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Nico aux Congos

Sarkozy, commis voyageur du nucléaire français en Afrique

samedi 28 mars 2009 (13h16) Tribune de Genève

Nicolas Sarkozy a achevé hier à Niamey son quatrième voyage en Afrique depuis son élection. Visite brève et dominée par un souci qui aura aussi prévalu lors des deux précédentes étapes, à Kinshasa et à Brazzaville : préserver l’influence politique et les intérêts économiques de la France dans la région.

La République démocratique du Congo (RDC), le Congo-Brazzaville et le Niger ont en commun de recéler d’indispensables ressources minières et de constituer des terres d’élection pour quelques grandes sociétés industrielles françaises. Si la compétition est rude, elle ne leur est pas toujours défavorable, comme le démontrent les contrats importants signés au cours des derniers mois.

Investissements lourds

Au Congo-Brazzaville, Total demeure un interlocuteur des plus familiers du président Denis Sassou-Nguesso. Bolloré – un groupe dirigé par un proche du président Sarkozy – est également très présent : il réalise des investissements lourds à Pointe-Noire, le port en eau profonde le plus dynamique du golfe de Guinée.

En RDC, la visite du président français a coïncidé avec la signature d’un accord entre Areva, le numéro un mondial du nucléaire, et le gouvernement du président Joseph Kabila. Le groupe détient dorénavant le droit d’explorer et d’exploiter tous les gisements d’uranium qu’il découvrira.

L’uranium explique aussi l’étape nigérienne de Sarkozy : en janvier, Areva a arraché à la concurrence de la Chine et du Canada le droit d’exploiter la mine d’Imouraren, la deuxième du monde d’ici à 2012. Convention âprement discutée par le gouvernement de Niamey, qui a exigé une hausse de 50% du prix d’achat du minerai. Convention jugée exemplaire à Paris, en dépit des critiques des ONG contre la pollution et les risques sanitaires. Convention nécessaire à la sécurité énergétique de la France : une centrale sur trois dépend de l’uranium du Niger.


L’article de Chris Mbembe

Nicolas Sarkozy a fait une visite éclair dans les deux capitales les plus rapprochées du monde. Ce bref voyage, s’inscrit dans la continuité du nouveau modèle de relations franco-africaines.

Ce voyage était dénoncé par plusieurs ONG qui soutiennent que la Françafrique est belle et bien vivante en Afrique, les intérêts économiques priment sur les questions de démocratie et des droits de l’homme. L’on se souviendra des septennats calamiteux des présidents français, jalonnés par des séries d’erreurs en Afrique, par exemple, les cas du génocide rwandais et récemment l’impasse de la Côte-d’Ivoire sur laquelle la France a été très injuste. Cette même France s’engageait à défendre des « amis » dictateurs en Afrique. Le voyage de Nicolas Sarkozy va-t-il faire bouger les choses « Pour nous les élus du peuple, c’est le devoir de rendre des comptes à ceux qui nous ont fait confiance. » a-t-il déclaré à Kinshasa. Cette petite phrase a soulevé une salve d’applaudissements.

Nicolas Sarkozy a parlé notamment du conflit de la RDC. « Je connais l’histoire de cette Afrique des grands lacs y compris les blessures profondes et irrémédiables qui en résultent, des murs de méfiance et de haine (…) J’ai parfaitement conscience de vos inquiétudes, disons le mot, de votre colère. Je la comprends cette colère (…) Vat-on considérer que c’est une fatalité que vous ne puissiez jamais travailler ensemble. Je refuse cette fatalité. La première vérité que la souveraineté du Congo est inaliénable. La deuxième vérité, c’est que les peuples d’Afrique centrale ne changeront pas d’adresse. S’ils s’organisent en bon voisinage, les peuples d’Afrique vivront riches et en paix, si c’est la loi du plus fort, les peuples d’Afrique centrale resteront pauvres et malheureux. Cette vérité, elle est incontournable (…) »

A Brazzaville, Nicolas Sarkozy a eu un long entretien avec Sassou Nguesso, puis il a prononcé une allocution devant les députés et sénateurs congolais, avant de recevoir à l’Olympic palace une délégation de l’opposition congolaise composée de Guy-Romain Kinfoussia, Pascal Tsaty Mabiala, Clément Mierassa et Jean-Paul Bouity.

« Dans ce monde qui se dessine, notre relation étroite offre un atout pour l’avenir. Il nous faut définir, ensemble, les termes d’une proximité, d’une familiarité renouvelée. Je voudrais que nous nous débarrassions des pesanteurs du passé dont souffre, aujourd’hui, notre relation et qui alimentent, trop souvent, méfiance et soupçons (…) Je veux conférer à cette relation ancienne et fraternelle, une légitimité nouvelle. Cette relation privilégiée doit susciter une adhésion partagée, pas seulement des gouvernants, mais de nouveaux acteurs qui sont les sociétés civiles. » A-t-il souligné.

