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Zacharie charles Bowao ou la misère de la philosophie

Le philosophe/ministre Charles Zacharie Bowao n’a pas compris que les monarques ne comprennent pas ceux qui les flattent en se flattant de pouvoir les émouvoir.

Brutus

Les potentats aiment ceux qui ne les aiment pas car au moins ils ont l’assurance d’avoir identifié ceux par qui la mort peut les frapper. Or ceux qui les couvent et les couvrent d’amour ont cet avantage ou cet inconvénient (c’est selon) de dissimuler au tyran cette faculté de voir clair dans leur jeu. Brutus réussit à ôter la vie à son oncle Jules Auguste César parce que ce dernier ôta toute suspicion dans sa tête, en supposant, un seul instant que l’idée d’un assassinat pouvait naître dans la tête d’un neveu, le fils de sa propre sœur ou de son propre frère. D’ailleurs, à ce sujet, Sassou devrait se méfier de Jean-Dominique Okémba, le tristement célèbre neveu.

Courrier

Cela dit, Charles Zacharie Bowao aurait donc adressé un courrier à Sassou par la voie express de son parti, le PCT, dont ledit Sassou est le Président (bien qu’anticonstitutionnel), cela, dans le but avoué de l’attendrir et de lui rappeler par la même occasion son allégeance. Quel hypocrite doublé de naïf ! A juste titre, notre ami, Daniel Nkouta, auquel le contenu subliminal de l’épitre n’a pas échappé, a pouffé de rire.

Tchystère

Pourquoi notre philosophe n’a-t-il pas pris, comme base de réflexion, feu Tchystère Tchikaya qui, dans les années 1980, accusé d’avoir posé des bombes au cinéma Star (toujours le prétexte des explosions) se fendit d’une pitoyable lettre au président du PCT de l’époque (le déjà n°1 Sassou). Les larmes que le camarade/ministre Tchystère Tchikaya versa dans la missive n’ébranlèrent guère Sassou qui a une pierre à la place du coeur. Tchystère fut pris, embastillé et jugé sans qu’on ne tienne compte de ses lamentations sur fond de zèle militant pécétisant. Il ne dut son salut qu’au fait d’appartenir à la tribu-classe de l’épouse de Sassou : les vili.

Lèche pied

Peut-être que Zacharie n’est pas au courant de l’anecdote ; mais il se raconte qu’un ministre dont nous tairons le nom, un ministre sur le point d’être limogé, s’allongea devant Sassou, lécha littéralement ses pieds, fendit en larmes, supplia Sassou de ne pas exécuter sa sentence. C’était mal connaître le vainqueur de Lissouba qui a du granit à la place du coeur. Intraitable, Sassou maintint son projet de le virer, manquant presque de lui donner un coup de savate à la gueule.

De Gaulle

Les potentats détestent ceux qui n’ont pas peur de se rouler dans la boue de l’humiliation. Après un attentat contre sa personne, De Gaulle fit fusiller l’officier à l’origine de ce coup d’état avorté ; non parce qu’il attenta à sa vie mais parce qu’il fit commettre l’action militaire par un subalterne. De Gaulle le tua parce que le conspirateur ne courut pas lui-même, en tant que chef militaire, le risque de se faire tuer dans une opération hautement dangereuse. Les hommes puissants, cela va sans dire, ont du respect pour les courageux du camp adverse. C’est sûrement pour cette raison que Bernard Kolélas faisait l’admiration béate et bête de Sassou oloma niama.

Bouc-émissaire

Tout le monde sait que Tchystère ne savait rien dans l’affaire des bombes du cinéma Star et de l’Aéroport de Maya-Maya. Dans le même ordre de fausse accusation, personne n’ignore que Sassou n’ignore pas que le ministre délégué à la défense, Charles Zacharie Bowao ne sait rien dans les explosions de Mpila. Mais il paiera comme paya Tchystère, comme paya Ndalla Graille, parce que ces deux-là étaient... innocents. Un innocent qui paie, ça s’appelle un bouc-émissaire. Quand les Juifs sacrifiaient, ils n’égorgeaient pas de mouton noir. L’animal émissaire doit être blanc, pur, sans tâche, immaculé, innocent. De toute façon Sassou, grand-maître maçonnique, doit livrer en holocauste au peuple mbochi meurtri un bouc blanc, de préférence dans un clan de l’alliance car il a trop prélevé dans le Pool. Hier c’étaient Les Plateaux avec Ntsourou et Okombi Sallisa en guise de boucs. Cette fois-ci, ce sera La Likouala, région dont les habitants, ironie du sort, sont surnommés Katangais - du nom de la province où mourut Lumumba, autre bouc-émissaire de la crise congolaise pré-zairoise.

