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LA LIQUIDATION DE L’ONPT

ONPT : CHRONIQUE D’UNE MORT ANNONCEE

ONPT : COMMENT UNE ENTREPRISE A ETE DEPECEE

L’ONPT (office national des postes et télécommunications) a été liquidé sans pitié par le régime de Sassou. Nous en retraçons ici la chronique funèbre.

Article écrit en collaboration avec Niaou Mbouamiangou. Les photos sont de Ya Sanza.

ONPT : CHRONIQUE D’UNE MORT NON ANNONCEE

Une image fantasmatique était associée à l’ONPT dans les représentations : celle d’un arbre qui produit des coupures d’argent à la place des feuilles. « ONPT Nzété ya mbongo ! » clamait le discours fantasque des prestataires et usagers. La mythologie procédait d’une réalité historique due à une situation de monopole dans le domaine de la gestion du téléphone, de la distribution du courrier et de la petite épargne. Nous avions une entreprise de service public lucrative dont on aurait eu toutes les peines du monde d’envisager un jour la faillite. Campant sur une position de monopole, L’ONPT, héritier de l’ex PTT disposait de tous les atouts pour afficher une santé économique de fer jusqu’à la fin des temps. Ainsi était perçue la société des postes et télécommunications. Malheureusement, c’était sans compter avec les barracudas de la Nouvelle Espérance qui viennent de planter leurs longues dents sur cette très juteuses proie.

Après le raid des adeptes de l’oyocratie, Nzété ya mbongo est désormais à l’image de l’arbre de la parabole qui ne porte pas de fruits et dont il faut jeter les branches au feu. Les salariés ne savent plus à quel saint se vouer pour faire valoir leurs droits. En guise de réponse à leurs revendications le gouvernement de Sassou fait usage de violence en envoyant ses cobras cogner sur les grévistes.

Travailleurs de l’ONPT devant le siège à Pointe-Noire

Personne ne pouvait croire en ce que titrait un média d’Etat en janvier 2003 « ONPT : la situation revient à la normale »

Le bras de fer entre la direction et les salariés indique que la situation avait déjà atteint le point de non retour même si, selon la presse gouvernementale, « après un mouvement de grève ayant conduit les travailleurs de l’Office national des postes et télécommunications (ONPT) à barricader les bureaux du directeur général de cet Office, René Serge Blanchard Oba, un modus vivendi vient d’être trouvé : la direction générale de l’ONPT et le collectif des syndicats sont en effet parvenus ce vendredi 3 janvier à la signature d’un protocole d’accord. »

La suite, nous montrera que tout cela n’était que balivernes et mensonges du bûcheron (René Serge Blanchard Oba)chargé d’abattre l’arbre miraculeux, d’égorger la poule aux œufs d’or.

En 2004, chaque semaine, le ministre de tutelle aura droit à un concert de casseroles sous sa fenêtre. Cette sérénade est une première en matière de mouvement social. Dans un système juridique où le droit de grève est inexistant et où la répression est féroce, on ne peut qu’admirer cette manière de braver un régime réputé autoritaire et au sein duquel figurent des tueurs de premier ordre (Norbert Dabira, Pierre Oba, Adoua, Tassoua, Jean-Pierre Ndenguet, Maurel Kihouzou etc.)

Sit in des agents de l’ONPT devant la Direction de Pointe-Noire

Comment est-on arrivé, malgré tout, à un échec à la suite de très âpres négociations d’où « il ressort de ce protocole d’accord de dix articles que les parties signataires reconnaissent les problèmes de fond de l’entreprise, c’est-à-dire le paiement des salaires, la mise en œuvre de la réforme qui souffre d’un retard criard dans son application. » ?

Comme de bien entendu, dans la résolution de cette crise sociale aux effets secondaires multiples, on s’était employé de s’attaquer aux effets au lieu de traiter les causes, au lieu de percer l’abcès en révisant l’organigrame de l’entreprise, en mettant "l’homme qu’il faut à la place qu’il faut", selon le slogan consacré.

Dans un univers où la fourberie est le modus vivendi, il fallait évidemment s’attendre au pire.La plaie des entreprises d’Etat c’est le détournement des deniers publics par leurs PDG et autres DG, sous le regard condescendant et complice des Inspecteurs, des Juges et des Politiques au plus haut niveau de l’Etat.
Car c’est de ça dont on parle quand on assimile théoriquement ces entreprises aux tonneaux de Danaïdes, c’est-à-dire des abîmes sans fond où les recettes disparaissent sans laisser de traces.

