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Vers quel service public de l’enseignement superieur au Congo ?

A l’aune d’une élection présidentielle, la préoccupation première d’un citoyen devrait être non pas de se soucier de la victoire de tel ou tel camp politique mais de se projeter dans la société de sa postérité pour ensuite déterminer son cap politique au moment du choix.

Il est de bon ton que nous (citoyens) prenions l’initiative du débat public sans toujours attendre que nos politiques nous en imposent l’agenda.

Dans le 6eme engagement de la nouvelle espérance, le président de la République Denis Sassou-N’guesso avait pris la juste mesure du délabrement de notre tissu socio-économique et de ce fait pris l’engagement honnête de concentrer les efforts de l’Etat sur le maintien des infrastructures sociales et économiques essentielles parmi lesquelles l’Université Marien N’gouabi.

On peut bien entendu contester les objectifs énoncés, critiquer les résultats obtenus, ou faire observer que son principal succès, l’amélioration relative de notre système éducatif tient à la politique volontariste et ambitieuse de la nouvelle espérance dans ce secteur comme dans d’autres qui a par exemple permis clairement de rétablir les calendriers scolaires et universitaires à la normale, et de promouvoir l’enseignement supérieur en incitant les accords partenariat entre le secteur privé et l’UMNG visant à la modernisation de cette dernière (Zain Congo & UMNG en 2008, M&P Congo & UMNG en 2006, Chevron…).
Il serait superficiel de faire l’économie du débat sur les différentes politiques d’éducation nationale menées dans notre Pays dont le principal tournant fut incontestablement la contrainte de la mise en place des programmes d’ajustement structurel incitant l’Etat à réduire drastiquement le budget des services publiques en général et de l’éducation nationale en particulier. Quelle que soit l’analyse des causes de la situation actuelle de l’UMNG, force est de constater que la réforme amorcée par le gouvernement actuel est une bon départ pour poursuivre un changement en profondeur de notre système d’enseignement supérieur. L’inadaptation de notre système universitaire public aux défis posés par l‘économie de la connaissance nous impose de revisiter urgemment ses objectifs et simplifier son organisation. La première mission des établissements d’enseignement supérieur publics n’est plus le recrutement des cadres de l’Etat, qui n’est plus au centre de la vie économique et industrielle, mais de servir les étudiants, de donner à chacun d’eux, quel que soit son milieu d’origine, toutes les chances de trouver son domaine d’excellence, de se préparer aux métiers du futur et de faire progresser le savoir.

Les objectifs que devraient se fixent ces établissements publics pourraient, se fondre en trois points :

  1. Permettre aux individus de se développer sur les plans personnel et professionnel ;
  2. Faire avancer le savoir à travers la recherche ; et
  3. Contribuer au succès économique et à la diversité culturelle du pays.
    Ces missions du service public de l’enseignement supérieur donnent un vrai rôle à l’université dans la société et l‘économie du pays.

L’UMNG EN BREF

Créée par l’ordonnance № 29/71 du 4 décembre 1971 du Président Marien NGOUABI, l’Université de Brazzaville devient Université Marien NGOUABI le 28 juillet 1977 est l’unique université publique de notre Pays.
Sa population est passée de 3.000 étudiants en 1971 à environ 15.000 en 2005 avec un effectif total de 575 enseignants permanents pour 546 vacataires et 556 auxiliaires (toujours en 2005).

A sa création en 1971, l’UMNG ne comptait que quatre établissements et en compte onze de nos jours. Elle comprend :

  • Cinq facultés :
    • Faculté des Sciences Economiques (FSE)
    • Faculté des Lettres et des Sciences Humaines (FLSH)
    • des Sciences (FS)
    • Faculté des Sciences de la Santé (FSSA)
    • Faculté de Droit
  • Six Grandes Ecoles et Instituts publics :
    • Ecole Normale d’Administration et de Magistrature (ENAM)
    • Ecole Normale Supérieure (ENS)
    • Ecole Normale Supérieure Polytechnique (ENSP)
    • Institut Supérieur de Gestion (ISG)
    • Institut de Développement Rural (IDR)
    • Institut Supérieur d’Education Physique et Sportive (ISEPS)
  • Un campus numérique, Campus Numérique Francophone de Brazzaville (CNF Brazza).