S’agissant des élections, le président français a dit que la France n’a pas à prendre partie dans une élection, qu’elle soit provinciale, présidentielle ou législative. « La France dans aucun pays, ne soutient un candidat et la France travaillera la main dans la main avec le président que les Congolais choisiront. Je ne suis pas venu, ni ici, ni ailleurs et à quel titre, pour me mêler des affaires intérieures d’un pays souverain. Mes compatriotes ne le comprendront pas et les Africains ne l’accepteront pas. Il est, donc, plus que temps de sortir des malentendus, des procès d’intention qui minent, depuis des années et des années, la qualité du dialogue entre la France et l’Afrique. »

Le locataire de l’Elysée est conscient que la démocratie est un processus qui a ses étapes, ses freins : « Pour que la démocratie apporte la paix, la stabilité et le développement auxquels les Congolais aspirent, il me semble essentiel que ce consensus continue à progresser  » a-t-il dit.
« Grâce au président Denis Sassou Nguesso, le Congo a retrouvé la stabilité et la sécurité. Brazzaville reconstruite, Brazzaville apaisée. C’est dire que la bataille de la paix, vous l’aviez gagnée. Ne vous arrêter pas en chemin ; il faut gagner toutes les autres et le chemin est encore long. » A-t-il fait remarquer aux parlementaires congolais.

Le président français a dit un certain nombre des choses au président congolais, Denis Sassou Nguesso « Il faut des élections sereines et transparentes » et aux représentants de l’opposition « Ne soyez pas maximalistes, participez à ces élections, parce que le pays comme le Congo Brazzaville à besoin de tout le monde. »

Il faut souligner que Nicolas Zarkozy était accompagné des ministres Christine Lagarde, de l’Economie, Brice Hortefeux, du Travail, des secrétaires d’Etat, Rama Yade, chargée des Droits de l’homme et Alain Joyandet, chargé de la Coopération et de la Francophonie, des représentants des plusieurs grandes entreprises ainsi que des sénateurs.
Rupture avec le passé, tel peut se résumer le voyage de Nicolas Sarkozy en Afrique.


ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Dîner offert par M. Denis SASSOU NGUESSO Président de la République du Congo

Brazzaville - Jeudi 26 mars 2009

Monsieur le Président de la République du Congo, cher Denis,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Premier Ministre,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Monsieur le Député-maire de Brazzaville,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,

Merci à tous les Congolais, tous les Brazzavillois pour leur accueil si chaleureux. Je suis heureux d’être ici, dans cette ville chère au cœur des Français.

Le Président SASSOU l’a évoquée, l’épopée de SAVORGNAN DE BRAZZA, cet explorateur, cet aventurier à la fois visionnaire et humaniste, dont votre ville a gardé le nom.
Il est le symbole et le modèle de l’ouverture, de la compréhension et du pacifisme, il s’est opposé aux humiliations et aux violences qui ont trop longtemps accompagné la colonisation.
Inspiré par ces valeurs, Pierre SAVORGNAN DE BRAZZA a écrit les premières pages de la rencontre entre la France et le Congo. Il a écrit les premières pages de notre amitié.
Brazzaville évoque bien sûr d’autres moments de notre histoire commune.
Brazzaville a été le point de départ de l’épopée qui a permis la libération de la France. Comment ne pas évoquer bien sûr le Général DE GAULLE, venu à ma connaissance sept fois entre 1940 et 1944. Il est revenu après, mais dans cette période charnière, il est venu sept fois. Mais permettez-moi également d’évoquer un autre nom, celui de Félix EBOUE, gouverneur noir de l’Afrique Équatoriale Française.
C’est un nom qui fait honneur à l’Afrique.
La France n’oublie pas le rôle joué par ce qui constituait alors l’empire _ colonial Français pour la libération de son territoire.
L’Afrique n’oublie pas non plus que Brazzaville a accueilli en 1944 la conférence qui a ouvert la voie de l’émancipation des colonies Françaises.

Monsieur le Président,
Il y aurait encore beaucoup à dire sur le rôle de Brazzaville et la place singulière qu’occupe le Congo dans les relations entre la France et l’Afrique.
Discours du Général de Gaulle d’août 1958 : La reconnaissance du droit à l’indépendance des peuples d’Afrique.

L’histoire est donc importante dans notre relation mais cette relation n’appartient pas seulement à l’histoire. Notre relation ne se raconte pas seulement au passé. Je ne veux pas que chaque fois que quelqu’un vient à Brazzaville, il n’évoque que le passé, c’est l’avenir qui compte. Le Congo est un pays jeune, sa population est jeune. Commémorer le passé, cela compte, mais moi je pense que trop souvent on a commémoré le passé parce qu’on n’avait plus rien à dire sur l’avenir. Je demande qu’on réfléchisse à cela. Ce n’est pas trahir le passé que d’évoquer l’avenir. Mais le passé glorieux entre nos deux pays, parce qu’il a été construit par un visionnaire, à nous de faire de la relation FrancoCongolaise une étape vers la construction d’un futur commun.

La France est le premier investisseur dans votre pays. Elle en est fière car les entreprises Françaises veulent investir au Congo. Elles sont un acteur essentiel du développement et de la croissance.
Les forages de Total, premier producteur de pétrole, les chantiers routiers et d’électrification de Vinci et de Bouygues, les projets d’équipements portuaires du groupe BOLLORE amélioreront les performances économiques du Congo. D’autres opérateurs Français sont prêts à investir dans votre pays. Nous ne demandons aucun passe-droit. _ Mais nous voulons que vous nous fassiez confiance, à notre compétence, à notre dynamisme. Nous voulons investir pour longtemps au Congo Brazzaville.

Monsieur le Président,
Les priorités que vous avez retenues pour votre pays concernent des défis majeurs.
Au travers de l’annulation de la dette extérieure du Congo, c’est toute la question de la croissance économique et du développement du Congo qui est en jeu. La France vous appuiera totalement, et je suis déterminé à plaider la cause du Congo et à valoriser les réformes entreprises et les engagements que vous avez pris.

