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Rwanda : le TPIR presse le Kenya d’arrêter le financier présumé du génocide

NAIROBI (AFP) - Le procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan Bubacar Jallow, a pressé jeudi le Kenya d’arrêter Félicien Kabuga, présenté comme le financier présumé du génocide de 1994 au Rwanda.

Le TPIR dispose de renseignements selon lesquels M. Kabuga - un des hommes les plus recherchés par le tribunal - se trouve au Kenya, ou y fait de fréquents séjours, a déclaré le procureur lors d’une conférence de presse à Nairobi après avoir rencontré les autorités kényanes.

« Toutes les informations qui continuent de nous parvenir (montrent) qu’il visite ou qu’il réside dans ce pays et y fait des affaires », a ajouté M. Jallow, qui a pressé le gouvernement kényan de se conformer à ses « obligations légales » et d’aider à l’arrestation de M. Kabuga.

« Il est évident qu’il n’y a eu aucun progrès depuis l’année dernière », a poursuivi le magistrat à propos de sa précédente visite à Nairobi où il avait déjà réclamé l’arrestation du suspect.

Accompagné de 25 chefs de missions diplomatiques en poste à Nairobi, M. Jallow a rencontré mercredi le ministre kényan de la Justice, Martha Karua, et le vice-ministre des Affaires étrangères, Moses Wetangula, afin d’excercer une « pression diplomatique » sur Nairobi sur ce dossier, indique par ailleurs un communiqué du tribunal.

Le gouvernement kényan, interpellé à plusieurs reprises par la Conseil de sécurité des Nations unies, s’est engagé en août à traquer et arrêter M. Kabuga pour ensuite le remettre au TPIR. Washington a promis de son côté une récompense de 5 millions de dollars à quiconque donnera des informations pouvant conduire à sa capture.

Un des hommmes les plus riches du Rwanda au début des années 1990, M. Kabuga, un Hutu, est accusé notamment de génocide par le TPIR, chargé de rechercher et juger les principaux responsables du génocide de 1994 au Rwanda.

Il lui est notamment reproché d’avoir acheté les machettes utilisées pour tuer les Tutsis pendant le génocide d’avril à juillet 1994. Ces massacres ont fait, selon les Nations unies, environ 800.000 morts, essentiellement parmi la minorité tutsie.

Né en 1935, M. Kabuga avait dû quitter en 1994 la Suisse pour la République démocratique du Congo (RDC) avant de trouver refuge au Kenya, où il a échappé à trois tentatives d’arrestation.

Il est soupçonné d’avoir reçu une protection de la part de l’ancien président kényan Daniel Arap Moi (1978-2002).

Membre du parti présidentiel rwandais de l’époque, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), M. Kabuga était par ailleurs parent par alliance de l’ex-président rwandais Juvénal Habyarimana, dont l’assassinat le 6 avril 1994 a déclenché le génocide.

Basé à Arusha, dans le nord de la Tanzanie, le TPIR qui doit terminer ses procès en première instance en 2008, a prononcé à ce jour 26 condamnations et cinq acquittements.

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