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SASSOU SUBIT UN CUISANT ECHEC A ABUJA AU NIGERIA

SASSOU REVIENT BREDOUILLE D’ABUJA

LE "THEORICIEN" SASSOU RENVOYE A SES CHERES ETUDES APRES ABUJA

Echec et mat. Sollicité à Abuja pour régler le conflit dans le Darfour (Soudan) Sassou est rentré au pays, ce 25 août 2004, la queue entre les jambes. Lui, l’auteur d’une théorie sur la paix civile en Afrique n’a pas été d’un grand secours dans la résolution du conflit soudanais où, manifestement, sa "philosophie" a fait chou blanc. La théorie est-elle mauvaise ou serait-ce le théoricien qui est nul ?

"Le chef de l’Etat rentre du Nigeria" a titré la presse congolaise (Congosite).

Auteur d’une théorie sur la manière de régler les conflits en Afrique, Sassou vient d’essuyer un revers à Abuja d’où il est rentré bredouille, laissant le problème soudanais intact et les rebelles encore plus décidés que jamais à en découdre. Sassou est donc renvoyé à ses chères études dans son pays, où, de toute manière l’attendent ses propres problèmes internes avec sa rébellion ntoumiste, ses exilés, et son affaire des disparus du Beach.

La méthode "pacifiste" de Sassou a du mal à faire ses preuves

Sassou est infatigable. Il est atteint d’une maladie : la bougeotte. On le voit partout, en France, au Gabon, au Ghana. En effet l’homme des masses « est rentré du Nigeria, où il a pris part au sommet d’Abuja sur le Darfour. »

Il passe désormais pour un sage consulté par tous, réclamé dans tous les règlements de comptes. Voilà qu’après Libreville il a de nouveau enfourché son cheval et sa chéchia de sage pour le Nigeria pour un sommet qui a regroupé « le Gouvernement de Khartoum et les deux rébellions du Darfour, en présence de plusieurs chefs d’Etat africains. » et où ses conseils avisés, son expérience sa lucidité étaient fortement attendus par ses pairs qui voient désormais en lui le meilleur pacificateur du continent noir.

Sassou fut un hôte de marque qui a été reçu dans la capitale nigériane pour sa perspicacité, mais surtout « en sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (CEEAC). »
L’homme des masses est devenu expert en matière d’extinction des foyers conflictuels puisque comme chacun sait, le savant personnage est « Initiateur du Pacte panafricain de non agression » et dispose « d’une expérience en matière de règlement pacifique des conflits armés ; une expérience qui devrait servir d’élément de référence pour la résolution de la crise du Darfour. » En somme l’homme qu’il faut, le type-idéal, l’idéal-type pour trouver solution au terrible drame soudanais.

L’ambiance à Abuja fut bonne « Les discussions inter-soudanaises, placées sous les auspices du chef de l’Etat nigérian, Olusegun Obasanjo, également Président en exercice de l’Union africaine (UA), ont démarré dans de bonnes conditions. » d’entrée de jeu, les délégués sont allés à l’essentiel en attaquant le taureau par les cornes : « Le premier point de l’ordre du jour, celui concernant l’acheminement de l’aide humanitaire dans le Darfour, a été débattu. » apprend-on.

Abuja a dû être un exercice routinier pour notre pompier(pyromane ?) national. Bien des caractéristiques du conflit soudanais ne sont pas sans rappeler la guerre civile au Congo. La plupart des interlocuteurs ont dû se tourner vers notre chef de l’Etat pour solliciter son point de vue de théoricien du pacte de non agression panafricaine. Normal d’être ainsi sollicité quand on a de l’expérience en la matière et quand on passe pour un ponte.

Stimulées sans doute par cette précieuse présence à Abuja symbolisée par un homme qui incarne chez lui la Nouvelle Espérance, les deux rebellions soudanaises ont « insisté, lors de la première journée des discussions, pour que les questions politiques et économiques figurent en tête de l’ordre du jour. » Mieux, les deux parties en rébellion « ont demandé à l’UA de faire pression sur le gouvernement soudanais afin qu’il accorde au Darfour, ainsi qu’aux autres régions, une plus forte autonomie et une part plus équitable de la richesse nationale. »

Pour quelqu’un qui se bat pour l’unité nationale, Sassou a dû boire du petit lait quand l’un des porte-parole du MJE, Ahmed Hussein Adam a spécifié que « Nous ne cherchons pas à nous séparer de notre pays, nous voulons être égaux »
Pourtant, en dépit de l’intelligence du philosophe pacificateur, les parties en présence n’ont pas échappé aux questions de procédure liés à l’ordre du jour : « Les parties s’étaient retrouvées, dans le cadre de la deuxième journée des discussions, au siège de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) à Abuja, en présence du Président Obasanjo, ainsi que de responsables africains et des Nations Unies. »

Curieusement, malgré la présence des lumières comme Sassou et Bongo « les pourparlers se sont achevés sur un désaccord : les rebelles remettant en cause leurs précédentes déclarations, ont rejeté l’ordre du jour sur le point concernant leur désarmement. »
Auteur d’un traité sur la non agression quoi de plus normal que Sassou exigeât (en compagnie de ses pairs) le désarmement dans l’ordre du jour ? Réponse des rebelles : « Nous avons de nettes réserves sur cet ordre du jour (...) La question du cantonnement ne doit pas figurer à l’ordre du jour ». Telle fut la déclaration cinglante de l’un des responsables du Mouvement pour la Justice et l’Egalité (MJE), Ahmed Mohammed Tugod, délégué aux négociations à Abuja. Ce fut un véritable camouflet. A plus forte raison quand le responsable du Mouvement de libération du Soudan (MLS), Abdel-Wahid Mohamed Ahmed el-Nur, a ajouté de son côté : « Dans notre mouvement, nous rejetons complètement cet ordre du jour ».