Ces annulations de dettes permettront que de nouvelles ressources soient mises à la disposition du développement du Congo pour le mieux-être de sa population.

Vous avez des ressources pétrolières un potentiel agricole, forestier, minier, la réussite ne peut être qu’au rendez-vous et le peuple Congolais devrait pouvoir en sentir les bénéfices.

Nous avons toutes les raisons de croire en l’avenir de votre pays. Je ne considère pas que l’aide de la France au Congo relève de la charité. L’aide de la France au Congo, c’est un investissement dans un pays en l’avenir duquel nous croyons.

À travers la signature du nouveau Document Cadre de Partenariat en mai 2008, dont Cher Denis tu as parlé, c’est le thème d’une coopération responsable que nos deux pays ont mis en place. Coopération responsable car répondant mieux aux besoins Congolais, une coopération plus efficace, près de 200 millions d’euros.

Comme l’a souhaité le Président, l’accent est mis sur les infrastructures, permettant d’assurer une meilleure mobilisation des ressources propres du Congo.

Priorité à l’environnement, à la préservation des forêts du bassin du Congo. L’Afrique centrale dispose d’une richesse qui constitue un trésor pour l’Humanité.
Vous avez vous-même organisé le forum mondial du développement durable à Brazzaville, il y a un an.

Notre action commune dans ce domaine doit être un modèle.

Monsieur le Président,
Je ne saurais terminer ce toast sans évoquer l’actualité Congolaise sur laquelle tant les journalistes que les Congolais de France ou les amis du Congo ont voulu me prendre à témoin.

Le Congo a connu et connaît toujours de nombreuses mutations qui reflètent celles de l’Afrique toute entière mais qui s’en singularisent par la passion qui anime souvent les Congolais. Remarquez, en matière de passion la France… C’est pour cela que j’en parle !

Disons les choses comme elles sont, votre pays a connu le parti unique, votre pays a connu les coups d’État. Il a connu, comme d’autres, une Conférence Nationale Souveraine suivie d’élections libres dont, Monsieur le Président, vous avez loyalement accepté le verdict démocratique. Ce n’était pas plaisant, je ne connais personne qui pense que c’est plaisant de perdre des élections. Un Chef d’État qui accepte le verdict des urnes, en 1991 c’est quelque chose qui compte, spécialement sur ce continent. Et ce n’est pas si fréquent.

Mais votre pays a aussi connu des guerres, des guerres civiles – trois – mais aussi, il a connu à votre initiative, Monsieur le Président, le dialogue, la réconciliation et, j’ose le mot, l’amnistie.

2009 est une année particulière pour le Congo : pour la troisième fois, les Congolais seront invités à choisir leur Président. Vous savez combien il est important pour vos compatriotes, pour vos voisins et vos partenaires que le processus électoral se déroule dans la sérénité et la transparence.

Rien ne serait pire qu’un réveil, même très partiel, des vieux démons de la violence politique. Je l’ai dit à tous mes interlocuteurs au Congo. Aimer le Congo, c’est dire à chacun que vous avez besoin de tous vos enfants, de tous vos talents et que personne ne prenne le risque de ranimer ce que Monsieur le Président vous avez eu tant de mal à ramener : la stabilité et la sécurité.

Comme d’autres, mais avec leur spécificité et leur identité, les Congolais aspirent poursuivre leur assignement de la démocratie. Je dis bien les Congolais car je ne considère pas que la démocratie et moins encore les droits de l’homme, soient des valeurs étrangères à l’Afrique.

Ils répondent aux aspirations profondes des peuples Africains comme de tous les autres peuples. Tu sais Denis, nous en Europe, on a bien connu cela, le nombre de gens qui nous expliquaient, à l’époque du rideau de fer, que la démocratie ce n’était pas pour les Russes, c’était pour l’Europe de l’Ouest mais pas pour l’Europe de l’Est. Ils ont disparu ceux qui disaient cela, parce que la démocratie elle est aujourd’hui de l’autre côté de ce qu’était le rideau de fer, qui a disparu. C’est une aspiration naturelle sur tous les continents et de tous les peuples. Ce n’est pas une espèce de manie occidentale que l’on voudrait vous imposer. C’est une aspiration naturelle des peuples Africains comme de tous les autres.
En Afrique même, ces aspirations ont déjà été d’ailleurs le moteur et le puissant ressort des luttes réussies.

J’ai simplement voulu partager ma conviction personnelle et profonde que l’enracinement de la démocratie est, au Congo comme ailleurs, la meilleure garantie de la paix et de la bonne gouvernance.

Il n’y a aucune leçon à donner, il y a simplement un témoignage que la démocratie, c’est très difficile à obtenir, c’est très difficile à installer. Je vous assure, quand on l’a obtenu, quand on l’a installé, c’est très difficile à vivre. Mais malgré toutes les difficultés, on n’a pas inventé un meilleur système, ni ici, ni ailleurs.
Monsieur le Président, Cher Denis,

Même si cette année 2009 a commencé bien cruellement pour vous et votre famille, bien cruellement, et croyez bien que tous les Congolais bien sûr partagent votre peine, mais qu’au-delà, tous vos amis ont pris part à cette peine, à ce chagrin, irremplaçable, implacable de perdre un enfant, quelque soit son âge et quelque soient les conditions.
Permettez, Monsieur le Président, Cher Denis, que je lève mon verre à mon tour, au bonheur de votre famille si durement éprouvée, à votre santé, à celle de votre épouse. Je lève mon verre au succès de vos actions et au succès du Congo.

