email
OPINION

Présidentielles 2009 : Majorité comme opposition préparent le lit de l’abstention

Le monde politique congolais, majorité et opposition confondues, terriblement décrédibilisé depuis des années, en a fini de se déliter pour le peuple congolais qui n’a plus la moindre confiance en lui.

La majorité qui vue de l’extérieur semble posséder des apparences d’ouverture et de consensus, n’est constituée que d’un amalgame hétéroclite de prédateurs profito-situationnistes de tous bords acclamant de concert le messie Denis Sassou Nguesso pour quelques titres ronflants et des nonos à ronger. Pour elle comme pour lui, pas question de lâcher le pouvoir, ils auraient trop à perdre. Ils sont conscients du rejet qu’ils inspirent, au point que certains membres de cette confrérie contre nature n’hésitent pas à déclarer que sans « aménagements » du scrutin, ils ne dépasseront pas les 5%.
 Ils vomissent aujourd’hui ce et ceux qu’ils ont adulés hier, et renient sans vergogne leurs crédos antérieurs.
 Ils usent d’une technique devenue classique sous ces latitudes : ils s’offrent des candidats d’opposition tout acquis à leur cause. Ceux-ci se disent qu’ils obtiendront bien un porte feuilles ou une préfecture pour services rendus après la réélection triomphale de DSN ;
 Ils dénigrent par tous les moyens les autres candidats ;
 Ils usent et abusent de l’intimidation et emprisonnent des opposants sous des prétextes futiles…
 Ils trafiquent joyeusement des statistiques démographiques antédiluviennes et la répartition géographique de la population…
 Ils lancent à la va vite des grand travaux spectaculaires dont l’avancement cessera dès la réélection du « Batisseur »…

L’opposition intérieure morcelée ressemble à plusieurs puzzles différents dont on tenterait d’assembler toutes les pièces en un seul tableau.
 Des primaires sont elles décidées, qu’à l’instar de Ségolène Royal, les perdants refusent de reconnaître leur défaite. Ils préfèrent poser leur candidature plutôt que d’offrir une chance à leur parti en lui conservant une unité. (Déjà trois candidats déclarés à l’UPADS)…
 Les ambitions personnelles prennent le pas sur la politique, la politique politicarde l’emporte sur l’intérêt national qui lui-même éclipse l’intérêt public…

L’opposition en exil donne des leçons aux congolais et tente de les pousser à la désobéissance civile depuis ses refuges sécurisés, il sera toujours temps, plus tard de venir tirer, sans le moindre danger, les marrons du feu. [1]

Et dans tout ça, qu’en est-il de l’immense majorité des congolais qui vit au jour le jour sans boulot, sans eau, sans électricité, sans structures de santé, sans structures éducationnelles, sans routes, sans chemin de fer dans un pays où les politiques improductifs se vautrent dans le luxe et l’opulence ?
Et bien :
 L’immense majorité des congolais se dit que quoi qu’elle fasse, Denis Sassou Nguesso est assuré de conserver son trône ;
 L’immense majorité des congolais se dit que le jour du scrutin elle restera à la maison et qu’elle laissera toutes ces sangsues s’autoproclamer sans elle ;
 L’immense majorité des congolais a peur qu’une nouvelle guerre se déclenche car elle sait bien qu’elle seule en sera la victime ;
 L’immense majorité des congolais en a marre d’une politique qui se moque éperdument de l’opinion qu’elle est à même de faire valoir et dans ce cas, à quoi bon perdre son temps à se faire rabrouer dans les bureaux de vote ?

L’abstention fait peur aux politiques, être élu avec un taux de participation ridicule n’est pas sérieux. Comment prétendre devant les bailleurs internationaux qu’on est le chef de toute la nation si seulement une infime partie de celle-ci a accepté de s’exprimer ? Mugabé seul candidat au second tour au Zimbabwé s’est ridiculisé avec une participation de 25%. A l’opposée, le Ghana vient de donner une leçon de démocratie moderne bien comprise en laissant la porte grande ouverte à l’alternance. Le pays s’est exprimé avec près de 70% de participation parce que les électeurs avaient confiance dans le système mis en place.

Au Congo, magouilles et carambouilles sont en marche pour que rien ne change.

Sassou sera réélu, il le sera dans tous les cas, sous réserve d’une disparition prématurée ou d’une révolution de palais. Le congolais le sait, le congolais ne cautionnera pas, le congolais boudera les urnes quoi que le monde politique tente désormais, il est trop tard. C’est l’ensemble du monde politique congolais, majorité + opposition, qui portera la responsabilité pleine et entière de la désaffection de son peuple pour la chose publique et la régression du pays vers l’oligarchie.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.