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Royaume-Uni : les 24 suspects britanniques du complot aérien interrogés

LONDRES (AFP) - Les 24 suspects interrogés vendredi par la police, tous de nationalité britannique, s’apprêtaient à commettre une vague d’attentats terroristes d’une ampleur inouïe contre des avions de ligne à destination des Etats-Unis.

La Banque d’Angleterre a gelé dans la nuit les comptes de 19 de ces suspects arrêtés à Londres, à High Wycombe (ouest de Londres) et à Birmingham (centre de l’Angleterre).

Le Pakistan a annoncé par ailleurs l’interpellation la semaine dernière de sept personnes, dont deux Britanniques, liées au complot.

Le groupe était surveillé depuis des mois. Selon des sources citées par le Guardian, le complot a pu être déjoué grâce à l’interception d’un ordre donné depuis le Pakistan de déclencher les attentats coordonnés.

Les 19 personnes nommées par la Banque d’Angleterre sont britanniques, comme les auteurs des attentats suicide du 7 juillet 2005 dans les transports publics de Londres (56 morts, 700 blessés).

Ils sont âgés de 17 à 35 ans, dont la plupart ont autour de 25 ans. Tous portent des noms à consonance d’Asie du sud. Deux d’entre eux avaient abandonné leurs prénoms occidentaux après leur conversion à l’islam.

Le profil des suspects est varié. On compte notamment un maçon, un employé de pizzeria et un vigile, mais aussi un étudiant et président de la société islamique de la London Metropolitan University, ou encore deux frères vendeurs de voitures d’occasion. L’un d’entre eux allait être père, d’autres l’étaient déjà.

L’ampleur du complot continuait de surprendre vendredi.

De 5 à 12 appareils étaient visés selon les sources, toutes officieuses.

Plusieurs journaux britanniques évoquant des « sources au sein des services de sécurité » affirmaient vendredi que les terroristes planifiaient trois vagues de trois explosions en vol, une par heure. On ignorait encore si les explosions étaient prévues au-dessus de l’Angleterre, en plein vol transatlantique où à l’arrivée aux Etats-Unis.

Toujours selon ces sources, des explosifs liquides devaient être dissimulés dans des bouteilles de boissons énergétiques emportées par les suspects dans leurs bagages à main.

Les compagnies visées étaient américaines, American Airlines, United Airlines et Continental.

La conspiration aurait fait « des milliers » de victimes, ont estimé des responsables américains.

Le ministre de l’Intérieur John Reid avait déclaré jeudi que les « principaux protagonistes » avaient été arrêtés, mais que l’enquête continuait et demeurait « complexe ».

Scotland Yard continuait de garder les propriétés perquisitionnées jeudi.

Plusieurs disques durs d’ordinateur et sacs en papier ont été emportés jeudi soir par les policiers du domicile perquisitionné à Birmingham.

Des sources américaines anonymes citées par la chaîne américaine ABC assurent que cinq suspects restaient en fuite, dont le chef du complot.

La Grande-Bretagne restait vendredi au niveau « critique » d’alerte terroriste prévenant d’une « attaque imminente ».

Les passagers aériens sont tous fouillés au corps. Ils n’ont plus le droit d’emmener de bagages à main à bord des avions, à l’exception d’objets indispensables qui doivent être placés dans des sacs transparents. Tous les liquides sont interdits.

Les mesures de sécurité exceptionnelles dans les aéroports sont encore renforcées pour les vols vers les Etats-Unis. Elles ont causé des perturbations considérables jeudi, avec des centaines de vols annulés et d’importants retards.

De nombreux autres pays ont pris des mesures similaires.

« Cela sera encore une journée difficile pour les aéroports et les passagers, mais il y a une raison d’être optimiste : plus de vols décolleront », a prévenu jeudi matin Stephen Nelson, le président de BAA, l’autorité gérant les principaux aéroports britanniques.

« Il y aura encore des files d’attente et des annulations, mais nous avançons », a-t-il ajouté.

Les vols long-courriers paraissaient, comme jeudi, devoir être moins affectés que les destinations intérieures et européennes.

A Gatwick, le second aéroport de Londres, une cinquantaine de vols avaient déjà été annulés à 08h00 (07h00 GMT).

British Airways (BA), la principale compagnie aérienne du pays, maintenait la quasi-totalité de ses vols vendredi, mais prévenait de retards et de quelque 120 annulations affectant surtout les liaisons moyen-courriers au départ et à destination de Londres-Heathrow.

La compagnie à bas prix easyJet annonçait 112 annulations, sa rivale Ryanair une trentaine.

Les éditoriaux de la presse britannique vendredi demandent au gouvernement de ne pas saisir l’occasion du complot déjoué pour restreindre les libertés civiles, et de se montrer mesuré dans sa réaction.

L’archevêque anglican de York, Mgr John Sentamu, a critiqué de son côté la réaction du président américain George W. Bush à la nouvelle du complot.

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