Pour le bonheur et la prospérité de tous les Congolais sans aucune exception.
Je vous remercie.


Discours du Président Nicolas SARKOZYDevant le Parlement de République Démocratique du Congo réunis en Congrès

Kinshasa - Jeudi 26 mars 2009

Messieurs les Présidents,
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Mesdames et Messieurs,
Et si vous me le permettez, Chers amis,

L’histoire est jalonnée de périodes charnières où d’immenses bouleversements ont mis les hommes à l’épreuve. Par faiblesse, ils ont pu se résigner à leurs malheurs et leurs démons. Mais quand ils étaient convaincus qu’en renonçant ils se condamnent, ils ont trouvé la force de changer leur destin et construire un avenir meilleur.

Le monde vit aujourd’hui l’une de ces périodes charnières. Nous ne pourrons pas refaire demain ce que nous avons fait hier. Si l’on ne veut plus souffrir des ravages de la crise économique actuelle, nous devrons changer les règles du capitalisme mondial. Si nous voulons écarter la menace du réchauffement climatique qui pèse sur notre avenir et celui de nos enfants, nous devrons changer radicalement nos habitudes. Si nous voulons que les exploités d’aujourd’hui se libèrent demain de leurs chaînes, nous devrons construire un monde juste.

L’Afrique aussi se trouve à un tournant. Car l’Afrique, on ne le dira jamais assez, n’est pas un continent à part, détaché des autres, enfermé dans je ne sais quel isolement. L’Afrique bat au même rythme que le reste du monde.

Et le cœur de l’Afrique, il bat ici, en République Démocratique du Congo !
Et le Congo, plus encore que les autres Nations d’Afrique et du monde, a lui aussi rendez-vous avec son destin. J’ai conscience de la gravité du moment. Car je suis convaincu qu’aujourd’hui, dans cette région d’Afrique centrale, l’heure est venue d’écrire un nouveau chapitre de son histoire.

C’est donc avec une grande émotion et un profond respect que je m’adresse à vous, les Représentants de la Nation Congolaise.
Je ne vous cacherai pas que c’est aussi pour moi un immense plaisir. Dès mon élection à la présidence de la République Française, j’ai souhaité venir vous rencontrer.

Car je ne suis pas venu saluer un pays comme les autres. Je suis venu saluer un pays que la France porte dans son cœur.
Je suis venu saluer un géant !
Votre Nation fut trop longtemps privée de son droit sacré à décider par elle-même, et pour elle-même.

Votre histoire fut celle de la colonisation, avec son cortège d’humiliations et de douleurs. Soumis au joug colonial, vous ne pourriez être maîtres de votre destin.
Alors vint la lutte pour l’indépendance, dont vous célébrerez l’année prochaine le 50è anniversaire. Il y eut des combats difficiles et violents. Ils firent un martyr, Patrice LUMUMBA.

Vous pensiez alors tenir les rênes de votre avenir.
Et ce fut un régime baroque et autoritaire que les prit. Il faut dire aussi qu’à la faveur, fût-ce pour un temps, d’une économique prospère, il forgea dans le cœur des Zaïrois la conviction qu’ils pouvaient s’élever vers les sommets.

Pour autant, le jeu des grandes puissances fit très vite au Zaïre un pion sur l’échiquier de la Guerre Froide. Ce n’était pas votre communauté que vous serviez, mais les puissances étrangères qui se servaient de vous dans le combat entre les deux blocs. A nouveau, vos intérêts passaient après, bien après, ceux des autres.

Puis la région sombra dans les ténèbres. Celles de l’innommable génocide Rwandais. Celles de dix longues années de guerres injustes et d’agressions étrangères que nourrissaient des appétits féroces et des haines profondes.
Une fois encore, votre Nation semblait malade de l’étranger.

Mais il est vrai de dire aussi que des maux intérieurs la rongeaient, la division entre Congolais, le pillage intérieur ou la gabegie. Comme si une immense paralysie l’avait saisi, le Congo ne savait plus réagir.

Les Congolais ont trop souffert. Nous ne pouvons plus l’accepter car leurs douleurs sont aussi nos douleurs.
Votre souveraineté ne peut plus être bafouée, comme elle le fut trop souvent.
Vos richesses ne peuvent plus être exploitées dans la plus grande illégalité. La division ne doit plus vous opposer.

Si l’on refuse le confort du renoncement, il n’y a jamais de fatalité. L’heure du Congo doit sonner.
Ce doit être l’heure de la réconciliation,
Ce doit être l’heure de la reconstruction,
Ce doit être l’heure de la renaissance Congolaise !

Vous m’aurez compris, la France l’espère, la France l’attend. Cette renaissance est possible. Elle ne dépend que de vous. Patrice LUMUMBA vous a dit : "tu feras du Congo une nation libre et heureuse, au centre de cette gigantesque Afrique Noire" .

La force du Congo, c’est son âme. L’âme du Congo, c’est son patriotisme.
Quel autre pays présente une telle diversité ethnique, une telle mosaïque de communautés, une telle richesse de cultures et de traditions ?

Et comment ne pas être frappé par sa dimension continentale, cette immensité qui fait que les hommes vivent éloignés les uns des autres ?

