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Parti Congolais du Travail : La lutte de succession

par Bana Likouala

Le Roi est mort, vive le roi !

Quels sont les mystères de la motivation des Congolais ?
En apparence, rien ne semble plus simple. Motiver les gens, nous dit le dictionnaire, c’est les déterminer à agir d’une certaine manière. On y parvient en leur donnant un motif d’agir. Rigoureusement parlant, la forme la plus élémentaire de la motivation serait celle où un bandit vous braque un révolver contre le visage en grommelant : « La bourse ou la vie ». Votre assaillant suscite immédiatement chez vous un motif de faire exactement ce qu’il veut : celui de sauver votre vie. Mais la motivation, au sens courant du terme, est d’habitude quelque chose de plus durable. ll ressort que le rôle de la motivation consiste à inciter, avec méthode, les gens à donner le meilleur d’eux afin qu’ils prennent toute leur place dans la collectivité. Aussi les esprits éclairés doivent-ils s’appliquer à créer et à entretenir le climat psychologique qui permette au peuple de faire de son mieux. Cela ne s’atteint que par l’art de diriger. Le contraire de l’art de diriger est la dictature, dans laquelle on arrache un effort à quelqu’un par la seule application de l’autorité.

Un message politique stéréotypé véhicule, à juste titre d’ailleurs, l’image sympathique de l’arbre, cette merveille qui meublera toujours la riche diversité du décor naturel. Ce serait trop demander à la nature humaine que de vouloir qu’un message politique dissimule sa signature.
Image intéressante et combien reconnaissante que celle de l’arbre de la part d’un marchand de bois.
« Le crissement de la scie sur l’arbre ». Bouleversante image que celle de l’arbre attaqué par la lame meurtrière de la scie au service de la folie humaine. Cette image dramatique de l’arbre qui doit mourir après avoir donné à l’humanité ce qu’il a de mieux, des fruits peut-être, mais sans aucun doute, l’apport immense de son feuillage et de ses racines. Il en est ainsi de la vie des arbres dans nos forêts livrées à la prédation. «  Le crissement de la scie sur l’arbre  » n’épargne pas cet autre arbre et les marchands de bois et leurs compères continueront comme si de rien n’est et ne sera. Ce temps ne serait-il pas révolu de nos jours quand surgit la théorie du réchauffement de la planète ?
La repousse compensera-t-elle toujours amplement les prélèvements industriels sauvages ?
Questions réconfortantes que celles-là qui doivent nous interpeller tous et qui donnent du poids à la vague impression du public que la sylviculture et l’aménagement forestier ; encore balbutiants dans notre pays, doivent être sagement mis à contribution. Les jours de l’exploitation industrielle inconsidérée sont révolus depuis longtemps. Les apparences d’une abondance de bois, sans limites, sont en grande partie illusoires.

