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Un Boulevard Wangari Maathai à Brazzaville

Retour sur le décès d’une grande dame : la disparition du Prix Nobel de la Paix 2004 constitue aussi une catastrophe pour la forêt du Bassin du Congo, dont elle était la marraine. Aucun doute, plusieurs autorités du Bassin du Congo se rendront aux obsèques de la militante écologiste. Mais, plus que les larmes, c’est d’un symbole fort qu’il faut susciter : faire durer le nom de Wangari Maathai dans les siècles des siècles.

« Aux grands-hommes, la patrie reconnaissante. » Si l’on transpose au Congo cette phrase inscrite au fronton du Panthéon, à Paris, Wangari Maathai mérite bien son Panthéon. Du moins une grande rue, une avenue, un boulevard. La militante anti-déforestation n’était pas Congolaise. Mais elle se rendait tout le temps au Congo ; elle connaissait ses forêts du bout des doigts. Et si le Congo est un exemple en matière de lutte contre la déforestation - tous les experts en conviennent - c’est aussi en partie grâce à Wangari Maathai. Non pas que le Congo soit un désert de personnalités anti-déforestation. Mais l’activisme de Wangari Maathai a fait renoncer quelques esprits voraces à dévorer la forêt congolaise à la vitesse du son. Sa grandeur, c’est d’avoir senti très tôt les ravages d’une déforestation sans limite, surtout dans le Bassin du Congo. Oui, c’était la rencontre d’un grand caractère et d’une grande circonstance. C’est donc tout naturellement que le Congo doit lui rendre un hommage éternel. Une grande école ? Une université ? Difficile de l’imaginer. Les hommes politiques congolais sont fâchés avec l’éducation nationale, trop coûteuse. Il faudra alors se rabattre sur un boulevard, dans la capitale. Mais un problème se pose : où le trouver ?

Une nouvelle espérance et un chemin d’avenir

Permettons-nous une digression : le Congo est, selon les chiffres du CIA World Factbook et les projections établies par le Fonds monétaire international (FMI) pour l’année 2011, ainsi que le taux de corruption mesuré par l’organisation « Transparency International  », la deuxième économie africaine après le Ghana, loin devant le Nigeria et l’Afrique du sud. Mais cette croissance à deux chiffres n’est pas visible dans la vie des Congolais, ou plutôt elle ne sert qu’a alimenter les comptes bancaires des hommes politiques de tous bords. Du coup, les infrastructures routières, par exemple, en pâtissent. Ce ne sont pas les tronçons Pointe-Noire-Dolisie et Pont du Djoué-Boko qui combleront le retard accumulé depuis des décennies, par voracité financière du personnel politique congolais.

Alors, pour trouver le boulevard Wangari Maathai à Brazzaville, il faudra débaptiser l’interminable boulevard Denis Sassou Nguesso, pour le rebaptiser Boulevard Wangari Maathai. Après tout, entre les deux personnalités, le fossé sur les actions concrètes est énorme. Et, contrairement à l’actuel président du Congo, Wangari Maathai incarnait à la fois une "nouvelle espérance" et un "chemin d’avenir"... Lui consacrer ce Boulevard sera une "image enchantée". Un symbole fort de la part du Chef de l’Etat. Et pour cause : "La symbolique répond aux défaillances de la représentation." Voilà !

Bedel Bahouna

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