Pourtant, en dépit de vos différences, au-delà des distances qui vous séparent, vous êtes unis par le sentiment d’appartenir à une même Nation.

A Kinshasa, à Kisangani, à Goma, à Lubumbashi, du Nord au Sud, d’Est en Ouest, vous partagez tous le même amour de votre Patrie.
Mais posons-nous la question : cela veut dire quoi, aimer sa Patrie ?
Certains disent que c’est le repli sur soi parce que c’est le meilleur moyen de se protéger. Ils croient que l’étranger est le seul responsable de tous les maux. Ils prétendent que pour défendre les intérêts de la Nation, il faut dénoncer les intentions cachées de l’étranger, nécessairement malveillant.

Ceux qui disent cela croient servir leur pays. Ils ont tort.

Quand on aime sa Patrie, on ne peut que s’ouvrir à l’autre car, l’on sait qui on est. Et toute votre histoire démontre - qui peut dire le contraire ? - que vous êtes un peuple ô combien généreux, une terre d’asile et d’accueil.
Quand on aime sa Patrie, on se pose constamment cette question : suis-je en train de servir les intérêts de mon pays ? Que puis-je donner pour lui ?

Ce patriotisme-là est une force.
Parce que vous partagez le même amour de votre pays, vous pouvez puiser la force nécessaire à son redressement.
Et parce que vous êtes le géant au cœur de l’Afrique, vous pouvez aussi changer la face de la région toute entière.

Car la vocation du Congo n’est pas d’être le maillon faible de l’Afrique centrale, mais sa colonne vertébrale,
Ce n’est pas d’être la source des crises de la région, mais la puissance garante de sa stabilité,
Ce n’est pas d’être un pôle de sous-développement, mais la puissance garante de sa stabilité,
Ce n’est pas d’être un pôle de sous-développement, mais la locomotive de toute l’économie régionale,

Sa vocation n’est pas d’être le grand absent du concert des Nations, mais un acteur de poids en Afrique, à l’ONU, à l’OMC, dans la Francophonie et bien ailleurs.
L’Afrique et le monde ont besoin de vous. Alors ce que veut la France, c’est que le Congo puisse enfin répondre à toutes les espérances qu’il porte en lui !

Je ne suis certainement pas venu vous dire ce qu’il faut faire. Je n’ai aucune leçon à donner. L’Afrique a trop souffert d’un moralisme arrogant. J’ai trop de respect pour la souveraineté de votre Nation.

Ma responsabilité, c’est de défendre les intérêts de la France. Voilà pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui, d’État à État. Or l’intérêt de la France, c’est justement de voir un Congo fort, uni et debout. Car la faiblesse du Congo veut dire l’instabilité de l’Afrique ce sera l’insécurité de l’Europe.

Bien sûr, je n’ignore pas l’ampleur des obstacles, la puissance des intérêts égoïstes et le prix des sacrifices à payer.
Est-ce une raison suffisante pour baisser les bras ? Non ! Le Général De GAULLE disait : "les exigences d’un grand peuple sont à l’échelle de ses malheurs".

Si les Congolais se réconcilient pour souder leur cohésion nationale,
S’ils parviennent à dégager un consensus solide d’objectifs clairs,
Si chacun assume sans faux-semblant les responsabilités qui lui incombent,
Si chacun privilégie le collectif sur l’individuel,
Si leurs dirigeants font preuve de leadership pour s’engager résolument dans l’action,

Alors les Congolais pourront s’élever vers les hauteurs de leur horizon commun !
Cet horizon, c’est d’abord la consolidation de votre jeune démocratie. Et je tiens à rendre hommage aux institutions élues de votre IIIème République.

Au Président Joseph KABILA, avec qui j’ai eu le plaisir de m’entretenir il y a quelques instants et auquel je réitère mon amitié et mon soutien. Au terme de la transition démocratique, il a su vous conduire à des élections réussies.

Aux Parlements provinciaux, où se dessine l’avenir d’un Congo décentralisé,
Et bien sûr à vous, le Parlement, à vous qui représentez le peuple. La rigueur et la vitalité qui animent vos travaux vous honorent. Vous êtes le poumon de la démocratie Congolaise.

C’est ici qu’elle respire et qu’elle doit continuer de respirer.
Il y a trois ans à peine, vous avez fait le pari de la démocratie. Et l’Europe, avec 400 millions d’euros, n’a pas ménagé son appui. Ce pari a été réussi. Une graine prometteuse a été semée. Soyez-en convaincus : nous serons toujours à vos côtés pour la faire fructifier.

Car parce qu’elle est jeune, votre démocratie reste fragile. Elle doit encore s’enraciner durablement.

Vous avez déjà engagé le processus de décentralisation. Mais comment pourrais-je ne pas vous encourager à poursuivre dans cette voie ? C’est l’avenir naturel d’un pays aussi vaste !
Je sais aussi que la construction de vos institutions reste inachevée. Je pense aux élections locales qui, je crois, devraient se tenir dans des délais raisonnables.

Mais la démocratie ne se résume pas aux élections.
Pour nous qui sommes les élus du peuple, c’est le devoir de rendre des comptes à ceux qui nous ont fait confiance. Ils nous ont donné une obligation de résultats.

C’est un État de droit qui protège les libertés individuelles, une administration au service de l’intérêt général, une justice efficace et indépendante.

