit respecté, et que les différents scrutins se déroulent dans la transparence et la sécurité.

Dois-je vous rappeler qu’à l’issue du Dialogue national, que nous avons voulu sans exclusive et qui s’est tenu avec succès, en avril dernier, nous avions de commun accord décidé qu’il fallait que la relance du processus démocratique commence par le commencement, c’est à dire par le Referendum constitutionnel.

Optimistes face au dévouement des équipes qui s’attelaient aux tâches du recensement des populations, nous avons alors cru que les conditions seraient vite réunies et que, avant la fin de l’année 2001, le peuple souverain pourrait se prononcer sur la nouvelle constitution.

Aujourd’hui, chacun peut faire le constat d’un travail fort appréciable, accompli par le Ministère de l’Intérieur. Mais l’ardent désir de bien faire et le souci du consensus, encouragés par la volonté générale qui s’est clairement exprimée ces derniers temps, ont amené le Gouvernement à considérer l’échéance et à reculer la date de quelques semaines. Afin de parfaire les opérations préliminaires aux scrutins qui se succéderont.

Ainsi, une chance supplémentaire est donnée au plus grand nombre de figurer sur les listes électorales, de disposer de cartes d’électeur et d’exercer, le moment venu, le plus sacré des actes citoyens : voter.

Mes chers compatriotes,
Il y a tout juste quatre ans, le 15 octobre 1997, - certains semblent déjà l’oublier- le Congo émergeait exsangue d’une guerre fratricide d’une rare violence, imposée par des dirigeants indignes, qui prirent la fuite pour échapper à la justice du peuple. Cette guerre a coûté la vie à des dizaines de milliers de nos concitoyens, de nos frères et sœurs.

Il y a tout juste quatre ans, lorsque enfin les armes se sont tues, le Congo, notre beau pays, spolié dans son âme et livré à l’anarchie des milices, n’était plus qu’un champs de ruines. Ruines matérielles et économiques, ruines culturelles et morales, ruines dans les esprits et dans les cœurs.

Rien n’avait été épargné et le marasme était général. : une complète table rase financière, une administration en totale déliquescence, des écoles fermées, des hôpitaux abandonnés, des routes défoncées, le tissus social dépecé, l’Etat lui-même démoli dans ses compartiments : plus d’armée, plus de police, plus de gendarmerie !

Brazzaville, notre verdoyante capitale, qui avait été le théâtre principal de cette tragédie, symbolisait la destruction et la déchéance de notre pays, avec des rues jonchées de gravats, des murs criblés de balles, des immeubles éventrés, des voitures calcinées et des trous béants creusés par les bombes au cœur de son centre historique.

Ici et là, des tombes improvisées en pleine zone d’habitation répandaient dangereusement des épidémies que le premier Gouvernement d’union national et de salut public dut endiguer en toute priorité. Dans une ville sans eau potable et sans électricité.

Si je me permets, ce soir, d’évoquer avec instance ces douloureux événements, c’est pour mieux cristalliser le souvenir et rappeler à tous notre devoir de mémoire.

Aujourd’hui, certes, des problèmes subsistent, et trop de familles, trop de ménages demeurent confrontés aux affres de l’après-guerre. Mais nous avons le bonheur de vivre dans un pays en paix. Un pays où chacun peut aller et venir librement. D’une région à une autre, de jour comme de nuit, sur l’ensemble du territoire national.

Dès la fin de la guerre, le Gouvernement a mis en œuvre un programme d’urgence et négocié deux programmes post-conflit, qui ont permis le rétablissement rapide des équilibres macro-économiques et l’assainissement des finances de l’Etat. Ce qui a rendu possibles des réalisations aussi importantes que :

 le dragage du port autonome et la modernisation de l’aéroport de Ponte-Noire ;
 la réouverture du chemin de fer Congo-Océan ;

 la réhabilitation des principaux immeubles et la modernisation des plus grandes artères de la capitale ;

 la réhabilitation du stade omnisports Massamba Débat ;

 le lancement des travaux de construction de la Maison de la Radio et du siège du Ministère des Affaires Etrangères ;

 le lancement des travaux du port de Lékéty et de l’aéroport d’Ollombo ;
 la réhabilitation des structures sanitaires dans les grandes zones d’habitation ;

 la mise en chantier de divers tronçons routiers ;

Depuis novembre 1999, date de la signature des premiers accords de cessez-le feu et de cessation des hostilités, le paiement des salaires dans la Fonction publique n’a jamais cessé d’être régulier.

Sur la scène internationale, le Congo a renoué avec les grandes puissances et la plupart de ses partenaires bilatéraux et multilatéraux. C’est ainsi que d’importants accords ont été signés avec les Institutions financières de Bretton Woods.

Partout où il a été sollicité pour apporter sa contribution, sur des questions aussi vitales que l’organisation de la nouvelle Union Africaine ou l’accélération du processus d’intégration sous régionale en Afrique Centrale, notre pays a toujours été présent et a toujours su faire entendre sa voix.

Mes chers compatriotes,

En réalité, la normalisation est là ! Il ne dépend plus que nous-même, de notre ardeur au travail et de notre acharnement à l’effort, de notre pugnacité dans un monde livré à une concurrence sans merci, pour que le Congo, qui nous est si cher et qui se trouve aujourd’hui à la croisée des chemins, rayonne de nouveau dans le concert universel des Nations libres.

L’avenir de notre pays se façonne maintenant, et j’ai confiance en notre peuple. Je suis convaincu qu’il agira avec sagesse et lucidité, qu’il abordera en toute sérénité le tournant que nous amorçons ce soir et dans lequel nous avons fondé notre espoir de renouveau.

Puisse l’année électorale 2002, dont je salue l’avènement, permettre au Congo de se réconcilier avec ses valeurs séculaires : la fraternité et la solidarité !

Puisse cette année nouvelle, apporter à chacune de nos familles paix, bonheur et prospérité !

Vive le Congo !

Vive la République !

Bonne et heureuse Année à tous !

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