email

Un congrès encourage l’Afrique à se prendre en main pour développer son économie

ABUJA (AFP) Pour développer son économie et ne pas faire l’impasse sur la mondialisation, l’Afrique doit savoir exploiter ses atouts et s’appuyer sur sa diaspora, ont estimé mardi des officiels américains à Abuja, lors d’un congrès sur les investissements sur le continent.

Plusieurs responsables américains qui participent depuis lundi au sommet de la fondation Leon H. Sullivan, ont été très directs dans leur message : le continent noir ne doit pas toujours regarder à l’extérieur et doit trouver "en interne" des investissements et des moyens pour mieux affronter les marchés étrangers.

« La diaspora est amorphe, inorganisée, elle n’aide pas au développement du continent. Quelqu’un doit s’en charger en Afrique. Ce pourrait être un envoyé de l’Union africaine (UA) spécialement chargé de la diaspora », a jugé un ancien ambassadeur américain au Nigeria, Howard Jeter.

« Les pays africains ont vraiment besoin de connaître les marchés américains pour adapter leurs produits et ainsi profiter des avantages offerts par l’Agoa (African Growth and Opportunities Act) », a pour sa part estimé Florizelle Liser, haut responsable du Département du commerce américain.

Adoptée en 2000, l’Agoa donne aux pays africains, acceptant d’adopter des principes d’économie libérale, un accès privilégié au marché américain dans certains secteurs.

Avant l’Agoa, souligne Mme Liser, les importations américaines en provenance d’Afrique représentaient à peine 1% du volume total des importations, contre 2,3% aujourd’hui.

Il y a un an, un forum Agoa à Dakar sur la « Coopération commerciale et économique entre les Etats-Unis et l’Afrique sub-saharienne » avait déjà appelé à intégrer le continent aux flux économiques mondiaux pour promouvoir son développement.

Pour l’ancien ambassadeur américain à l’Onu Andrew Young, qui co-préside la fondation Sullivan, les Africains doivent également réinvestir en Afrique les bénéfices dégagés à l’étranger.

« Les Ghanéens ont réinjecté quelque 2 milliards de dollars dans leur propre économie ces dernières années. Cela a largement contribué à mettre l’économie sur la bonne voie », a-t-il assuré.

Citant la contribution des Chinois et des Indiens de la diaspora au décollage économique de leurs pays, Andrew Young a lancé aux Africains : « Ne pensez pas seulement à vendre à l’étranger, n’oubliez pas le marché africain : plus de 700 millions de personnes, c’est un énorme marché ! »

Mais la réalité ne semble pas aussi simple. Une participante américaine raconte avoir posé une simple question à des officiels africains dans les couloirs du sommet : Comment un Africain de la diaspora peut-il aujourd’hui concrètement investir 200.000 à 300.000 dollars sur le continent ? Elle assure n’avoir reçu aucune réponse.

Plus sévère encore, ce jugement d’une participante afro-américaine : « Où est l’environnement favorable ? Pas de bonne alimentation électrique, de l’insécurité dans la plupart des pays, de mauvaises infrastructures. Les Africains doivent d’abord nettoyer leur maison avant d’imaginer nous inviter à y entrer ».

« L’Afrique, c’est chez vous. Vous devez voir l’Afrique comme une terre d’opportunités et de possibilités infinies. C’est pourquoi nous devons travailler ensemble pour réussir ensemble », a pourtant lancé lundi le président nigérian Olusegun Obasanjo devant quelque 500 participants.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.