C’est aussi un état d’esprit. La capacité à écouter et respecter les autres. Reconnaître que l’on peut avoir tort. C’est un dialogue permanent pour forger la meilleure décision.

La démocratie est une lourde exigence. Mais qui peut penser que la démocratie se fait en un jour ? _ Vous avez choisi d’emprunter ce chemin difficile, et vous pourrez toujours compter sur nous. Il exigera encore plus d’efforts et une vigilance de tous les instants.

Mais c’est ce à quoi les Congolais aspirent. Ce sera votre honneur de continuer à les conduire sur la seule voie possible pour un peuple libre et souverain !
Votre horizon, c’est celui d’une puissance économique.

C’est peu dire que la nature vous a gâtés. Les richesses abondent sous vos pieds. Vos terres sont si fertiles que je ne connais rien qui ne puisse y pousser. Et vos fleuves puissants concentrent une ressource d’énergie immense et inépuisable. Un seul exemple : le barrage d’Inga, non loin d’ici, pourrait à lui-seul éclairer l’ensemble du continent Africain !

En sus d’une nature opulente, vous disposez d’un autre capital précieux : vos hommes. Votre peuple, sa jeunesse, son dynamisme, sa créativité. Comment s’étonner que Kinshasa soit la capitale Africaine de la culture ?
Les Congolais portent en eux l’esprit d’initiative. Ici, ils appellent ça la "débrouille".
Quand elle est mise au service d’un élan collectif, la "débrouille" devient la sève d’une économie dynamique.
Hélas ! Si vous êtes gâtés par la nature, vous ne l’avez pas été par les circonstances.

Les longues années de conflits que j’évoquais tout à l’heure ont laissé derrière elles un amas de ruines. _ Elles ont détruit les hommes et les biens ; elles ont aspiré l’essentiel des ressources ; elles ont fait vaciller l’État ; elles ont nourri d’inavouables réseaux clandestins, et disons-le, criminels.

Les Congolais ont la fortune à portée de main, et pourtant, ils restent pauvres. Pardonnez-moi si je vous choque, mais comment ne pas être attristé par un tel gâchis ? Je le dis comme je le pense, c’est à mes yeux un vrai scandale.

Alors, il faut reconstruire le Congo. Personne ne l’ignore, la tâche est immense. Et comme si elle ne l’était pas assez, vous voilà maintenant frappés de plein fouet par la crise économique mondiale ! Les revenus de vos exportations s’effondrent ; les mines ferment leurs portes ; les milliers de Congolais perdent chaque jour leur emploi.

"Vivre consiste à agir", a écrit Bergson. C’est vrai pour la France, ça l’est aussi pour le Congo : il n’y a de salut que dans l’effort, l’action et la réforme.

Ce n’est insulter personne en disant cela, mais comment attirer les investissements étrangers s’ils ne peuvent bénéficier d’un régime fiscal favorable et d’un climat des affaires accueillant ?
Quel est l’autre chemin possible que celui de la rigueur budgétaire, la fin des gaspillages et des prébendes, la mise en concurrence et la transparence des marchés publics ?

Il n’y a là que du bon sens.
La France ne vous abandonnera pas. Je vous fais dès maintenant trois propositions.
D’abord, j’encouragerai les entreprises Françaises à renforcer leur présence au Congo. D’ailleurs, j’ai convié dans ma délégation aujourd’hui plusieurs industriels qui comptent investir ici, parfois massivement. Et ce matin, nos deux pays se sont engagés à conclure rapidement un accord de protection des investissements.

Vous pouvez aussi compter sur moi pour plaider votre cause, et au-delà celle de l’Afrique, dans toutes les grandes enceintes internationales. Je le ferai dès la semaine prochaine à Londres lors de la réunion capitale du G20.
Enfin, la France vous aidera à effacer le fardeau de la dette. C’est une nécessité. Mais vous devrez aussi répondre aux exigences du FMI qui n’expriment rien d’autre qu’un besoin de gestion saine et profitable des intérêts nationaux.
Pour autant, la France ne pourra pas soutenir à elle seule vos efforts. Le Congo a besoin de l’engagement déterminé de tous ses partenaires internationaux. L’Europe en particulier pourrait engager 300 millions d’euros dès la fin de cette année. Eh bien je m’y emploierai !
Bref, je suis convaincu, Mesdames, Messieurs, que si le Congo se retrousse les manches et marche d’un seul homme vers l’avant, alors oui ! Le Congo donnera raison à ceux, comme moi, qui voient en lui l’un des géants de demain !

Votre horizon, c’est enfin celui d’une région en paix.
Je connais l’histoire de cette Afrique des Grands Lacs y compris la plus récente. Je sais les blessures profondes qui en résultent, les murs de méfiance qui se sont dressé. J’ai bien conscience de vos inquiétudes, et je dis le mot, de votre colère.

Je les comprends. Je les partage.
Faut-il croire pour autant que cette région est condamnée à ne jamais revoir la lumière de la paix et du bonheur. Que ses peuples ne pourront décidément vivre les uns aux côtés des autres sans jamais travailler ensemble pour leur bien à tous ? Non, je ne le crois pas.

Cette région peut réussir. Mais il n’y a de réussite qu’à partir de la vérité. Alors regardons les choses en face.
La vérité, c’est que la souveraineté du Congo est inaliénable. Quel autre pays que la France l’a défendue avec autant d’ardeur ? Ce n’est pas avec moi que cela changera !