Pour revenir à cette image de l’arbre qui meurt, on oublie souvent que les racines enfouies sous terre, après le passage fracassant du marchand de bois, transmettront leurs forces vitales pour régénérer l’arbre pour les futures générations. Les racines sont un rempart invisible contre la menace de destruction de la nature. La connaissance du monde naturel est une source inépuisable d’intérêt et de plaisir. Les esprits tant soit peu éclairés savent maintenant que l’homme doit cesser d’être l’éléphant dans les porcelaines.
Aussi les peuples du monde attachent-ils de plus en plus d’importance aux conséquences de l’action de l’homme pour l’environnement. La nature est pleine de secrets pour mieux intriguer les esprits curieux. Beaucoup d’animaux sont des spécialistes du camouflage. Le caméléon est, sans nul doute, le plus connu dans l’art du camouflage. C’est ainsi que dans le monde naturel, les choses diffèrent souvent des apparences. Si l’on voit deux écureuils se poursuivre dans les branches, on peut croire à un simple jeu de leur part. Mais il y a parfois une raison. La nature est donc rarement monotone pour qui apprend à la connaître. On note d’autre part une prise de conscience grandissante du public et le profond besoin de la nature chez l’homme.
En fin de compte, c’est peut-être de là que viendront notre salut à tous et d’autres images plus oxygénantes que celle du « crissement de la scie sur l’arbre ».
Des images qui raviveront certaines facultés humaines. Parmi elles, il en est une qui s’appelle l’esprit. Le Larousse nous dit que c’est le principe de la vie de l’homme, de sa pensée et de son âme. Qu’on lui donne le nom qu’on voudra, il est là ; et l’esprit humain a besoin de beauté et de tranquillité comme le corps humain a besoin d’eau et d’aliments. Les personnes privées de nourriture spirituelle sont sujettes à la détresse émotive et sont portées à chercher remède au sentiment de leur néant dans le bien-être illusoire du pouvoir politique, du leadership et de bien d’autres drogues. Ceux qui souffrent de sous-alimentation spirituelle se reconnaissent facilement dans leur manière d’appréhender les moindres changements dans la société.
L’histoire montre que la marche de l’humanité vers les libertés est inexorable. Les hommes et les femmes de notre pays, dans la turbulence et dans la douleur ont fait l’expérience. Mais ils ne doivent pas baisser, pour autant, la garde. Il est d’une importance vitale pour la survie des institutions démocratiques que la voix du peuple soit écoutée dans les conseils de décision. Le syndrome de la crainte de l’avenir a déjà fait naître, dans notre pays, l’idée qu’il était nécessaire de restreindre les libertés individuelles et d’accroître les pouvoirs de l’Etat, c’est-à-dire les pouvoirs des politiques. L’attrait des dictateurs de ce monde n’est jamais aussi fascinant que lorsque l’avenir paraît menaçant. Leur façon d’assurer leur domination sur le peuple ne change pas ; ils exigent le sacrifice des libertés de l’individu aux grands impératifs historiques de la collectivité. L’avenir, prétendent-ils toujours, est entre leurs mains et eux seuls savent comment manœuvrer.
Après les déboires électoraux, de juin 2007, dans le département de la Likouala et avec le décès inopiné du secrétaire général du PCT, la direction du parti est divisée quant à la démarche politique qu’il convient d’appliquer aux militants dans ce département. Les tensions sont telles que la reprise en main de "certains camarades" est du domaine de l’impossible. Certains pensent qu’il faut user de la ruse, d’autres encore rêvent de la méthode forte et à l’intimidation.
Une question interpelle les observateurs. Le PCT est-il, aujourd’hui, dirigé par une majorité d’idée ou une majorité partisane ?
La succession du secrétaire général est ouverte. Chaque courant affûte les stratégies. Les congrès des organisations affiliées au PCT sont convoqués à tour de rôle. Hier, ce fut le congrès du CADD-MJ et demain viendra celui de la jeunesse du PCT, l’UJSC. Les affrontements ne sont pas encore frontaux ; ils se mènent à travers les luttes intestines telles que celles qui perdurent dans la Likouala. L’option d’aller aux élections locales dans des listes uniques procède de la mégalomanie et du piège. Il se trouve malheureusement qu’une frange importante sinon la majorité des militants et sympathisants du PCT ne se reconnaissent plus dans les accords électoraux signés par le parti et qui a abouti à leur exclusion du processus électoral, en 2007. On assiste, désormais, à un chassé-croisé des principaux animateurs des différents courants politiques qui s’affrontent au sein du PCT. Chaque courant veut s’aliéner la frange rebelle du PCT, dans la Likouala, dans l’attente d’hypothétiques élections au secrétariat général du parti. Les méthodes utilisées dans cette lutte souterraine sont révélatrices de sérieux malaises au sein du PCT. Les achats de conscience, les replis identitaires et la délation ne sont pas en reste au plus haut niveau de l’appareil du parti. Les luttes d’influence qui ont affaibli la jeunesse du parti, l’UJSC, refont surface, cette fois-ci, au cœur du secrétariat du parti avec beaucoup d’acuité. C’est le retour aux pratiques héritées du monopartisme ; le naturel est revenu au galop.
L’autoritarisme vit de la peur, mais il vit aussi de son proche parent l’ignorance. Il importe d’y songer à l’heure où l’avenir semble chargé de tant d’enjeux redoutables. Aujourd’hui, la Likouala et ses populations tirent les marrons du feu au point où dans la presse internationale comme dans la presse et l’opinion nationales, le département de la Likouala défrait la chronique. De "la lettre du Continent", en passant par l’Internet, sans oublier le magazine Afrique Asie, jusqu’à la presse locale, tous ces outils ont été onéreusement mis à la disposition d’une cause perdue pour nous faire oublier la fonction première de la communication : nous faire comprendre de nos semblables.
Seuls les esprits éveillés, pour ne pas parler d’initiés, mesureront la justesse de cet aphorisme : « Le média est le message ».
En effet, les moyens de communication, de nos jours, exercent une influence déterminante sur les actions humaines. Il faut que les populations congolaises apprennent une chose importante dans l’absorption de l’information que lire un texte ou tout autre support virtuel. La dépersonnalisation des relations humaines dans les supports modernes de l’information permet aux esprits pervers de s’exprimer de façon véhémente qu’ils n’oseraient le faire en leur nom et en toute circonstance. Cela se comprend : s’ils tenaient les mêmes propos au téléphone, ils se brouilleraient irrémédiablement avec leur interlocuteur ; s’ils le leur disent en personne, ils récolteraient probablement une réprimande. Ces éruptions médiatiques sont imputables certainement à une « absence d’inhibition » peut-être attribuable à « la rareté des signes de présence humaine ». Ainsi se déshumanisent lentement les rapports entre les êtres de chair et de sang à travers les messages virtuels.