Les sommets africains pour la paix se succèdent et se ressemblent. Ironie du sort, les rebelles soudanais ont renvoyé à la face des délégués étrangers les objections procédurières que eux-mêmes, dans leurs pays respectifs opposent à leurs adversaires.

Sassou ne multiplie-t-il pas les obstacles dans son pays quand on évoque la question de retour des exilés ? « Elle n’est pas à l’ordre du jour » l’entend-on clamer.

Dis-moi comment tu résous tes problèmes, je te dirai quelles sont tes chances d’être un bon juge.

Sassou, Bongo et cie ont été réduits à avaler des couleuvres : « Les deux hommes (de la rébellion soudanaise) ont indiqué qu’ils rejoindraient la table des négociations ce mercredi, mais qu’ils insisteraient pour obtenir un nouvel ordre du jour. »

Nos pompiers pensaient régler l’affaire en un tour de main.

Eh bien non : « Les pourparlers, initialement prévus pour la seule journée de lundi, devraient maintenant se prolonger plusieurs jours, mais aucune date-butoir n’a été fixée pour parvenir à un accord entre les parties. »

Les shérifs d’Abuja ont recouru à la vieille ficelle qui consiste à tout renvoyer aux calendes grecques : « Cependant, les délégués ont à l’esprit l’ultimatum lancé par les Nations Unies, donnant au Soudan jusqu’à la fin août pour désarmer les djandjawids (milices arabes pro-gouvernementales), rétablir la sécurité au Darfour et assurer l’acheminement sans entraves de l’aide humanitaire, faute de quoi le pays s’exposerait à des mesures internationales. »

Autant de menaces qui ressemblent à des coups d’épée dans l’eau et qui n’ont jamais eu d’effets sur aucun mouvement de rébellion depuis que les conflits existent en Afrique.

Le pays hôte en est même arrivé au chantage : « Dans le même ordre d’idée, l’UA envisage de transformer son contingent de 300 hommes chargé de la protection des observateurs du cessez-le-feu conclu en avril dernier en une vraie Force de maintien de la paix de 2.000 hommes. »

« C’est le gouvernement soudanais qui avait demandé l’aide de l’UA pour le cantonnement et le désarmement de rebelles, comme ils les appellent », a rappelé, amer, le Président Obasanjo.

Oui mais une demande d’aide ne signifie pas vendre son âme au diable dans un pacte où les signataires sont avant tout des pyromanes.

En conclusion, que penser de la théorie du pacte de non agression dont se targue Sassou depuis un moment et que sa propagande veut hisser au rang des plus belle avancées analytiques en matières de recherche de la paix en Afrique au 21è siècle ?
S’agit-il d’une théorie ? Est-elle fameuse ou fumeuse ? Mais est-elle au moins novatrice ou nouvelle ? Ne vous rappelle-t-elle pas le tristement célèbre pacte de non-agression germano-soviétique signée entre deux tyrans de la pire espèce Staline et Hitler peu avant la seconde guerre mondiale ? L’histoire nous apprend que les deux crapules ne respectèrent pas leur pacte. Ils s’agressèrent mutuellement et sauvagement.

De deux choses l’une : ou la théorie sassouiste est bonne ou ceux qui l’appliquent son mauvais.

En l’occurrence Sassou est notoirement mauvais théoricien et vilain acteur. Donc la théorie et le théoricien sont médiocres. Certes nul n’est prophète chez lui, mais il ne reste pas moins que pour être l’auteur d’une théorie pacifiste, Sassou vit cependant dans un pays où règnent terreur, agressivité, arbitraire, impunité, injustice.

On sait que plusieurs familles pleurent encore 356 des leurs portés disparus au Beach de Brazzaville. La paix dans le Pool (comme dans le Darfour soudanais) n’est pas encore effective. Les milices continuent de sévir sur le territoire national. La famine ronge la société congolaise. Et, au dernières nouvelles on vient d’apprendre l’assassinat d’une de Mme Bandou, une haute personnalité politique, ancienne candidate aux élections présidentielles. Cette dame aurait pu être chef d’Etat. Et, on n’a pas entendu Sassou faire une déclaration solennelle ou mettre le drapeau en berne. La nouvelle a été annoncée par un communiqué lapidaire à la télévision, comme un fait divers.

Enfin mauvaise nouvelle pour Sassou : le dictateur chilien Auguste Pinochet sera jugé. L’histoire l’a rattrapé. Initiateur de l’Opération "CONDOR" dans les années 1970, années noires, le dictateur chilien, a beaucoup tué.
Alors tout se paie ici bas ? Parents des "Disparus du Beach", gardez espoir : à tout crime, châtiment.

Simon Mavoula, 27 août 2004

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