Son organisation administrative est la suivante :

  • DIRECTIONS SPECIALISEES DU VICE-RECTORAT
    • Direction des Affaires Académiques (DAAC)
    • Direction de la Scolarité et des Examens (DSE)
    • Direction de la Coopération Universitaire (DCU)
    • Direction de la Recherche (DR)
    • Direction de la Bibliothèque Universitaire (DBU)
  • DIRECTIONS SPECIALISEES OU SECRETARIAT GENERAL
    • Direction du Personnel et des Affaires Administratives (DPAAD)
    • Direction des Affaires Financières (DAF)
    • Direction des Logements et Bâtiments, Chargée de l’Entretien (DLBE)
    • Direction de l’Equipement (DE)
    • Coordination des Services Socio-Sanitaires (CSSS)

POURQUOI LA REFORME DE L’UMNG DOIT-ELLE ETRE UN DES ENGAGEMENTS FORTS ET CLAIRS DES PROGRAMMES ELECTORAUX DES CANDIDATS A LA PRESIDENTIELLE DE 2009 ?

Personne ne contestera que le système de lenseignement public au Congo a besoin d’une profonde et urgente réforme.

  1. Rendre l’université attractive
    • Nonobstant les tentatives de modernisation, les établissements publics d’enseignement supérieur sont en déliquescence et n’assurent souvent que le minimum des conditions d’enseignements théoriques et pratiques.
      Objectifs : À court terme, mener d’urgentes actions de modernisation globale de notre université pour que les enseignements se poursuivent dans des conditions optimales. A moyen terme, initier la construction d’une véritable université moderne digne du 21ème siècle.
    • Les étudiants ne subissent pas de sélection, ce qui est un bien et un mal. Un bien, car l’Université est (virtuellement) ouverte à tous. Un mal, car des amphis pleins à craquer ne sont pas des espaces réels de transmission de connaissances.
      Objectifs : faire évoluer la culture du diplôme pour que les étudiants et leur futur environnement professionnel n’attendent pas tout du diplôme et s’enferment beaucoup moins dans des schémas préconçus.
    • Une large majorité de notre population estudiantine sort chaque année du système de formation sans diplôme. Par exemple, la promotion 1992-1993 Chimie – Biologie – Géologie de la FS a montré que plus de 300 étudiants sur 400 inscrits en première année à l’université étaient en situation d’échec au terme de leurs deux sessions ; avec la baisse du niveau d’études à l’entrée de la première année cette tendance reflétant un très faible taux de réussite en première année se serait très probablement dégradée. Une infime part des diplômés universitaires à bac+4 recherchent toujours un emploi, plusieurs années après l’obtention de leur diplôme.
      Objectifs : conduire 50% des jeunes inscrits en première année de l’université vers un diplôme de l’enseignement supérieur et donner aux jeunes des formations qualifiantes qui leur assurent un avenir professionnel.
  2. Sortir de la paralysie de l’organisation administrative actuelle
    • Cette organisation sclérosante pour les établissements est marquée à la fois par un manque de pilotage, un manque de transparence et un manque d’ouverture sur l’extérieur. Les doyens ou directeurs d’établissements s’épuisant beaucoup dans une fonction de médiation plutôt que d’action.
      Objectifs : Donner une véritable autonomie d’action aux différents établissements composant notre université.
  3. Reconnaître le statut de Chercheur dans notre communauté
    • Le décret N°91/849 du 30 Octobre……1991 portant statut particulier du personnel de l’UMNG est sans équivoque, seul le statut d’enseignant y est reconnu. Ce qui inhibe toute activité de recherche au sein de notre université. La recherche universitaire doit devenir concrète et visible dans la vie du citoyen lambda congolais.
      Objectifs : Impliquer les chercheurs individuels (ou en équipe) des établissements de notre université dans la mise en place des politiques publiques de notre pays tout en instituant un véritable statut de chercheur de nos universités.
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