A qui sont adressés ces messages ?

Une chose est certaine, le langage et les moyens virtuels utilisés ne sont pas à la portée du commun des mortels. Ces messages ne sont adressés ni a la population congolaise, en général, ni aux populations likoualiennes pourtant directement concernées. On ne peut pas s’adresser de cette manière à des gens qui, pour leur grande majorité, ne savent ni lire ni écrire. La plume, encore moins, l’Internet ne peuvent parler le langage de nos populations. Il est donc plus que probable que ces messages interpellent directement « Le Prince ».
La Likouala défrait ainsi la chronique sous les plumes malignes de ceux qui aboient pour se faire entendre sous le poids de la dalle démocratique. Les chaînes de l’ordre ancien ont été définitivement rompues grâce à l’éveil des consciences dans le département de la Likouala. La Likouala affranchie de l’obscurantisme ne se mirera jamais au clair de ses eaux comme « un village qui a perdu son chef » et qui recherche vainement un nouveau chef, comme le proclament certains écrits intéressés. Le rouleau compresseur qu’ils avaient promis aux populations likoualiennes est désormais en marche. Qui sont-ils ? Jusqu’où iront-ils dans la folle ambition de reconquête du secrétariat général du PCT ?
Depuis la débâcle électorale des tenants de l’ordre ancien en juin 2007 ; ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. Ils ne leur reste plus qu’une seule chose : la délation à travers la désinformation. Etant entendu que la délation est l’avant dernière marche avant l’échafaud. Ceux qui publient les « Lettres ouvertes » sont les mêmes qui écrivent les futuribles dans la presse internationale. N’ayant aucune preuve à leurs accusations et de peur de poursuites judiciaires, ils utilisent la presse étrangère pour salir des honnêtes gens. Ils attribuent leurs ambitions personnelles aux autres pour mieux se dérober.
La force des choses a voulu qu’une nouvelle pesanteur s’ajoute à leurs difficultés. La perte de contrôle du secrétariat général du PCT handicape sérieusement leurs projets machiavéliques Inutile de vous dire que l’agitation médiatique que l’on observe est la preuve que demain l’opinion, tant nationale qu’internationale, sera prise à témoin. Des actes criminels sont en cours de préparation. Les attaques contre la force publique contenues dans certains messages cachent à peine la soif de vengeance après la débâcle électorale de juin 2007.
Les héritiers de l’ordre ancien, en errance, ne cachent plus leur volonté de recourir à la force et au meurtre politique. Ils disposent de caches d’armes. Leur mainmise sur l’administration, dans certains départements de la République, ne fait l’ombre d’aucun doute. Ils pensent que seul le complot peut les sortir de leurs difficultés politiques. Sur le terrain ils s’étaient aménagé une rampe de lancement de leurs complots : le département de la Likouala qu’ils n’hésitent pas de qualifier de « département stratégique ».

Et si la conquête du secrétariat général du PCT ouvrait le chemin de la présidence de la république en 2016 ?

