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Procès contre Lissouba

BRAZZAVILLE, 26 déc (AFP) - 8h58 - Un procès contre l’ancien président congolais Pascal Lissouba accusé de haute trahison et de malversation financière s’ouvrira jeudi 27 décembre à Brazzaville en l’absence de l’intéressé qui vit en exil à Londres depuis son départ du pouvoir en 1997.

"C’est la Haute Cour de justice qui statuera publiquement. M. Lissouba est poursuivi pour avoir bradé le pétrole congolais", a déclaré mardi à l’AFP le procureur général, Gabriel Entcha Ebia.

Le gouvernement du président Denis Sassou Nguesso accuse l’ancien chef de l’Etat d’avoir vendu "à vil prix" du brut congolais à la société pétrolière américaine Oxy en 1993. Aux termes de ce contrat, le gouvernement congolais avait obtenu d’Oxy - en échange de la vente de la part du Congo dans le champ pétrolifère de Nkossa - une aide financière en espèce de 150 millions d’USD à raison de 3 USD le baril.

Découvert par Elf au large des côtes congolaises, le gisement de Nkossa devait entrer en production en 1996. Une partie des recettes générées par son exploitation devait servir au remboursement du prêt.

L’accord avait été signé sur instruction du président Lissouba deux ministres : Bénoit Koukébéné (hydrocarbures) et Clément Mouamba (finances).

A l’époque, l’opposition dont le général Sassou Nguesso était un des principaux dirigeants avait dénoncé le "bradage en règle" du pétrole.

Le régime de Pascal Lissouba avait défendu sa décision assurant que cet apport d’argent frais avait permis de payer les salaires des agents de la fonction publique, à la veille des élections législatives anticipées de 1993.

En revanche, l’accord avait sensiblement détérioré les relations du groupe ELF avec le président Lissouba, lequel reprochait au groupe français, tout à la fois son refus de l’aider financièrement et ses liens avec l’opposition.

L’ancien ministre des Finances, Clément Mouamba, présent au Congo a été entendu par une commission d’enquête, a indiqué M. Entcha Ebia

"Nous avons dépêché à l’étranger des commissions rogatoires" pour entendre notamment MM. Lissouba et Koukébéné. "Les résultats sont infructueux", a dit M. Entcha Ebia, ajoutant qu’un mandat d’arrêt international a été lancé contre M. Lissouba.

M. Lissouba était la semaine dernière à Paris, convoqué par des juges français dans le cadre d’une affaire liée à l’évasion de 33 millions d’euros des caisses du groupe Elf.

le 15 novembre l’ancien directeur général du groupe Alfred Sirven avait mis en cause M. Lissouba mais ce dernier a exclu toute "relation personnelle avec Sirven". Il a ajouté ne lui avoir jamais confié un "quelconque mandat de gestion des fonds".

L’ancien chef de l’Etat a reconnu devant le juge Renaud Van Ruymebeke avoir reçu de l’argent du président gabonais Omar Bongo par le truchement du "Monsieur Afrique" du groupe Elf André Tarallo en 1997 alors que son régime faisait face à une "rébellion" menée par le général Sassou Nguesso.

Le pétrole est le premier produit d’exportation du Congo. La plupart des gouvernements congolais ont obtenu des compagnies pétrolières des avances sur les recettes pétrolières pour assurer la régularité des salaires des fonctionnaires.

Cette pratique s’est traduite par la hausse de la dette du Congo dont l’encours est estimé à environ 5.000 milliards de Fcfa.

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