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Politique : Afrique Centrale : Les Américains prennent position.

LUNDI, 10 MAI , 2004 - 11:32

A l’initiative du Pentagone, un séminaire réunissant les experts civils et militaires de toute la sous-région s’ouvre ce jour à Yaoundé.
Thierry Ngogang

Officiellement, il s’agit d’aborder " les questions relatives à la gestion des conflits en Afrique Centrale et d’aider les dirigeants africains à trouver des solutions pratiques ". En réunissant plus de 70 responsables civils et militaires de la sous-région du 9 au 14 mai à Yaoundé, le Centre d’études stratégiques de l’Afrique (Cesa), une excroissance du Pentagone (le Ministère de la Défense américain) basée à Washington Dc, aura cependant du mal à convaincre les observateurs qu’il ne s’agit pas là de faire un pas stratégique de plus dans le contrôle des immenses ressources minérales du Golfe de Guinée. Pendant près de six jours, à travers les exposés en séance plénière qui seront présentés par des personnalités de premier plan, les ministres de la Défense et délégués des pays africains (Afrique du Sud, Angola, Burundi, Cameroun, Congo-Brazzaville, République démocratique du Congo, Guinée-Équatoriale, Gabon, Ouganda, Rwanda, Tanzanie et Zambie), auxquels s’ajouteront une bonne brochette d’experts internationaux et généraux américains, devront plancher sur les notions et les stratégies de ripostes potentielles susceptibles de casser les cycles persistants de violence, de troubles et de précarité.

L’autre objectif visé est de combler les failles au plan des mesures en matière de conception, de mise en place et de surveillance des programmes de gestion des conflits au sein de la sous-région. Pour le général Carlton W. Fulford Jr, actuel directeur du Cesa, la gestion des conflits est un sujet capital qu’il faut traiter pour que les nations d’Afrique parviennent à la sécurité et fassent des progrès en direction de la paix et de la prospérité. " Nous allons nous axer sur les efforts qui sont couronnés de succès tout comme sur ceux qui ne le sont pas-et sur les raisons de leurs échecs. Et nous attendons instamment de collaborer avec nos collègues d’Afrique ", a-t-il révélé. Le Cesa est une institution américaine unique, qui a pour but de favoriser le perfectionnement professionnel des responsables civils et militaires de l’Afrique, d’y soutenir la gouvernance démocratique et de promouvoir un dialogue soutenu et durable entre les responsables africains, européens et américains. Fondé sur le concept de centre régional du Département de la Défense, le Cesa constitue (avec ses quatre centres régionaux de coopération) un mécanisme utilisé par les États-Unis pour promouvoir et consolider les valeurs américaines et renforcer la sécurité nationale des États-Unis.

Le Cesa réalise ces objectifs en proposant des programmes universitaires rigoureux en matière de relations civilo-militaires, de sécurité nationale et déconomie en matière de défense. Des responsables aux expériences variées ont participé aux programmes du Cesa, y compris des ministres et haut fonctionnaires des divers ministères africains, des généraux, des chefs d’état-major de la défense, des colonels et autres hauts responsables militaires, des ambassadeurs et des diplomates, des dirigeants de la société civile, des directeurs d’organisations internationales et régionales, des hauts fonctionnaires du gouvernement américain ainsi que d’actuels et anciens chefs d’État africains.

Enjeux pétroliers
La philosophie du Cesa repose sur huit éléments fondamentaux qui servent de base aux activités du centre pour ainsi favoriser l’excellence académique et la pertinence des politiques. Il s’agit de la Consultation, du Partenariat, de la Qualité des programmes, de la non-attribution et la liberté de l’enseignement, de la Pertinence à l’égard des dirigeants africains, de la Pertinence à l’égard des politiques américaines, du Respect d’autrui et du Comportement éthique. Quel que soit le bout par lequel on la prend, la cérémonie qui s’ouvre ce matin à l’hôtel Hilton de Yaoundé sous le patronage du Premier ministre ,Peter Mafany Musongé, sera d’un enjeu capital pour au moins deux raisons. Premièrement, il est acquis que les États-Unis ne se préoccupent que des événements qui surviennent en Afrique dans la mesure où ces derniers peuvent avoir des répercussions sur leur propre sécurité. . Deuxièmement, et dans la continuité de la première raison, les autorités américaines ne cachent plus leur intention de s’implanter massivement dans la zone du golfe de Guinée qui, pour eux, va de la Mauritanie à l’Afrique du Sud, et dont l’Afrique Centrale reste la zone charnière.

L’objectif principal de ce redéploiement stratégique est de faire passer d’ici l’an 2025 leurs réserves pétrolières tirées de de cette zone de 15 à 25 %. Par rapport à celui du Moyen Orient, le pétrole du golfe de Guinée présente plusieurs avantages pour le gouvernement US. Il est d’assez bonne qualité et, à part celui du Tchad, essentiellement situé en haute mer (Off Shore), donc loin du continent et d’éventuels troubles socio-politiques. L’autre critère est géostratégiquee puisque, grâce aux supers tankers, ce pétrole se trouve à environ deux semaines des principaux ports américains. Rencontrés au mois de mars dernier à Washington, les membres de la commission Afrique du Congrés à Washington ont été clairs : " Les investissements américains devant considérablement s’accroître dans le Golfe de Guinée, il est urgent pour le gouvernement de sécuriser à tous prix les investissements et les ressortissants américains qui s’installeront dans cette zone ". Nul doute que la réunion qui débute ce matin va absolument dans le sens de la protection de ces intérêts.

Source : http://www.quotidienmutations.net/


Proposé par : niaou
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