La vérité, c’est que les peuples d’Afrique centrale ne changeront ni d’adresse, ni les lois de la nature. S’ils organisent leur bon voisinage, alors ils vivront riches et en paix. Mais si c’est la loi du plus fort, alors ils resteront pauvres et malheureux.

La vérité c’est que quelque chose ne tourne pas rond dans la région. Le Congo devrait en être le phare, mais il ne l’est pas. La région devrait être prospère, mais elle peine à décoller.

Le temps est venu de fixer un nouveau cap. Alors permettez-moi de partager avec vous quelques pistes de réflexion.
D’abord, pour que la région puisse avancer d’un même pas, le Congo doit se redresser.

Il lui faudra une armée efficace et Républicaine. Assurez-vous le soutien de la France et de l’Europe ? _ Oui, assurément. Il faudra aussi la justice pour extirper l’impunité. On ne construit pas la paix sans punir le crime. Enfin, les racines de la discorde devront être définitivement arrachées. Je pense aux conflits fonciers, dont je n’ignore pas l’immensité complexité.

Tout cela vous en avez déjà discuté lors de la conférence de Goma il y a un an. Des solutions ont été tracées. Alors il faut achever ce travail. Ce doit être l’action déterminée de toutes les forces vives, l’État bien sûr, mais aussi la société civile, les Églises, les chefs traditionnels, les communautés locales. Les femmes, j’en suis convaincu, ont un rôle essentiel à jouer.

Dans le même temps, vos relations avec vos voisins de l’est doivent s’établir sur des bases radicalement nouvelles.

Il y a quelques semaines, le Président Joseph KABILA a tendu la main au Rwanda pour coopérer dans la lutte contre les forces dites FDLR. Je sais bien les difficultés, mais ce fut une décision courageuse.

Je veux y voir les prémices d’une véritable refondation de toute la région. Car une coopération structurée, c’est la certitude pour tous d’être gagnants.

A l’Est, il me paraît plus que nécessaire de susciter des projets qui fédèrent. Alors pourquoi ne pas donner un nouvel élan à ce qui existe déjà ?
La Communauté économique des Grands lacs offre des perspectives prometteuses entre la RDC, le Burundi et le Rwanda.
Et pourquoi ne pas aller plus loin ? Rien n’interdit à ces trois pays, mais aussi à d’autres - l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya pourquoi pas ? - de travailler ensemble pour structurer les filières agricoles, commerciales et industrielles ; introduire davantage de transparence et de règles ; développer les ressources énergétiques ; protéger le patrimoine naturel ; organiser la circulation des personnes.

Pourquoi ne pas discuter du développement des infrastructures pour désenclaver des régions et ouvrir de nouveaux débouchés ? Je lance une idée : pourquoi ne pas créer une Agence régionale de développement et d’aménagement, comme cela a pu se faire ailleurs ?

La paix et la prospérité de l’Europe se sont construites sur ces bases. Alors l’Europe pourra soutenir vos projets.
Je propose d’accueillir à Paris en 2010 une conférence des bailleurs autour de la coopération économique régionale.

Cette refondation passera également par un dialogue politique approfondi. Là aussi, des enceintes existent comme la Conférence internationale des Grands Lacs. Est-ce l’avenir ou faut-il redéfinir les choses ? On peut en discuter.
L’essentiel pour la France, c’est que vous puissiez nourrir un dialogue transparent, efficace et correct pour garantir la paix et la sécurité dans la région.
Ceci dit, le Congo doit marcher sur ses deux jambes : celle qui vous porte vers l’est et l’Océan indien, et celle qui à l’Ouest vous mène à l’Océan Atlantique.
Votre famille naturelle, c’est celle qui va de l’Angola au Tchad, du Cameroun au Gabon. Mais elle s’organise encore en de nombreuses communautés : certains appartiennent à la zone Franc, d’autres à la CEMAC, d’autres à la CEEAC.
Certes, chacune a sa logique. Mais tout cela donne un peu le tournis. Alors pourquoi ne pas travailler à leur rapprochement pour que cette famille puisse gagner en cohésion et en force ? Je crois qu’il y a là matière à débat.
Voilà, mesdames, messieurs, les quelques suggestions que je tenais à partager avec vous. Que l’on me comprenne bien : ce n’est pas à la France de décider à la place des pays de la région. Mais c’est sa responsabilité de les aider, s’ils le veulent, à transformer leur destin !

Mes chers amis, si je parle avec le cœur, c’est que quelque chose de très fort m’y pousse. Quelque chose de particulier qui crée entre nous des liens uniques. Vous êtes le premier pays Francophone du monde !

C’est vrai, certains diront que les chiffres laissent encore planer un doute : d’après eux, la France et le Congo seraient aujourd’hui ex aequo. Ah ! Eh alors ? Demain, c’est sûr, vous serez les premiers ! Et de loin !
Cette langue Française, notre langue commune, est le socle inaltérable de notre amitié et de nos relations singulières. Lorsque je porte la voix de la France aux quatre coins du monde, les peuples m’entendent par le biais d’oreillettes et de traducteurs. Ici au moins, nous n’avons besoin de personne pour nous comprendre !
Je souhaite que vous preniez toute la place qui vous revient dans la grande famille de la Francophonie. Alors je dis : vivement 2012, lorsque que la grande famille de la Francophonie tiendra enfin son sommet ici, à Kinshasa !
Sachez enfin que je suis déterminé à soutenir l’usage du Français au Congo. Je vous annonce qu’une enveloppe de 5 millions d’euros sera dégagée dès cette année pour développer le réseau des 16 alliances Françaises sur l’ensemble du territoire Congolais.
Je ne peux pas conclure mes propos sans évoquer, en amateur averti que je suis, la belle victoire de votre équipe nationale de football. C’était la première édition du Championnat d’Afrique des Nations, et les Léopards de la République démocratique du Congo ont gagné !