LA POLITIQUE DU MENSONGE

Les syndicats, se firent, une fois de plus avoir : « Se fondant sur ce constat fort peu réjouissant, selon le protocole d’accord, le collectif des syndicats prennent l’engagement de demander aux travailleurs de reprendre le chemin des bureaux ce vendredi 3 janvier. »

Cette bonne volonté sera payée en monnaie de singe car non seulement les salaires ne tomberont point mais en plus en leur priera, manu militari, de ne plus mettre pied au sein de l’entreprise.
Dans le premier temps de cette tragédie à la congolaise, les salariés préconisent des mesures privilégiant la pax civile : « Dans le souci de la sauvegarde de l’outil de travail, selon le protocole d’accord, les syndicalistes prônent le dialogue comme mécanisme de régulation sociale » disent les médias d’Etat.

Piquet de grève à Pointe-Noire

Cependant, les autres protagonistes, la jouent également, semble-t-il, cool : « Quant à l’administration, elle s’engage, précise le protocole d’accord, à l’application des lois et règlements en matière de travail, particulièrement en ce qui concerne l’observance des normes disciplinaires et le paiement des salaires. L’administration promet également d’assurer le versement du salaire d’août 2002 aux travailleurs retardataires au plus tard mercredi 8 janvier prochain. »

Malgré ces accords où la sincérité paraissait entourer les engagements des uns et des autres cela n’a pas éviter que : « Les agents de l’ONPT ( nous apprend Olivier Taty) totalisent actuellement des arriérés de salaires de cinq mois »

Le résultat musclé, de cette mauvaise foi de la direction ne se fera pas attendre puisque « pour manifester leur colère, les travailleurs ont dû barricader les bureaux du directeur général de cette entreprise publique. Les services de police appelés à la rescousse pour éviter tout dérapage ont veillé à la sécurisation des personnes et du patrimoine public. Aucun accrochage n’a eu lieu entre les travailleurs mécontents et la police. »

Aucun couac ? Mensonge. Les salariés furent dispersés avec des jets d’eau et des bombes lacrymogènes.

Le Pouvoir, une fois de plus, ne tint pas parole.

LIQUIDATION

Peu de temps après, la liquidation en règle de cette entreprise de service publique est consacrée au cours de la messe hebdomadaire que la rhétorique pécétiste daigne appeler « Conseil des ministres » mais qui en vérité n’est qu’une chambre d’enregistrement de toutes les décisions arbitraires prises par le Shah de Mpila qui tendent à légitimer le partage clanique du gâteau congolais. Jadis le colon découpa le territoire en concessions attribuées à quatre ou cinq actionnaires. De nos jours les compagnies concessionnaires appartiennent aux parents et clients de Sassou, roi du Congo. Au mois de mars de l’année en cours, une dépêche émanant d’un média d’Etat nous apprend sans ambages la « Dissolution de l’ONPT et création de la SOTELCO et de la SOPECO »

Des salariés sacrifiés par des dirigeants inconscients

Contre toute attente, car on parlait d’abord de reprise après négociations, on apprend brutalement que « Le Conseil des ministres du vendredi 28 février dernier a pris d’importantes mesures concernant l’ONPT (Office national des postes et télécommunications). »

La question, on s’en doute bien, ne fut jamais posée au parlement pour un débat, mais quand bien-même eut-elle été posée, vous pensez bien qu’aucune voix ne se serait élevée pour s’opposer à ce partage de butin entre coyotes appartenant à une horde brutale et primitive engagée dans un repas totémique sur fond de génocide sans quartier.
Jugez-en par quelque extrait :

« Au titre du ministère d’Etat, des Transports et de la Privatisation, chargé de la Coordination de l’Action gouvernementale, un projet de décret portant approbation des statuts de la Société des postes et de l’épargne du Congo (SOPECO) a été soumis à l’attention du Conseil des ministres. Il confirme la dissolution de l’Office national des Postes et Télécommunications (ONPT) et la création de la SOPECO comme établissement public à caractère industriel et commercial, totalement déconnecté des télécommunications ».

