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Ntoumi n’ira pas à Brazzaville avant le 31 décembre 2007

L’ultimatum va bientôt arriver à son terme. Ntoumi ne se rendra pas à Brazzaville malgré l’ardente et non moins catégorique invitation de Sassou. Il n’y a que ceux qui croient encore au Père Noël pour penser qu’il y a une logique de paix dans les plans qui se suivent et se ressemblent au Congo-Brazzaville.

Ntoumi n’ira pas à Brazzaville. C’est ce qui, en tout cas, ressort dans l’interview qu’il a accordée à notre confrère Mwinda et à RFI (diffusée pour la dernière ce jeudi 27 décembre 2007). Il ne s’y rendra pas tant que les conditions de sa sécurité ne seront pas remplies.
"Ce n’est que dans des conditions acceptables que je mettrai pied à Brazzaville" a-t-il dit en substance.
On se souvient qu’un ultimatum a été donné au Pasteur Frédéric Bintsamou par le gouvernement de Brazzaville, le sommant de venir occuper ses nouvelles fonctions, faute de quoi les autorités officielles ne répondraient de rien.

Les deux forces (Ntoumi dans son maquis, Sassou à Mpila) n’en sont pas à leur premier bras de fer. La dernière crise en date a connu son comble le 10 septembre 2007 lorsque la tentative de répondre à une invitation du premier de se rendre illico presto à Brazzaville finit en queue de poisson.
Echaudé par ce sanglant échec, le Pasteur de Loukouo n’entend plus prêter le flanc aux coups bas de ses interlocuteurs qu’il accuse de ne pas tenir leurs engagements.
"Mon arrivée à Brazzaville avait pourtant été bien négociée avec les émissaires de Sassou. Je n’ai pas compris que le jour J, ces hommes aient joué les vierges effarourchées, prenant prétexte sur ma prétention à assurer ma propre sécurité pour faire capoter les choses" s’est plaint le Pasteur au cours de l’interview à RFI.

En multipliant les interview (deux en l’espace de 48h), on sent un besoin urgent du chef rebelle de s’exprimer, de ne pas laisser ce monopole aux médias du Pouvoir, de donner, lui ausi, sa version des faits.

Les rapports entre le pouvoir rebelle et le pouvoir officiel ont toujours intrigué plus d’un observateur. Alors qu’on croit Sassou et Ntoumi s’affrontant comme chien et chat, c’est non sans surprise qu’on voit les hommes du Pasteur vaquer à leurs occupations dans le camp de l’ennemi en l’occurrence à Brazzaville. Aux volants de puissants véhicules 4X4, les Nsiloulou sillonnent tranquillement les rues de Brazzaville comme si de rien n’était. Par ailleurs, des questions se posent sur la facilité avec laquelle Ntoumi entretient son maquis au nez et à la barbe d’un régime sassouiste réputé très répressif et ayant la gachette facile.

"Il y a connivence et collusion entre les prétendus ennemis" disent amers, les observateurs.
Cette hypothèse des vrais faux adversares a longtemps troublé une population qui ne comprend pas l’état de guerre permanente faisant fureur dans la région du Pool. Ce climat, insupportable pour le commun des mortels, disent certains analystes, profiterait aux faucons qui entourent Sassou. C’est que la situation de guerre ne fait pas que des malheureux. Au contraire, les tensions militaires dans la région du Pool sont une aubaine pour les généraux comme Adoua, Ndenguet.
En plus d’améliorer les conditions financières de la soldatesque, la guerre dans le Pool permet de justifier une militarisation du régime et donc de repousser l’échéance d’une alternance démocratique du pouvoir au Congo.

L’impossible partage de l’espace vital Brazzavlle

De toute façon la présence de Ntoumi à Brazzaville poserait un problème tangible de cohabitation. Personne n’imagine le chef rebelle s’attelant strictement à des tâches administratives dans un quelconque ministère, fut-il de l’intégation humanitaire, dans un pays ravagé par une décennie de guerre civile et où la légitimité de la fonction présidentielle est sujette à caution. Ntoumi peut se revéler d’une gourmandise politique insatiable. Dans ce cas, un problème de leadership se poserait entre deux hommes à la tête, chacun, d’une milice (Cobras et Nsiloulou)

Que va-t-il se passer au-delà du 31 décembre 2007 ? Sassou donnera-t-il l’assaut comme promis ou s’agit-il d’une énième mise en scène de la stratégie "Mouébara", c’est-à-dire entretenir la peur dans la population pour mieux régner ? Là est la question.

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