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Russie : les crimes racistes prolifèrent sous Poutine

Saint-Petesbourg, 19/10 - Les meurtres racistes de plus en plus fréquents en Russie, commis le plus souvent par des jeunes assimilés aux skinheads, illustrent une xénophobie entretenue par la détresse sociale mais aussi un climat d’agressivité entretenu par le discours politique officiel.

Le procès en assises de trois jeunes Russes - deux âgés de 18 ans et un mineur au moment des faits - pour le meurtre raciste en septembre 2003 d’une petite Tadjike de 6 ans et les coups de couteau portés à une autre fillette de 5 ans, a commencé lundi à Saint-Pétersbourg.

Commis avec une "cruauté extrême" selon les termes de l’accusation - la petite victime a eu le crâne fracassé - ce meurtre est l’un des premiers dans la ville a avoir été qualifié d’acte raciste par la justice, qui rechigne tout comme les forces de l’ordre à voire dans ces agressions davantage que des actes de "hooliganisme".

Les meurtriers, qui ont été identifiés comme des skinheads et avaient frappé aux cris de "La Russie pour les Russes !", ont été arrêtés dans le cadre de l’enquête sur une affaire identique, le meurtre sauvage, en pleine rue, d’une autre fillette tadjike de 9 ans à Saint-Pétersbourg en février dernier.

Depuis, la série n’a cessé de s’allonger : au cours de la seule semaine dernière, un étudiant vietnamien a été tué en pleine rue à Saint-Pétersbourg, un ouvrier ouzbek l’a été dans la banlieue de Moscou, et un Chinois a été battu à mort à Tchita, dans l’Extrême-Orient russe.

Partout, les agresseurs étaient de jeunes hommes soupçonnés d’appartenir aux fameuses bandes de skinheads, qui compteraient plus de 50.000 membres en Russie selon les spécialistes.

Mais le témoignage d’un journaliste du quotidien Kommersant qui avait assisté par hasard à une "ratonnade" anti-Caucasiens commise dans le métro de Moscou, après la prise d’otages de Beslan (Caucase du Nord) en septembre dernier, par des jeunes Russes dont beaucoup n’avaient aucun des attributs caractéristiques des skinheads, a montré que le phénomène pouvait être plus large.

Les spécialistes soulignent que les mouvements racistes recrutent, en particulier dans les banlieues et des régions entières ravagées par la crise économique de la dernière décennie, parmi une génération de laissés-pour-compte de la Russie contemporaine, privée de repères moraux par l’effondrement de l’idéologie communiste après 1991.

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