email

RDCongo : joie et méfiance après les premiers résultats électoraux

GOMA/KINSHASA (AFP) - A Goma, dans l’est congolais, les électeurs ont défilé lundi dans les bureaux de vote pour voir de leurs yeux "la victoire" de Kabila. A Kinshasa, dans l’ouest, les pro-Bemba, son rival, notent scrupuleusement les résultats de la présidentielle "en cas de fraude".

Dès le dépouillement terminé, chaque bureau de vote a affiché les résultats de la présidentielle et des législatives de dimanche, premiers scrutins libres en plus de 40 ans dans l’ex-Zaïre.

Dans certains centres électoraux de la capitale du Nord-Kivu (est), les électeurs ont noirci, à force de la pointer du doigt, la ligne où est annoncée la victoire écrasante de Kabila, le président sortant. Des scores qui avoisinent parfois les 90%.

« C’est une correction », "kisanola" (expression signifiant en swahili, la langue de l’est, +on les a peignés+) : les rires et plaisanteries fusent parmi les électeurs qui viennent de découvrir les faibles résultats de deux vice-présidents candidats, Azarias Ruberwa et Jean-Pierre Bemba.

« C’est un raz de marée pour Kabila, car avec lui, nous sommes assurés que nous aurons la tranquillité », se félicite Antony Musafiri, étudiant de 31 ans, dans le centre de vote de la mairie de Goma.

« Les gens n’ont pas assez de moyens, sinon, ils auraient passé la nuit en boîte à fêter », ajoute-t-il.

Ravi de ce qu’il lit sur la liste des résultats affichée sur le mur du bureau de vote, Esaü Kambale, 32 ans, employé d’une ONG, explique : « Kabila a beaucoup contribué au retour de la paix et à l’unification du pays (...). Il est réaliste ».

L’est de la République démocratique du Congo est la région la plus éprouvée par les dernières guerres (1996-2003). Dans certains territoires, sous la coupe de rebelles étrangers ou de groupes armés locaux, les populations sont encore quotidiennement victimes de violences.

Les deux Kivus ainsi que la Province orientale plus au nord comptent pour près d’un tiers de l’électorat.

Dans la capitale Kinshasa, à l’extrême ouest du pays, les électeurs sont munis de petits carnets, stylos bille et calculettes, et notent soigneusement les résultats de la présidentielle, bureau par bureau. Les plus scrupuleux sont ceux qui ont voté Bemba et craignent des « fraudes ».

« Le peuple vérifie. Nous sommes tous des observateurs », lance Mardoché Desakila, 33 ans, pasteur, entouré d’un groupe d’une dizaine de scrutateurs improvisés qui depuis le début de l’après-midi parcourent les centres de vote de la commune de Bandalungwa.

« Nous notons uniquement les résultats des deux premiers pour comparer avec les chiffres officiels », dit-il, comme si les listes affichées ne l’étaient pas. Jean-Pierre Bemba arrive largement en tête dans la vingtaine de bureaux de vote l’école primaire Ango Ango, suivi de Joseph Kabila.

Jean-Pierre, électeur affiché de Bemba, tape énergiquement avec son stylo sur son petit carnet. « Nous ne nous laisserons pas impressionner ! ». « On craint des fraudes en faveur de Kabila, la communauté internationale cherche à l’imposer. C’est pour ça qu’on est là, pour tout noter ».

A côté de lui, deux étudiants en gestion financière acquiescent. Ils sont surtout venus pour « faire un sondage », dans ce pays où ils sont rares et peu fiables et où les résultats officiels pour la présidentielle ne sont pas attendus avant un mois.

Ils ont téléphoné à des amis dans d’autres provinces du pays, au Bas-Congo (sud-ouest) et dans l’Equateur (nord). C’est « Bemba » qui passe, assure Shako Shiko, 24 ans.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.