La cuisante défaite électorale des partisans du défunt secrétaire général du PCT dans le département de la Likouala est qualifiée de « conflit » par ces derniers. On peut lire dans les propos attribués à la presse internationale : « Dans le court terme, le Chef de l’Etat, semble être plus lié à Djombo », fin de citation. On retiendra les expressions pleines d’ambiguïté « court terme » et « semble être plus lié ». En d’autres termes, le Président Sassou serait lié à certains de ses ministres par un pacte secret qui l’obligerait de continuer à travailler, même, avec ceux qui ont été rejetés par les populations lors des dernières élections législatives. Confortés dans leurs fonctions, les héritiers du défunt secrétaire général du PCT interpellent le Président Sassou on lui faisant remarquer, sur fond de rumeurs infondées de prétendus assassinats que : « Le conflit entre les cadres de la Likouala a atteint une envergure complexe ».
Le Président Sassou doit intervenir pour sauver ce qui peut l’être encore pour maintenir le statu quo. Ce vœu a été, en partie, exaucé.
La double pesanteur de la débâcle électorale et de la perte du secrétariat général du PCT ne laisse guère beaucoup de choix aux héritiers d’un trône en voie de disparition. Alors ils avisent. La tentation est grande. Ils n’ont pas beaucoup de flèches dans la gibecière, seul héritage véritable, laissée par le patriarche. Ils savent qu’ils ne survivront ni à la perte de contrôle du département de la Likouala, leur rampe de lancement ni à celle du secrétariat général du PCT, leur laboratoire politique. Qui sera sacrifié à la gloire de la reconquête d’un royaume imaginaire ? Toutes les pièces du puzzle sont désormais en place pour le déclenchement de la violence politique sous toutes ses formes. Alors que dire de celui qui a écrit dans une pitoyable publication, le 06 novembre 2007, à peine douze jours, avant l’annonce du décès de Ambroise-Edouard Noumazalaye que : « ... Ceux qui croient que je briguerai le leadership de la Likouala du vivant de Ambroise-Edouard Noumazalaye devront savoir qu’un leader ne s’autoproclame pas... », "imprimant ainsi, à jamais, son index de la main droite dans la cendre vive", proverbe Kongo qui désigne une personne égocentrique, insensible à la misère d’autrui, ayant suffisamment d’orgueil et de la revanche à vendre. On est tenté de croire que l’homme était au courant que l’évolution de la maladie du secrétaire général lui serait fatale. Le 17 novembre 2007, Ambroise-Edouard Noumazalaye s’éteint à Paris.
Le caméléon a cessé le camouflage. Il agit désormais à découvert, il prend plusieurs formes. De la chenille au papillon vénéneux il sécrète un poison qui tue les oiseaux, les grenouilles et les chauves-souris. Les écureuils, aux aguets, sautent de branche en branche. Quand un écureuil en pourchasse un autre dans les arbres, il est possible que le poursuivant cherche vainement à ravir au poursuivi le fruit de sa chasse et qu’il voit rouge. "Ce sont les singes qui cassent les branches et ce sont les éléphants qui les reçoivent sur leur échine". La forêt est en émoi.
En un mot : il ne faut jurer de rien. Maintenant que le vin est tiré ; il faut le boire. Personne ne prend délibérément une mauvaise décision au mauvais moment ; le drame, c’est qu’un choix valable à première vue peut, du fait de conséquences inattendues, s’avérer désastreux au bout du compte.
On peut comprendre aisément l’agitation médiatique de nos jours. Difficile, devant l’accumulation de ces bourdes gênantes, de ne pas penser qu’une petite leçon de bon sens ferait le plus grand bien aux seigneurs de ce monde ! Mais ce sens dit commun est tout, sauf commun. Non seulement, il résiste mal à la tension inhérente à toute prise de décisions, mais lorsqu’il n’y succombe pas purement et simplement, il est balayé sans ménagement dès lors qu’il contrarie les décisions ou les ambitions du décideur. Nous savons pertinemment que l’être humain croit plus volontiers ce qu’il a envie d’entendre que la vérité. Il n’y a pas que les gens ordinaires pour succomber à l’attraction de l’illusion ; elle a été fatale à beaucoup d’hommes d’Etat.
L’une des pires erreurs de logique qu’on puisse commettre consiste à présumer que le passé est garant de l’avenir, que ce qui était sera "Ad vitam aeternam".
Une dernière remarque sur un sujet trop négligé dans notre société à la morale élastique : l’intégrité.
Décider et exposer inévitablement à la tentation de tricher. Face à un choix difficile, il est humain de chercher une échappatoire. Mais la voie facile mène d’ordinaire droit à la fraude. Ce qui importe, quand tout est accompli, c’est que vous puissiez vous regarder dans la glace sans vous détourner. La valeur fondamentale d’une décision se mesure à la paix de l’âme de celui qui l’a prise. Si par ailleurs, nous savons que "ce que nous écrivons fait loi". Allez, la messe est dite : « ...Ceux qui croient que je briguerais le leadership de la Likouala du vivant de Ambroise-Edouard Noumazalaye devraient savoir qu’un leader ne s’autoproclame pas, qu’il est désigné par sa communauté ou par ses pairs sur la base de son charisme, synthèse ou reflet naturel de ses qualités personnelles... ». Le roi est mort, vive le roi !! "Errare humanum est".

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