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Violences à Pointe-Noire : manifestation d’un profond malaise social

BRAZZAVILLE, 18 nov (AFP) - 9h28 - Les échauffourées qui ont fait deux morts la semaine dernière à Pointe-Noire (sud-ouest), principal centre économique du Congo, témoignent du profond malaise social provoqué par la montée du chômage chez les jeunes qui représentent les 2/3 de la population congolaise.

"Ces incidents montrent le besoin d’un dialogue social sur les préoccupations des jeunes : l’emploi et les meilleures conditions d’études", a commenté pour l’AFP lundi Christian Mounzéo, secrétaire général de l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), la principale organisation non gouvernementale de défense des droits humains au Congo.

Deux civils ont été tués par balle lors d’incidents séparés vendredi et dimanche à Pointe-Noire, selon la police.

Vendredi, un civil a trouvé la mort lors d’échauffourées entre un groupe de jeunes vendeurs établis sur une avenue dans le quartier Tié-Tié au nord de Pointe-Noire et une brigade anti-criminalité.

Les incidents ont éclaté lorsque les policiers ont décidé, à la demande des autorités municipales, d’évacuer la chaussée envahie par des jeunes vendeurs. Mais ces derniers ont refusé de bouger et ont riposté en lançant aux policiers des mangues et des pierres

L’un d’eux, que les policiers ont dit avoir identifié comme étant le "meneur" de la résistance a été abattu par un policier.

Ce meurtre a provoqué une vive réaction des vendeurs ambulants qui se sont retournés contre les commerçants ouest-africains qui tiennent boutique à Tié-Tié.

"On a décidé de faire partir les jeunes sans leur offrir une alternative. C’est ce qui explique leur résistance", déplore M. Mounzéo un habitant de Pointe-Noire pour justifier l’attitude des jeunes vendeurs.

Dimanche, un civil a été tué par une balle perdue lors d’une fusillade entre un groupe de militaires chargés de convoyer les trains sur le Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) - entre Pointe-Noire et Brazzaville - et des policiers du commissariat central au centre-ville, ont indiqué les témoins.

Lundi matin, aucune explication n’avait été fournie sur les raisons de cette fusillade qui a provoqué une panique générale.

Les 13 et 14 novembre, des heurts ont opposé, dans deux lycées de Pointe-Noire, les élèves qui manifestaient pour réclamer de meilleures conditions d’études aux policiers de la brigade anti-émeutes.

Il y a eu des blessés dans les deux camps.

Bien que réputée ville riche et "sécurisée" Pointe-Noire - qui compte 600.000 habitants - n’est pas à l’abri des revendications de jeunes en quête d’emplois de l’avis d’un économiste Jean-Pierre Tati, lui-même au chômage.

"Pointe-Noire est une ville pétrolière. Elle est le centre économique du Congo. Il n’est pas normal qu’il n’y existe pas d’alternatives pour les jeunes qui ont terminé leurs études", regrette Jean-Pierre Tati.

Faute d’emplois, nombreux sont les jeunes gens qui ont installé des échoppes dans les marchés publics.

Le chômage touche plus de la moitié de la population active du Congo, constituée essentiellement de jeunes de moins de 30 ans qui représentent les 2/3 de la population nationale estimée à plus de 3 millions d’habitants, selon une source officielle.

En 2001, le gouvernement et les principaux syndicats, la Confédération syndicale des travailleurs du Congo (CSTC) et la Confédération syndicale congolaise (CSC) ont conclu une trêve sociale de deux ans.

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