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Sommet de Bucarest : la Francophonie veut affirmer sa vocation politique

BUCAREST (AFP) - Les dirigeants de 63 pays de la Francophonie, réunis jeudi à Bucarest pour un sommet de deux jours, ont prôné un renforcement de la vocation politique de cette organisation, une démarche cruciale "dans un monde en proie à des bouleversements intenses".

Pour la première fois, un président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, assistait à cette réunion, qui intervient deux jours après le feu vert de Bruxelles à l’entrée dans l’UE au 1er janvier 2007 de la Roumanie et de la Bulgarie, tous deux membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

« Je souhaite la bienvenue à la Roumanie et à la Bulgarie dans la famille européenne. Notre Europe s’élargit, s’enrichit et poursuit son aventure dans la paix, la liberté et la démocratie », a lancé M. Barroso devant les participants à ce Sommet, hébergé dans le gigantesque Palais du Parlement, au centre de la capitale roumaine.

Arrivé la veille à Bucarest pour une visite officielle, le président français Jacques Chirac a, quant à lui, plaidé en faveur d’une francophonie « solidaire, sereine et offensive, au service de la diversité et de la paix ».

« Il n’est pas d’horizon possible pour notre monde et pour la francophonie sans la paix », a-t-il déclaré.

En déplorant la « tragédie qui vient une nouvelle fois d’ensanglanter le Liban », M. Chirac a appelé à ne « pas tolérer qu’au sein de notre famille la discorde propage des incendies ».

Le chef de l’Etat français a également souhaité une « réconciliation » en Côte d’Ivoire, estimant que « seules des élections ouvertes et fiables (...) peuvent permettre une sortie de crise ».

Signe de ce « nouvel élan » de l’OIF prôné par son secrétaire général, le Sénégalais Abdou Diouf, la situation au Liban, en Côte d’Ivoire et au Darfour (Soudan) occupera une place importante dans la « déclaration de Bucarest », que les participants devraient adopter à l’issue de leurs débats, vendredi.

M. Diouf a ainsi évoqué les nouveaux « repères de l’action politique » de la Francophonie, qui doit « avant tout répondre au besoin criant de paix, d’égalité et de liberté ».

« La Francophonie doit aussi contribuer à réduire les tensions et les conflits qui nous affectent », a de son côté souligné le Premier ministre canadien Stephen Harper, en appelant l’OIF à « devenir un partenaire important dans les efforts de paix et de réconciliation ».

Ce sommet, le premier jamais organisé dans un pays d’Europe centrale et de l’Est, se penchera sur les « technologies de la communication dans l’éducation », la place du français sur internet et la « diversité culturelle », thème cher à M. Diouf.

Le Premier ministre roumain Calin Tariceanu a ainsi annoncé le projet de son gouvernement de créer à Bucarest la première « université francophone » d’Europe centrale et de l’est, en souhaitant qu’elle devienne « un centre d’excellence » pour tous les pays de la région.

Absent notable de ce sommet, qui intervient quatre ans après celui accueilli par Beyrouth, le président libanais pro-syrien Emile Lahoud, qui n’y a pas été invité, ce qui a déclenché une polémique.

Le président Basescu, qui a tenu à défendre son « choix » de ne pas inviter M. Lahoud en arguant des « suspicions » dans le rapport de l’ONU sur les circonstances de l’assassinat de l’ex-Premier ministre Rafic Hariri en février 2005, devait en revanche avoir une « rencontre bilatérale » avec le ministre libanais de la Culture, Tareq Mitri, le « représentant personnel » du chef du gouvernement Fouad Siniora.

Le sommet devra également décider des candidatures de l’Albanie, la Macédoine, la Grèce et la Principauté d’Andorre, qui veulent devenir « membres de plein droit » de l’OIF, tandis que cinq autres pays, Serbie, Soudan, Ukraine, Mozambique, Thailande, ainsi que l’ordre souverain de Malte, demandent à devenir observateurs.

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