J’y vois la preuve éclatante que lorsqu’ils jouent en équipe, se fixent des objectifs et se décident à les atteindre ensemble, les Congolais ont vocation à vaincre et à triompher.

Un philosophe grec a dit un jour : "la parole est l’ombre de l’action" . J’ai assez parlé. Vous m’avez entendu. A vous maintenant de reprendre le flambeau de la parole et de passer aux actes. La France sera à vos côtés.

Vive la République Démocratique du Congo, Vive la France.


ALLOCUTION DE M. LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

Déjeuner offert par M. Joseph KABILA
Président de la République démocratique du Congo
Kinshasa - Jeudi 26 mars 2009

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les Ministres,
Chers amis,

Merci pour votre générosité, merci pour votre accueil, merci pour votre amitié.
Cela faisait donc 25 ans qu’un Chef d’État Français ne s’était pas rendu ici, à Kinshasa ! J’ai beau chercher le meilleur terme pour qualifier cette longue parenthèse, un seul s’impose : c’est une anomalie. Je le dis comme je le pense : il n’est pas normal que nous ayons attendu si longtemps pour nous retrouver au Congo.
Il fallait mettre un terme à une aussi longue attente.

C’est dire tout le plaisir qui est le mien d’être parmi vous aujourd’hui. Monsieur le Président, je suis venu car je suis votre ami, et parce que la France est amie de la République Démocratique du Congo.

Je suis aussi venu avec foi. Je l’ai dit devant votre Parlement. Je le redis devant vous : la France a foi en l’avenir du Congo, la France a foi dans sa capacité à bâtir, à redresser ce pays, à lui rendre sa juste place.

J’évoquais ce matin la victoire des Léopards. Finalement, j’ai foi en la victoire du Congo mais cette fois-ci, dans le championnat des Nations, tout court !

Monsieur le Président,

Le peuple Congolais est libre, il est souverain. Votre souveraineté, souvent attaquée dans le passé, est pour vous une valeur sacrée. C’est pourquoi la France la défendra à vos côtés chaque fois que ce sera nécessaire.

Sans un Congo stable, solide et prospère, c’est toute l’Afrique qui est ralentie dans sa renaissance. _ Naturellement, tout le monde connaît les difficultés qui sont les vôtres. "Être optimiste, c’est voir une chance derrière les calamités",

CHURCHILL parlait en spécialiste. Lorsque la tempête fait rage, que les craintes sont plus fortes, les défis plus nombreux que jamais, c’est le propre des hommes d’État de conduire leur peuple vers des temps meilleurs.

Monsieur le Président, il me plaît de souligner les remarquables progrès accomplis sous votre autorité ces dernières années. Il y a quelques semaines à peine, face aux menaces qui à nouveau se levaient, dans une des provinces orientales, vous avez fait preuve de courage, vous avez fait preuve de détermination, tout est possible.

La France salue l’engagement personnel du président Kabila pour rétablir la paix à l’Est et restaurer l’autorité de l’État. Vous avez tout mon soutien.

Nous serons à vos côtés pour vous aider à construire votre avenir dans une région pacifiée. Dans cette salle, il se trouve beaucoup de Français que je salue, qui veulent accompagner la renaissance du Congo, renforcer chaque jour davantage les liens qui nous unissent.

Nous serons à leurs côtés pour faire grandir notre patrimoine commun, notre langue Française. C’est elle qui fera toujours de nous des amis indéfectibles et des partenaires naturels. C’est elle qui fait que nous sommes parents au sein de la grande famille Francophone. Peut-être avons-nous le droit d’ainesse, mais nous souhaitons au jeune frère qu’il dépasse son aîné.

Monsieur le Président, nous avons pris des décisions importantes ce matin, Christine Lagarde a négocié avec votre ministre un accord de protection des investissements qui rassurera les investisseurs échaudés par les dramatiques évènements du passé.
Je salue tout particulièrement l’accord qui a été signé en matière d’exploitation minière par AREVA, d’autres entreprises s’engageront dans la reconstruction de votre pays.

Monsieur le Président, Cher ami,

Avec le gouvernement qui vous entoure, vous avez la tâche, exigeante mais passionnante, de conduire votre grande Nation sur la voie du développement et de la prospérité.
J’espère vous avoir convaincus que la France a confiance en vous ; et que si la France est France c’est parce qu’elle vous aime. On est franc qu’avec ceux qu’on aime et avec ceux que l’on respecte.

Alors Monsieur le Président, Cher ami,
Qu’il me soit permis de lever à mon tour mon verre en votre honneur, en l’honneur de votre famille, en l’honneur du peuple Congolais, en l’honneur de la République Démocratique du Congo et dans l’espoir de cet avenir qui va faire que nos routes vont se croiser plus fréquemment.

Et je n’attendrai pas 25 ans avant de revenir, Monsieur le Président, parce que je crains, compte tenu des impératifs démocratiques, que cela ne soit trop tard.

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