Sopéco ? Quel curieux sigle à connotation culinaire avérée ! Ca fait penser à la soupe.

Ngouabi, le père fondateur du système Pct nationalisa dans les années 1970. Ses fidèles continuateurs estiment que : « La création de la SOPECO se situe dans le droit file (…) du processus de privatisation en cours… » et que cette privatisation, selon ces mauvais élèves que les Institutions financières internationales ont placés au poteau serait « en parfaite conformité avec la politique gouvernementale et en accord avec les recommandations des principaux bailleurs de fonds internationaux. »
Puis, comble de fourberie, le Conseil des ministres promet que « Pendant une période qui ne devrait pas excéder trois ans, la SOPECO, qui garde de son personnel un effectif cible, continuera d’assurer le service public de la poste et d’épargne dans notre pays. »

Pour bien faire (tenez-vous bien) ceux qui s’en sortent plutôt bien dans cette affaire sont gratifiée d’une prime puisque « après délibération, le Conseil des ministres a approuvé le projet des statuts soumis à son examen et instruit le ministre de l’Économie, des Finances et du Budget d’apporter une subvention d’équilibre à la jeune société. »

La bonne blague ! A votre avis qui avait réellement besoin de « subvention d’équilibre » entre les repreneurs et les salariés qui tirent le diable par la queue depuis des mois et des mois !
La farce de très mauvais goût continuera en ces termes au cours de ce malheureux conseils des ministres présidé par le chef suprême Sassou dont l’autre branche de l’arbre à sous sera cédé à une des ses nombreuses progénitures : « Le Conseil des ministres a ensuite suivi une communication du ministre d’Etat, chargé de la Coordination de l’Action gouvernementale, au sujet de la société des télécommunications du Congo (SOTELCO), qui devrait voir le jour. »

Pour faire bonne mesure, les ministres ont même fait semblant d’user de procédure de la légalité. On nous dit sans rire que tout cela s’est fait : « Après délibération » et que ce n’est qu’à l’issue de ce débat contradictoire que « le Conseil a autorisé la création de la SOTELCO, dont la vocation est d’être une société anonyme unipersonnelle. La SOTELCO sera créée par un acte notarié, conformément aux dispositions de l’OHADA, et reprendra l’essentiel du personnel des télécommunications. »

Eh oui, bons princes, ces « ministrons » ont d’abord pesé le pour et le contre. Combien ont voté « pour », combien « contre »  ? Comme on n’est pas dans le secret de cette mafia on ne saura jamais. Gageons qu’ils ont voté à leur corps défendant (ou donnant ?) ! En mafia les parrains n’aiment pas trop les trouble-fête.

Puis le conseil de ce jour fatidique pour les travailleurs de l’ONPT s’est livré à son jeu favori : les nominations ou récompenses pour service rendu.

« Le Conseil des ministres a ensuite examiné les propositions des nominations suivantes au ministère des Télécommunications, chargé des Nouvelles Technologies »
Ont été nommés :

Administrateur général de la Société de télécommunication du Congo (SOTELCO) : René Serges Blanchard OBA, Inspecteur général de 2ème échelon. . Administrateur-Adjoint : Emmanuel Nkouka-Mbankana, ingénieur en chef des télécommunications de 3ème échelon ; . Directeur général de la Société des postes et de l’épargne du Congo : Guy Roger Mankedi, inspecteur général des postes et des télécommunications de 4ème échelon ; . Directeur général de l’administration centrale des postes et télécommunications (D.G.A.C.P.T) : Jean-Bosco Ebangue-Obili, inspecteur général de poste de 5e échelon.

Inutile de préciser que la suprématie des voyelles (symbole d’une époque) est incontestable dans ces nominations.Mais tout le monde aura compris, le régime très ethnicisée de Sassou n’invite pas à la mangeoire n’importe quel quidam.

