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Journée Internationale de la Femme

Succès mitigé pour la réunion des Femmes Juristes du Congo section Pointe- Noire

L’indifférence congolaise

A l’occasion de la Journée Internationale de la Femme, ce 8 mars 2006 seulement 80 femmes se sont déplacées pour entendre des femmes juristes, les conseiller dans la défense de leurs intérêts. La tradition serait-elle plus forte que le droit, pour que les femmes préfèrent ainsi abandonner la partie ?

Daniel Lobé Diboto : Madame voulez-vous avoir l’obligeance de vous présenter aux lecteurs de Congopage ?

Sylvie Tchignoumba : Je suis madame Tchignoumba Sylvie présidente de l’Association des Femmes Juristes section Pointe-Noire. Magistrat et actuellement présidente du tribunal de commerce à Pointe-Noire.

DLD : Après 15 ans d’activités vous présidez le nouveau bureau de votre association. Voulez-vous présenter votre équipe ?

ST : Le nouveau bureau est composé d’une présidente que je suis, d’une secrétaire générale madame Christelle Nianganbouaguez et d’une trésorière madame Sandra Bouvac-Batchi.

DLD : Quels sont les objectifs de l’Association des Femmes Juristes ?

ST : Nous avons essentiellement pour objectif de

Madame Sylvie Tchignoumba

contribuer à l’édification de la règle de droit au fin d’améliorer les conditions de la femme et des enfants.

DLD : Inégalités, discriminations et émancipation sont les maître mots de vos revendications, prétendez-vous avoir les acquis aujourd’hui ?

ST : Oui, nous avons beaucoup d’acquis parce qu’il faut reconnaître que le Congo est l’un des pays où juridiquement il n’y a pas beaucoup de discriminations entre l’homme et la femme, le problème que nous rencontrons est un problème de mentalités.

DLD : Madame vous sentez-vous protégée par le code congolais de la famille ?

ST : Oui, en partie. Comme je le disais le code la famille n’est pas si mauvais que ça. Il est au contraire assez bon, il y a seulement une situation à améliorer, c’est celle de la veuve.

DLD : Présidente, bien des couples ne consacrent leur union qu’à travers le pré mariage ou le mariage coutumier, quelles sont les conséquences en cas de décès du conjoint ?

ST : Vous savez en cas de décès la femme pré mariée n’est pas protégée en ce sens qu’elle ne peut jouir des droits qui lui sont reconnus par le code de la famille, notamment en ce qui concerne la pension ou le capital décès. Maintenant elle peut être maintenue dans la maison pendant une année et c’est tout. Donc en tant que telle, elle n’a aucun droit. Nous, au niveau de l’association des Femmes Juristes, nous conseillons aux femmes d’emmener leurs conjoints prés mariés devant l’officier d’état civil.

DLD : Le code congolais de la famille prévoit la polygamie. Ce régime n’oblitère-t-il pas l’essence de votre lutte contre les inégalités et les discriminations ?

ST : Votre question est délicate. Il faut savoir que si la polygamie à été inscrite au Code de la Famille, c’est en partie à l’instigation des femmes. Elles estimaient qu’étant donné que dans les faits de notre société cela existait, il valait mieux la légaliser. Il est vrai que, la société évoluant, nous devrons nous battre pour la faire disparaître du Code de la Famille.

DLD : Force est de constater que la veuve et ses enfants sont souvent chassés du domicile conjugal en application de la coutume et en contradiction et mépris des textes légaux ?

ST : C’est là le principal combat que nous menons. Nous initions une action pour que le conjoint survivant ne soit pas chassé du domicile conjugal et qu’également les enfants puissent hériter. Vous savez que le conjoint survivant n’hérite pas. Nous nous battons déjà pour qu’il hérite.

DLD : Au cours des débats, j’ai p constater que la coutume supplante le droit. Les femmes ont peur de la sorcellerie. Quel message pouvez-vous adresser à ces femmes ?

ST : Le message que j’adresse est celui que l’Association des Femmes Juristes ne cesse de leur adresser depuis 15 ans : la sorcellerie ne peut être un prétexte de spoliation des biens de la femme et des enfants. Il revient à la femme de briser cette coutume en revendiquant ses droits. C’est donc un problème de mentalité. Il faut que la femme cesse de croire que si elle revendique ses droits les sorciers vont « bouffer » ou maudire ses enfants. En somme c’est une question de choix.

DLD : En cette Journée Internationale de la Femme, quel appel leur lancez-vous ?

ST : L’appel de la présidente des Femmes Juristes est un appel à la mobilisation. Il faut que la femme prenne conscience qu’elle est un être à part entière aux côtés de l’homme pour faire évoluer la société. Il faut qu’elle prenne des décisions relatives à sa vie et à son émancipation.

DLD : La collecte des désagréments que subissent les femmes et les enfants feront l’objet de propositions régulatrices aux fins d’amender le Code de la Famille. Votre banque de données est-elle suffisamment fournie ?

ST : Nous avons bien sûr une banque de données, mais on ne peut pas dire qu’elle soit suffisante. C’est pour cela que nous avons prévu des descentes dans des associations sœurs pour qu’il y ait échange d’expériences et de données.

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