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Toute l’Afrique du Sud fête les 88 ans de Nelson Mandela

JOHANNESBURG (AFP) Emissions spéciales, encarts sur papier glacé dans les journaux, hommages : toute l’Afrique du Sud a fêté mardi le 88e anniversaire de l’ancien président Nelson Mandela, qui a aussi reçu voeux et cadeaux du monde entier.

Le héros de la lutte anti-apartheid, affectueusement appelé par les Sud-Africains "Madiba" de son nom de clan, fait la une des journaux, souriant et décontracté.

Le caricaturiste du quotidien The Citizen, Mascher, résume ainsi la journée de Mandela : les joues gonflées, il souffle les bougies d’un énorme gâteau frappé du chiffre 88, pendant qu’un personnage représentant la carte du pays lui chante : "Happy birthday to you..."

« Sikunqwenelela imini emnandi, Tata Madiba ! » (Nous vous souhaitons un jour heureux, Papa Madiba !) est le message en xhosa - sa langue natale - de la télévision publique SABC reproduit en pleine page d’une édition spéciale du grand quotidien The Star.

Thabo Mbeki, qui lui a succédé à la tête de l’Etat en 1999, lui souhaite de « vivre encore longtemps, pour voir la pleine floraison » de la nouvelle Afrique du Sud qu’il a grandement contribué à bâtir.

« Joyeux anniversaire, Madiba ! Et longue vie ! », dit de son côté le Congrès national africain (ANC, ex-mouvement de libération aujourd’hui au pouvoir) dont il fut un des dirigeants historiques.

Le parti lui souhaite « de profiter de (sa) retraite bien méritée », en lui assurant qu’il ne « trébuchera pas et ne faiblira pas » dans la poursuite de son oeuvre de construction d’une Afrique du Sud démocratique.

Le principal parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), formation conservatrice à base électorale essentiellement blanche, lui souhaite aussi un « très joyeux anniversaire » et son leader, Tony Leon, le remercie pour l’« énorme contribution » qu’il a apportée à la démocratie.

Mandela devait fêter son anniversaire au "calme" et en privé dans sa résidence de Houghton à Johannesburg, a indiqué sa Fondation.

Il a reçu des cadeaux de toute l’Afrique du Sud et du monde entier. Parmi ceux-ci, figurent une paire de pantoufles artisanales en peau de mouton confectionnées dans le nord du pays, ainsi que du rhum et des cigares envoyés par le président cubain Fidel Castro, selon la Fondation.

Lundi, "Madiba" avait participé à une fête organisée par le personnel de sa Fondation, expliquant alors avec son célèbre sens de l’humour que jamais il n’aurait pensé vivre jusqu’à 88 ans en raison des nombreux combats de lutte traditionnelle à coups de bâtons menés pendant son adolescence.

Les célébrations marquant son anniversaire avaient débuté la semaine dernière avec une exposition de photos et la sortie d’un livre consacrés à sa vie, marquée par 27 années de prison durant le régime de l’apartheid, la plupart passées au bagne de Robben Island, au large du Cap (sud-ouest).

Issu d’une famille royale xhosa, Nelson Rolihlahla Mandela est né le 18 juillet 1918 à Mvezo et a grandi à Qunu, deux petits villages distants d’une soixantaine de kilomètres dans la province de l’Eastern Cap (sud-est).

Il a été élu président en 1994 lors des premières élections démocratiques de l’Histoire de l’Afrique du Sud, puis s’est retiré de la vie politique en 1999.

Héros de la lutte anti-apartheid, Nelson Mandela, ancien président sud-africain qui fête mardi ses 88 ans, semble toujours en forme pour un homme de son âge ayant passé 27 ans en prison, mais ses apparitions publiques deviennent de plus en plus exceptionnelles.

Depuis le début de l’année, il n’est réellement sorti de sa retraite que la semaine dernière pour des manifestations organisées à l’occasion de son anniversaire - qu’il fêtera en privé avec sa famille - et pour encourager son pays organisateur du Mondial 2010.

Souriant et détendu, vêtu d’une ample chemise aux motifs colorés, marchant à petits pas en se tenant au bras de sa fidèle assistante Zelda La Grange, il a assisté mercredi à Johannesbourg à l’inauguration d’une exposition de photos et au lancement d’un livre consacrés à sa vie.

Le lendemain, toujours à Johannesburg, il a rejoint l’ancien président américain Bill Clinton dans un établissement médical pour le lancement d’une campagne en faveur des enfants africains souffrant de maladies cardiaques.

Le 9 juillet, la télévision publique SABC avait diffusé un message enregistré de Mandela appelant à soutenir l’Afrique du Sud qui se prépare à organiser le Mondial 2010, au moment où certains sud-africains mettent en doute les capacités de leur propre pays à être prêt à temps.

Hormis ces récentes sorties, "Madiba", comme l’appellent affectueusement ses compatriotes de son nom de clan, n’était apparu publiquement qu’en janvier à Maputo pour le lancement d’un forum des anciens chefs d’Etat africains, puis le 1er mars en allant voter à Johannesburg pour les élections municipales.

Nelson Mandela avait annoncé en juin 2004 une « réduction significative » de ses activités publiques pour se consacrer à sa famille et à la rédaction du second tome de ses mémoires qui, deux ans après son annonce, n’est toujours pas sorti.

« Il n’est plus censé travailler désormais et le livre est devenu un fardeau », a expliqué Zelda La Grange, citée samedi par l’hebdomadaire Saturday Star. « Nous lui avons dit qu’il devrait le laisser de côté » et « profiter simplement de la vie, être libre de toute obligation », a-t-elle ajouté.

Le premier tome de ses mémoires, intitulé « Un long chemin vers la liberté », relatait surtout ses 27 années de prison, dont la plus grande partie au bagne de Robben Island au large du Cap (sud-ouest), et les négociations secrètes ayant abouti à la chute de l’apartheid.

Egalement cité par le Saturday Star, George Bizos, son ami et ancien avocat qui avait sauvé sa tête lors de son procès pour trahison en 1963, affirme que Nelson Mandela "va bien" et a gardé intact son célèbre sens de l’humour.

Il vit la moitié de l’année à Maputo avec sa femme Graca, veuve du premier président du Mozambique indépendant, Samora Machel, mort en 1986.

« Il voit moins de gens, parce qu’il se repose souvent, mais il se rend lui-même dans les librairies où il choisit des livres imprimés en gros caractères », affirme George Bizos.

Mandela avait été élu président en 1994 lors des premières élections démocratiques de l’histoire de l’Afrique du Sud. Il avait quitté la vie politique en 1999 à l’issue de son premier mandat et s’était ensuite consacré à la lutte contre le sida et à la protection de l’enfance.

Selon George Bizos, "Madiba" aime dire que « lorqu’il arrivera au paradis, il aura le sourire, rejoindra la première section de l’ANC (son parti) qu’il trouvera et sera trop heureux de discuter avec ses vieux camarades » de lutte comme Walter Sisulu, Albert Luthuli et Govan Mbeki, aujourd’hui décédés...

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