LA SUITE DU TRISTE EPISODE

La suite du feuilleton était prévisible : la charrette des licenciements est mise en route alors qu’on avait promis l’inverse. La dépêche d’avril 2003 titre : « Les agents de l’ex-ONPT au chômage technique »

Au cas où le message n’aurait pas été clair, la dépêche précise durement que « Les 1532 agents de la défunte société ONPT (Office national des postes et télécommunications) sont sommés de rester d’abord chez eux en attendant la définition des nouvelles formalités de la SOTELCO. »

Ce n’est plus le Conseil des ministres qui se charge d’annoncer la sale nouvelle. Ce coup de poignard dans le dos « ressort de la communication faite, vendredi 11 avril dernier, par l’administrateur général de la SOTELCO, René Serge Blanchard Oba, à l’hôtel Olympic Palace, devant le personnel d’encadrement des télécommunications et services communs de l’ex ONPT. »

Le sieur Oba annonce gaillardement que « les 1532 agents de l’ONPT vont d’abord cesser leurs activités, en attendant la définition des modalités de la nouvelle société, notamment l’état des lieux et l’équipement de la SOTELCO. »

Ce n’est pas pourtant ce qu’avait décidé le Conseil des ministres ! Mais on s’en fout, dans ce pays la parole donnée, fut-elle donnée par des hauts fonctionnaires de l’État, ne vaut pas son pesant d’or.La colère des licenciés est à son comble.

Les interrogations fusent : « Et les salaires des agents de l’ONPT ? Comment se fera le transfert à la SOTELCO ? Qu’attend-on pour publier l’organigramme de la SOTELCO ? Qu’attend-on pour procéder aux nominations ? Telles sont les questions, parmi tant d’autres, qui ont été posées à l’administrateur général de la SOTELCO. »

A peine créée de toute pièce, on apprend de la bouche du « parent » Oba, nouveau PDG de la SOTELCO, que celle-ci « est une société anonyme unipersonnelle, au capital de 200 millions de francs CFA. Elle hérite de 1531 agents représentants 81% des effectifs de l’ONPT, dont la masse salariale était de 670 millions de francs CFA »

René Serge Blanchard Oba, fraîchement récompensé, y perd son latin. Et pour cause ! Il bredouille « que la SOTELCO n’a pas encore les moyens susceptibles de lui permettre d’obtenir un site de production et d’encaissement. »

Curieux repreneur qui avoue son impuissance alors que les règles d’une bonne OPA tiennent d’abord compte de la santé économique de celui qui la réalise avant d’avoir gain de cause. Ce n’est que lorsque le fromage lui est tombé dans la bouche (pas avant) que ce renard en est arrivé à procéder « à la conception et à la mise au point d’une stratégie de démarrage qui tienne à la fois compte de l’urgence et de la nécessité vitale de démarrer les activités, capables de maîtriser les équilibres de l’entreprise. »

Ces choses-là ( à supposer qu’elles soient légales ) se font au moment de l’appel d’offre, lorsque la compétition est engagée entre plusieurs candidats à la reprise. « Or, selon l’administrateur général de la SOTELCO, tout cela ne peut se réaliser sans avoir au préalable défini, rédigé ou assuré les formalités de la nouvelle société. » Autant mettre la charrue avant les bœufs quand on commence à labourer. Oba avoue donc qu’il n’avait rien préparé. Pourquoi lui a-t-on donné la charge d’une si grosse entreprise où les effets drastiques et anti-populaires dus à l’accompagnement social peuvent mettre un gouvernement par terre ?

A la date du 23 janvier 2003, on apprend ceci : « ONPT : indignation des travailleurs à l’endroit de la direction générale »

Comment ne pas le croire quand la dépêche ajoute :
« Les travailleurs de l’Office national des postes et télécommunications (ONPT) accusent aujourd’hui 26 mois d’arriérés de salaires dont 5 pour l’année 2002, soit un total de 14,4 milliards de FCFA pour une masse salariale de 550 de FCFA par mois. A cet effet, l’Association pour les droits de l’homme et l’univers carcéral (ADHUC), dans le cadre de ses missions, a eu une séance de travail à Brazzaville avec la Fédération syndicale des postes et télécommunications (FESYPOSTEL) sur la situation des travailleurs de l’ONPT. »

La colère (certes simulée) au sommet de l’Etat ne se fait pas attendre lorsqu’on note que « Au cours de cette séance de travail, de graves irrégularités ont été signalées sur le non respect des ordonnances présidentielles n°10 et 11-2001 du 1er juillet 2001 créant les entreprises Société des postes et de l’épargne du Congo (SOPECO) et Société des télécommunications du Congo (SOTELCO), spécialisées respectivement dans les domaines des postes et des télécommunications en remplacement de l’ONPT dissout par ordonnance présidentielle n°8-2001 du 1er juillet 2001. Il a été également signalé la mauvaise gestion de SOPECO et SOTELCO. »

Oba, PDG, serait-il lampiste ou s’agit-il d’une énième tentative de justification que le régime de Mpila, à la fois juge et partie, veut présenter au public pour se dédouaner, pour tirer son épingle du jeu ? En matière de comédie et d’hypocrisie humaines, le gouvernement de Sassou n’a plus rien à apprendre.

