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Panique à Bacongo

L’ultimatum de 48 heures données aux Ninjas par les forces de l’ordre est arrivé à expiration. Les miliciens de Ntumi étaient appelés à libérer la résidence construite par le gouvernement pour loger le leader de Conseil national pour la résistance et les locaux y attenants de l’ancienne faculté des sciences de l’université Marien Ngouabi qu’ils occupaient illicitement. Leur désarmement était aussi à l’ordre du jour. Le pasteur Ntumi n’est jamais arrivé à Brazzaville depuis les accords de son mouvement avec le gouvernement en 2003.

Makélékélé et Bacongo, respectivement premier et deuxième arrondissements de Brazzaville, situés au sud de la capitale du Congo sont envahis et quadrillés par les différents corps d’élite des forces armées congolaises depuis ce matin.

Depuis hier dans la soirée, on remarquait déjà le mouvement des populations vers les quartiers situés au centre et au nord de Brazzaville. Ce matin, cet exode s’est accentué. Le marché de Total a été déserté de ces commerçants. Les élèves des écoles privées ont été libérés et remis à la disposition de leurs parents. La panique est perceptible. Toutes les activités sont arrêtées. Les boutiques et les alimentations sont fermées. Les ruelles sont désertes. Les mouvements des bus vers ces localités deviennent rares. Les transporteurs, dans la matinée, ne s’arrêtaient qu’au Centre culturel français, à environ deux kilomètres du marché Total. Mais de plus en plus ils s’aventurent vers Makélékélé, en début de cet après-midi. Les militaires ont occupé les places les plus stratégiques au pont du Djoué, au rond point de Bifouiti, au Centre sportif de Makélékélé et à Kinsoundi.

Les populations, fortes de leur expérience dans ce genre de situation, se sont résolues à évacuer les quartiers sud. Chien échaudé craint même l’eau froide.

Pour mémoire, le 14 octobre dernier, suite à une dispute entre un agent de l’ordre et un milicien de Ntumu, il y a eu échange de coups de feu entre les gendarmes et les policiers d’une part et les ex combattants de l’autre. Le bilan a été lourd. Sept morts, dont deux policiers, trois gendarmes, un civil et une commerçante chinoise. Avant l’arrivée du renfort des forces armées, les miliciens ont pille les armes de guerre qui étaient dans le poste de police de Total. Le ministre de l’intérieur, M. Paul Mbot, dans sa déclaration du 15 octobre (lire ci-dessous), suite à cet incident, avait promis des représailles. Un dossier judiciaire a été ouvert.

Déclaration du Ministre de la Sécurité et de l’Ordre public à propos des incidents du 13 octobre à Bacongo

« Jeudi 13 octobre 2005 aux environs de 16 heures, à la suite d’un accident de voie publique survenu sur l’avenue Matsoua à côté du cinéma RIO à Bacongo, et d’une rixe à proximité, l’action des agents de l’ordre en patrouille dans le secteur, a été entravée par quelques ex-combattants Nsiloulous se trouvant sur les lieux.

Un policier a été pris en otage et conduit du lieu des faits à la résidence du Pasteur Ntoumi sise à l’ex-faculté des sciences.

Dans le cadre du rétablissement de l’ordre public ainsi troublé, les interventions respectives de la police et de la gendarmerie nationale ont essuyé des tirs à l’arme de guerre de la part de ces bandits à hauteur du commissariat de police de quartier, du marché de Bacongo.

Les miliciens Nsiloulous ont outre pris en otage des individus dont deux diplomates, et donné la mort à trois gendarmes et deux policiers.

Une personne d’origine chinoise a été touchée mortellement d’une balle perdue au niveau du centre sportif de Makélékélé.

Plusieurs blessés et dégâts matériels ont été enregistrés. Entre temps l’ordre public a été rétabli. Une enquête judiciaire est ouverte afin que les auteurs de ce drame soient illico-presto traduits devant la justice.

Il convient de signaler que cet incident n’est pas lié aux obsèques de madame Kolelas. Tout comme il ne saurait en rien, et absolument en rien, diluer ni la grandeur, ni la profondeur et encore moins la sublimité de l’acte posé par Denis Sassou Nguesso, en ramenant au bercail son frère aîné et la dépouille mortelle de sa belle sœur, Jacqueline Kolelas.

Le Gouvernement de la République tient à rassurer l’opinion nationale et internationale que tout est mis en œuvre pour garantir la paix sociale chèrement acquise, l’ordre dans toute sa plénitude, la sécurité des personnes et des biens, le respect des lois et règlements de la République par chacun et par tous.

Restaurer la loi et l’ordre public, est et demeure, l’une des principales priorités dans un pays qui comme le nôtre se remet lentement certes, mais irréversiblement des affres de 7 ans de guerre.

Le Gouvernement de la République et son chef, le général d’armée Denis Sassou Nguesso, résolus dans un contexte aussi difficile, à bâtir un état de droit, dans lequel force est et demeure à la loi, traduiront ces malfrats en justice, afin qu’ils soient punis dans toute la rigueur de la loi de la République ; nul n’étant au-dessus de la loi ; cette dernière devant s’appliquer à tous ERGA-OMNES, c’est-à-dire à tous avec la même rigueur.

Enfin, le Gouvernement de la République, tient à rappeler à tous, que la démocratie pour laquelle le peuple congolais a opté exige de chacun et de tous une profonde remise en cause, en vue de mieux capitaliser les valeurs de paix, de dialogue et de tolérance qui fondent véritablement ce système et qui devraient en principe caractériser le comportement, voire même l’éthique sociopolitique de ses acteurs. C’est dire que tous ceux qui continuent de prôner la violence aveugle, les assassinats comme moyen de retour au pouvoir ne sont que des pseudo démocrates et sans plus.

Quand comprendrons-nous qu’il est écrit qu’il y a un temps pour la guerre, un temps pour la paix ; un temps pleurer et un temps pour essuyer nos larmes, un temps pour détruire et un temps pour construire ensemble notre beau pays.

Ressaisissons-nous. »

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