Ce pays marche sur la tête.
Barbara Morel, alias Miss nationale 2011 (France), se rendra au Congo-Brazzaville sur invitation du ministre de la culture. L’information vient du Parisien.fr (21.02.2011) . Barbara Morel, apprend-on, se rendra à Brazzaville « tous frais payés ».
Le montant du cachet empoché par ce nec plus ultra de la beauté hexagonale cette année n’est pas indiqué. On peut néanmoins imaginer que ces cyniques du Chemin d’avenir qui ne regardent jamais à la dépense ont mis le paquet pour convaincre son imprésario.
« Mercredi, elle s’envole pour le Congo-Brazzaville afin d’assister en tant qu’invitée d’honneur à l’élection de Miss Congo. Le voyage est financé par le ministère de la Culture congolais. »
On se demande à quoi sert cette élection de Miss Congo dans un pays pauvre et très endetté !
Ce mercredi 23 février 2011, l’une des deux plus belles femmes de France 2011 (il y a deux miss France cette année) a dû déjà fouler le sol congolais. Son voyage, intégralement pris en charge par les Congolais, fait penser à l’image d’une "selle sur une vache" (Dostoievski). Ca fait incongru. Canon de la beauté féminine, Barbara Morel se rend dans un pays horrible dont le sous-sol est scandaleusement riche, la population extrêmement pauvre.
Epicuriens jusqu’à l’absurde
Les priorités de ce régime heurtent le bon sens. On trouve important d’organiser des élections de Miss alors que les populations vivent dans un océan de misère. Pire, quel est l’impact économique de cette invitation au Congo ?
Adeptes invétérés d’Epicure, les dirigeants de ce pays adorent les apparats et les artifices. Tout cela tient d’une morale appelée dans le jargon local « Lé dza, lé noua » (mangeons et buvons à satiété).
Où le bât blesse, au Congo, faire bombance est l’apanage d’une minorité qui a accès à 99% des richesses nationales. Pendant que les membres du clan Nguesso se goinfrent, la plèbe vit dans la disette. Témoin : cette vidéo visible sur ZENGA-MAMBU montrant un jeune Congolais réduit à chasser le chat de gouttière pour parvenir à manger à sa faim. Oui, vous avez bien lu : au Congo on mange la viande chat ! Triste scène symbolique d’une situation où les ménages ne savent plus à quel saint se vouer pour survivre.
Il va sans dire que Miss France, à son arrivée à Brazzaville, empruntera les sentiers battus de la propagande. Aucun risque que cette beauté ne touche de ses jolis doigts de fée cette misère ambiante. La ville n’a ni eau courante ni électricité. Point d’hôpitaux, point de routes. Pas d’écoles, pas d’internet. La Miss France, c’est Alice au pays des horreurs où règne Christelle Nguesso, "la belle au bois dormant" à qui son dictateur de géniteur vient d’offrir des hectares de notre forêt (voir article MWINDA).
On ne peut que déplorer l’appât du gain qui pousse les célébrités de ce monde d’enterrer leurs valeurs sous un amas d’indifférence. On pourrait croire que la charte des Miss France dissuaderait ce symbole de la beauté d’honorer la laideur incarnée par les dictatures principalement noires, en acceptant leurs invitations. C’est mal connaître le pouvoir de l’argent en ce bas monde. Souvenos-nous, l’amour des pierres précieuses poussa Naomi Campbell à se rendre au Libéria, pays dont le Président, un chef de guerre, avait du sang sur les mains.
Le chant du cygne
Au moment où ça chauffe en Libye, le régime de Brazzaville pense à faire la fête. Nos dictatures au Sud du Sahara se doutent peut-être que le printemps arabe va contaminer tout le continent noir. Dans ce cas il n’est pas interdit de considérer cet épicurisme congolais comme le chant du cygne* d’un régime qui ne sait pas de quoi sera fait le lendemain. Lé dza, lé noua : après-nous le déluge.
Le cygne est un oiseau qui esquisse son plus beau chant quand approche la mort. Le chant du cygne est un signe qui ne trompe pas.