Mpila où siège l’Exécutif reconnaît que « Le non respect des ordonnances présidentielles s’explique par le fait que les responsables de la direction générale de l’ONPT ont établi unilatéralement des statuts pour gérer SOPECO et SOTELCO dont les statuts adoptés de commun accord par tous les partenaires sont encore à la Cour suprême pour avis. »

Mais vous pensez bien qu’en dépit des irrégularités constatées, Oba n’ira jamais séjourner en taule ! Dans ce système, plus on démérite, plus on monte en grade.Le système ne pourra jamais se faire hara-kiri même si il est de notoriété publique que « l’actuelle direction générale a été mise en place, suite au départ de l’ex directeur général, M. Okyemou, par le comité de crise pour « exécuter les affaires courantes ». Cependant, le responsable appelé à assurer l’exécution des affaires courantes, « s’est arrogé les prérogatives d’un directeur général nommé par une ordonnance présidentielle », déclare l’ADHUC. »

C’est ça l’impunité ! Ce mal du siècle congolais tant décrié par l’opinion publique et particulièrement par les parents des Disparus du Beach qui, regardent, impuissants, les assassins de leurs enfants circuler librement dans la cité et continuer d’occuper des fonctions administratives capitales dont l’exercice exige d’avoir une conduite au dessus de tout soupçon !

L’ADHUC pourra toujours se plaindre que « il a été étendu les pouvoirs de l’actuelle direction générale en contractant des dettes auprès des partenaires étrangers pour le fonctionnement de SOPECO et SOTELCO. Les dettes estimées à près de 61 milliards de FCFA dont les échéanciers sont fixés à 400 millions de FCFA par mois » ce n’est pas ça qui attendrira les faucons de Mpila que plus rien n’émeut depuis qu’ils ont tous été au front et ont gagné la guerre (civile)

Et tant pis si « la persistance de cette situation rend vulnérables de nombreuses familles et les plonge dans l’incapacité d’assurer leur survie. L’aggravation de la misère des travailleurs de l’ONPT favorise la déscolarisation des enfants congolais, tout en accentuant le phénomène des enfants de la rue. »

Que diable cela peut-il foutre aux caïds de la Nouvelle Espérance que « Les travailleurs de l’ONPT manifestent leur indignation à l’endroit de la direction générale à cause de l’irrégularité dans le paiement des salaires » quand bien même c’est « ce qui a provoqué le mécontentement des travailleurs et la grève des travailleurs non syndiqués, le 31 décembre 2002. »

L’ADHUC peut toujours demander « à la direction générale de l’ONPT de se conformer à ses attributions de gestionnaire des affaires courantes, d’appliquer les dispositions des ordonnances présidentielles créant SOPECO et SOTELCO, de payer les arriérés des salaires des travailleurs de l’ONPT et d’instaurer un dialogue permanent avec l’ensemble des syndicats » le ciel ne va pas tomber pour autant comme dirait un célèbre parent de Sassou, Bruno Itoua !

L’avenir n’est guère rassurant puisque « Après l’éclatement de l’ONPT, les inquiétudes des travailleurs persistent »

Une dépêche du 30 avril 2003, dramatique à souhait, nous rappelle que :
« L’Office national des postes et télécommunications (ONPT) a éclaté en deux entités distinctes depuis bientôt deux mois : la Société de la poste et de l’épargne du Congo (SOPECO) et la Société des télécommunications du Congo (SOTELCO). Dès l’éclatement de l’ONPT, les assurances avaient été données aux travailleurs au sujet de la conservation de leurs emplois. Dommage, il y a quelques jours, une décision a été prise par l’administration générale de la SOTELCO portant mise en congé technique de tous les travailleurs qui, aujourd’hui s’inquiètent. »

