email

"Vous êtes tribaliste !" lance le journaliste Iloyi Ibara au député Upads Honoré Sayi à Télé-Congo

Boris Iloyi Ibara journaliste à Télé-Congo, a dû se mordre les doigts ce vendredi 26 octobre 2012, pour avoir invité dans son émission, « L’Odyssée de la démocratie », l’honorable député Honoré Sayi de la 2ème circonscription de Dolisie. Sale quart-d’heure.

Ibara aurait dû se douter du début de son calvaire (car c’en fut un) quand son invité signala qu’en plus de son mandat de député il était prof de philo. Cette race d’intellectuel n’a, en général, pas coutume d’avoir la langue dans sa poche. Autre élément supplémentaire qui aurait pu mettre la puce à l’oreille du journaliste, l’appartenance du député à l’Upads, parti du Pr. Lissouba viré par Sassou à la suite d’un coup d’Etat.

Fraudes

Après les préliminaires d’usage, Boris Iloyi Ibara, brusquement transformé en militant du PCT, lance la première charge en s’en prenant au faible nombre de députés envoyés par l’Upads à l’assemblée (9 seulement) alors qu’à la première législature, ricane Ibara, il en comptait 11. Comme s’il n’attendait que cette occasion pour en découdre avec notre journaliste, le philosophe de Dolisie rétorque que parmi les 9, le parti avait réussi à faire élire 4 nouveaux députés ce qui, sur le plan qualitatif, était un bon point même si numériquement ce n’était pas réconfortant. En plus, ajoute le philosophe, les adversaires de l’Upads avaient usé de fraude et, par conséquent, il n’y a aucun mérite d’acheter une victoire à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes.

Par ailleurs, lui (le philosophe) avait battu campagne avec des moyens modiques, utilisant comme image publicitaire la photo de sa carte d’identité, photocopiée et placardée tant bien que mal ça et là alors que ses adversaires affichaient d’immenses posters sur des méga-panneaux. Bref, les candidats n’étaient pas tous égaux dans ce challenge.

Le Nord politique

Là, Iloyi Ibara, redresse sa veste de journaliste encarté : « oui mais ne me dites pas que vous n’avez pas été aidés par le PCT en voulant épargner à l’Upads l’humiliation de ne pas avoir de député dans le Niari. De plus comment expliquez-vous qu’un grand parti comme l’Upads ayant été au pouvoir pendant 5 ans n’ait totalisé que 9 députés. »

Ibara ne s’attend pas à la contre-attaque. C’est une volée de bois vert.
« D’accord, reprend le député Honoré Sayi, mais vous savez bien dans quelles conditions l’Upads a quitté le pouvoir ! » Diantre, pour un crime de lèse-majesté on ne peut mieux faire ! Le thème tabou du coup d’état du 5 juin 1997 revient dans la mémoire des téléspectateurs.

Silence du journaliste suivi d’un sourire jaune qui se métamorphose en rictus lorsque notre philosophe/député ajoute que le nord politique commence (à Brazzaville) sur l’avenue de la Paix et finit à Dongou, vaste étendu où ne flotte que le drapeau d’un seul parti, le Pct.

« Vous oubliez que Charles Ebina n’est pas du Pct » réplique, triomphal, Ibara.

« Oui mais c’est tout comme  » assène Sayi qui est loin d’être dupe de la stratégie de dédoublement du Parti Congolais du Travail au travers des partis indépendants, anonymes, synonymes, éponymes, pantomimes, satellites, monolithes...

Tribaliste

Ayant quitté dès le début de l’émission la langue de bois, l’honorable Sayi poursuit sa litanie d’incongruités dont est parsemé le Congo de Sassou : « Dolisie est le fief naturel de l’Upads, trouvez-vous normal qu’il n’y ait que peu de députés dans le Niari ? »

« Vous êtes tribaliste ! » cogne Ibara usant ainsi de l’argument massue avec lequel le Pct expédia nombre d’Opposants dans l’au-delà.

Sans se démonter l’honorable Sayi riposte « Citez-moi un seul député de l’Upads élu à Oyo  »

Colère de Boris qui reprend la qualification de « tribaliste » en l’associant à la question-piège : « Que pensez-vous de l’élection d’Emmanuel Yoka à Vindza ? »

L’œil malicieux, Ibara attend avidement la réponse. « Tant mieux pour lui, en tout cas je n’ai pas à juger son heureux score à Vindza » drible subtilement Sayi.

Congrès

« Pourquoi avez-vous de la peine d’organiser un Congrès à l’Upads ? » frappe dans le tas Ilo Ibara qui ne sait plus quelle arme utiliser après la peau de banane placée sous le pied de son invité. Réponse du philosophe « Le Pct, alors dans l’opposition, mit huit ans à organiser le sien. Le nôtre, nous le tiendrons le moment venu  »

« Huit ans ? Je ne sais pas, je n’étais pas encore journaliste à l’époque  » botte en touche le camarade Iloki montrant, par la même occasion, son impréparation de l’émission ; son impréparation et le népotisme grâce auquel il fut bombardé chef du service politique à la télé.

« Disons que vous n’étiez pas né » ironise le disciple de Descartes.

KO debout, le journaliste/maison crée la diversion en projetant un document sur le retour du Mali au sein de l’Ua après en avoir été exclu suite au coup d’état militaire du mois de mars dernier.

« Qu’en pensez-vous ?  » demande Ibara à son invité.

« J’ai lu l’ouvrage sur l’Afrique en kimono, désormais il y a l’Afrique en kalachnikov. C’est triste de voir les pays revenir sur les frontières de la colonisation. La question de l’échec de l’idée de Nation est liée à tout ce désordre  ».

A ce niveau du duel, le journaliste, groggy, est sauvé par le gong de la réalisation qui, sans transition, envoie la pub à l’écran. Fin de l’émission.

Télé-Congo pensait préserver la pensée unique en vogue sous Sassou de cette façon-là. Mais un peu tard, car le mal était déjà fait. Le public sait désormais qu’on peut tenir tête à un représentant du Chemin d’avenir à Brazzaville, de surcroît dans un média situé dans les quartiers nord, fief des Cobras.

L’honorable Honoré Sayi n’est pas près d’être de nouveau invité à Télé-N’kombo où l’on est habitué de faire le mouton.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.