On avait beau leur avoir fait des promesses : « La scission de l’ONPT ne semble pas augurer des lendemains meilleurs pour les travailleurs, bien qu’ils aient été rassurés par le ministre de tutelle, qui affirmait mordicus que des licenciements n’auraient pas lieu. »

Comme pour enfoncer le clou qui les crucifie au pilori « alors que ces travailleurs purgent plus de 25 mois d’arriérés de salaires, une note vient d’être signée les mettant en congé technique. »

Les observateurs tombent des nues et ne comprennent pas, dans cette cas d’école qui en dit long sur l’avenir du pays, le cynisme d’un gouvernement « face à (une)double situation, (où) les agents de l’ex-ONPT demeurent interrogatifs quant au respect des engagements pris par leurs autorités de tutelle, notamment en ce qui concerne les salaires, conformément au protocole d’accord signé le 12 février 2003 entre les syndicats et l’administration du défunt ONPT, sous la supervision de la direction générale du travail. »

On en arrive à cette situation anarchique et kafkaïenne où « comble de malheur, l’administrateur général de la SOTELCO, contre toute attente, a procédé à la publication d’une liste du personnel de cette société et des notifications individuelles subséquentes. Ce qui a créé de l’imbroglio d’autant plus que les travailleurs se retrouvent chacun avec deux notifications : l’une de l’administrateur général et l’autre du comité de privatisation. Laquelle des deux faut-il considérer ? S’interrogent les agents. »

Comme on sait que depuis l’avènement des vainqueurs de la guerre du 5 juin 1997, toute déciion impopulaire est irréversible : « Du coup, les espoirs des travailleurs de l’ex-ONPT semblent aller à vau-l’eau. » avoue dépité
G.Lenckonov.

ACTE DE DECES

Le 2003-01-20 la dépêche annonce la « Télécommunications : dissolution imminente de l’ONPT »

Souvenons nous du mythe de l’arbre financier aujourd’hui devenu arbre desséché : « L’Office National des Postes et Télécommunications (ONPT), jadis parmi les sociétés à santé financière d’acier, présente aujourd’hui un tableau très sombre au regard de son bilan exhaustif clairement dressé au cours de son conseil d’administration tenu à Brazzaville en août dernier. »

Dans ce milieu de requins où, ces prédateurs, après avoir étouffé leurs proies, se mettent goulûment à les dépecer, il n’y a : « rien de surprenant, l’entreprise exsangue, en chute libre avec une dette sociale de 12 milliards de francs CFA, est vidée de toute sa substance et de toutes ses forces. »

C’est de là, selon Romulald Okoti, que viendraient « les difficultés de l’ONPT, entreprise para-étatique dotée d’une autonomie de gestion financière (difficultés ) aujourd’hui évoquées en terme sombres et très préoccupants. »

C’est à ce sort que sont vouées, selon toujours Okoti, « toutes les entreprises congolaises en déperdition à cause de la gabegie des vieilles années passées » par voie de conséquence, « l’ONPT va être dissout et la Caisse Nationale d’Épargne liquidée, pour faire place à deux nouvelles sociétés spécialisées : la Société des Téléphones du Congo (SOTELCO) et la Société des Postes et Épargne du Congo (SOPECO) à bâtir sur leurs cendres. »

Au détriment des travailleurs tandis que ceux qui ont été à la tête de ces entreprises congolaises, véritables canard boiteux, et qui sont à l’origine de leurs « sombres difficultés » continuent de monter en grade, au plus grand scandale de tous. C’est le cas de sinistres personnages comme Edouard Ngakosso alias « PDG », Boudo-Néza, l’éternel PDG de la moribonde SNE.

Ces requins ne nous épargnent même pas la langue de bois puisque, à en croire les décideurs ( Ministère des Postes et télécommunications, chargé des nouvelles technologies et la Direction Générale de l’ONPT ) « toutes les dispositions semblent avoir déjà été prises pour répondre aux exigences de lancement de SOTELCO et SOPECO, dont deux (2) Directeurs généraux seront nommés à la tête de chacune avec des missions précises et clairement définies, en vue de corriger les défaillances du défunt ONPT. »

Les décisions les plus démagogiques sont prises , question de jeter la poudre aux yeux des victimes de licenciements, comme celle où « pour clôturer les activités de l’ONPT, et de la Caisse Nationale d’Epargne, le Conseil d’Administration a proposé des modalités concrètes de transfert du personnel, des actifs et autres actes de l’ONPT, qui représentent le plus souvent la question brûlante de cette activité. »

Romual Okoti de la Radio Congo, média d’Etat, en conclue que « Tout compte fait, les administrations ont tout de même apprécié la qualité des différents dossiers présentés au cours de ce Conseil d’administration par la Direction générale de l’ONPT. »

Évidemment ces messieurs qui ne manquent pas de toupet et de cynisme n’ont pas manqué d’adresser « leurs vives félicitations à celle-ci pour le travail accompli et les résultats obtenus au terme des travaux. »

Salariés en grève

On n’a pas besoin d’être clerc pour savoir si, « les deux futures et nouvelles sociétés dont la mise en place est attendue apporteront du nouveau dans le domaine des Postes et Télécommunications au Congo. Wait and see !!! . » La réponse est non.

Pour faire le change on apprend au début de l’année dernière qu’ « Une enquête judiciaire est ouverte à l’ONPT ».

Après le discours à la Nation de Sassou où sont promis monts et merveilles aux Congolais, ceux-ci sont tenus informés que le « jeudi 16 janvier 2003 à travers les antennes de Radio-Brazzaville : le procureur général près le tribunal de grande instance de Brazzaville a ouvert une enquête judiciaire auprès de la Direction générale de l’ONPT (Office National des Postes et Télécommunications) et des syndicats de cette entreprise, sur instruction du procureur général près la Cour suprême. »

Mais il n’y a pas le feu au lac puisque ce magistrat, Monsieur Etoto Ebakassa, précise « qu’il ne s’agit encore que d’une enquête préliminaire qui permettrait au Parquet de Brazzaville de se déterminer par rapport à toutes les informations mises à la disposition du procureur. Lequel justifie l’ouverture de cette enquête d’une part par la crise sociale que cette entreprise a connue en décembre dernier, et d’autre part par la « nouvelle dynamique » que le procureur général près la Cour suprême, Monsieur Georges Akiera veut insuffler à la marche des juridictions congolaises. »

Pas de quoi fouetter un chat.. Les vrais responsables (c’est-à-dire tous ces affairistes qui gravitent autour du Pouvoir) devront-ils pourtant trembler dans leur froc même si « Monsieur Georges Akiena avait notamment déclaré dans la presse qu’il devait mener une guerre sans merci contre les délinquants et « la criminalité » économique. Nous ne devons plus nous arrêter à ne poursuivre que la petite délinquance ? »

Ben voyons ! Les juges du Congo et les tigres de Mao ont en commun d’être fabriqués en papier mâché.Naïf, S. Elenga se targue de rappeler qu’en « fin décembre 2002, l’ONPT a été secoué par une crise au cours de laquelle les agents ont barricadé le bureau du directeur général. Celui-ci a fait recours à monsieur Jean Claude Olombi, huissier de justice le 02 janvier courant pour ouvrir le bureau. Les syndicalistes accusaient le directeur général d’avoir détourné les fonds de l’entreprise et réclamaient la paie de trois mois de salaire. »

Un concert de casseroles en guise de ras le bol

Comme on pouvait s’en douter, ce ne fut que pure intimidation destinée à se donner bonne conscience : « Même si pour l’instant, ce n’est qu’une enquête de police qui vise à vérifier la véracité des faits, il y a belle lurette que la justice congolaise n’a plus engagé une action audacieuse de cette nature, en dépit des fréquentes dénonciations de gabegies, faites par le presse et même par le Président de la République lui-même. »

Le Président de la République aurait dénoncé la gabegie financière ? La bonne blague ! Mais qui donc est l’ayatollah de la gabegie au Congo si ce n’est lui en personne ? Lui et son clan dit d’Oyo ? Il faut être doublement déconnecté de la réalité pour penser comme S. Elenga que « le procureur général près la Cour suprême est passé à l’acte. Pourvu qu’il résiste aux pressions éventuelles. »

Simon Mavoula en collaboration
avec Niaou Mbouamiangou ;
illustrations de Ya Sanza

Août 2004

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