Misère de la philosophie congolaise

C’est ici que, en accord avec Daniel Nkouta, le statut de philosophe de Charles Zacharie Bowao est sujet à caution. Première incongruité : Zacharie Bowao accepta le poste de ministre des militaires sans démissionner dès le premier conseil de ministres. Mais que diable était-il allé faire dans cette galère, lui un civil ! Toujours cet appât du gain qui caractérise ceux du Septentrion ? On comprend mieux la misère de la philosophie congolaise avec ce genre de choix où on ne laisse pas de choix au logos de dissuader l’appel du ventre. Charles (Karl en allemand, comme Marx) aurait pu prendre, cette fois-ci, comme modèle, Luc Ferry, ministre/philosophe sous Sarkozy qui rendit son tablier dès que la lumière de la raison visita son cerveau au contact du pouvoir, l’âpre pouvoir, cette chose sans foi ni loi. Au contraire Karl Zacharie se complut au jeu sadique du pouvoir, dans la forme exagérée avec laquelle les agents du Chemin d’avenir s’emploient à l’exercer, en dévorant tout sur leur passage. Notre Karl Marx d’Impfondo a avalé avec délectation ce qui donna la nausée à Jean-Paul Sartre. Bowao le Bomitaba s’est copieusement sali les mains. Mouche, il a été attiré par la boule puante que représente le PCT aux yeux de 99% de Congolais. Philosophe et membre d’un parti qui affame, tue, pille, vole, viole, spolie, spécule, encule, recule, est en recul : c’est la seconde incongruité chez ce penseur qui, somme toute, ne pense rien de bon au sujet du concept de la lutte des classes, la véritable lutte qui chasse de l’histoire des voyous comme ceux rassemblés au sein du réseau appelé Chemin d’Avenir.

L’allemand

Heidegger disait des Français qu’ils parlent allemand dans leur tête quand ils font de la philosophie. L’ironie heideggerienne énerve d’ailleurs les Français. Bref, Zacharie Bowao n’est pas philosophe ou alors, moi, je suis docteur en hébreu, agrégé en sanskrit, licencié en chinois, diplômé en serbo-croate. Non Bowao ne parle pas allemand dans sa tête  ; non, il n’expose pas l’esprit à la critique de la raison pure dont parle Emmanuel Kant. Quelle critique a formulée Bowao contre tous ces actes commis par Sassou, actes qui heurtent la raison ? Nein, rien, nada  ! Nous avons, du reste, cherché, en vain, un article écrit par le ministre/philosophe. Au lieu de s’éclairer de la lumière de la raison, Bowao a avalé les couleuvres, jouant des biceps durant les années folles du coup d’état du 5 juin 1997, laissant de côté le jeu des concepts appris selon le modèle de la logique de la découverte scientifique (Kar Popper), cela, en dépit d’un obscur opuscule qu’il écrit sur la Méthode cartésienne aux Editions NEA à Dakar. Vous parlez d’une lumpenphilosophie...

Écrits

Louis Althusser, redoutable penseur français se disait « philosophe sans œuvres faisant de tout ouvrage œuvre philosophique  » Un jeune admirateur de Zacharie Bowao croisé dans un salon des Editeurs à Paris cette semaine, vantait les ouvrages écrits par Bowao. Mais dans quelle unité de recherches fait-il ses preuves ? Dans quelle Université ? Si c’est celle qui porte, selon Daniel Nkouta « le nom d’un parachutiste », permettez qu’on en doute. Selon sa biobibiographie, Bowao a écrit sur Descartes et sur Pierre Bergé. Or, philosophe sans œuvres, Louis Althusser est mort dans la misère matérielle, dans une chambre d’étudiant à L’Ecole Normale où il apprenait aux jeunes Français à parler allemand dans leurs têtes. Cependant Bowao est un philosophe qui en a gros dans le ventre, il a pris de l’embonpoint depuis sa nomination au ministère des armées, ce qui est le signe extérieur du « boukoutage  ». Cela dit Althusser est un espiègle de la pensée puisque, pour un « philosophe sans oeuvres », il a tout de même beaucoup produit sur Marx (Lire le Capital) et sur les appareils répressifs d’Etat (la Police, la Justice etc.) dont, justement, Zacharie Bowao est en train de faire les frais avec son inculpation et sa potentielle incarcération. « Voulant se rendre à Paris pour participer à un jury de thèse, il a été empêché de prendre l’avion à Maya-Maya  » nous a dit le jeune admirateur du salon de l’Edition. En fait Bowao est en prison ; une prison à ciel ouvert. C’est peut-être le pire des embastillements.

Marien Ngouabi

Notre professeur Jean-William Lapierre (paix à son âme) disait que l’intellectuel c’est celui « par qui le risque arrive ». La lettre de Bowao au PCT est celle d’un individu qui tient à sa petite santé. Voilà pourquoi elle doit forcément faire ricaner Emmanuel Yoka, Dominique Okemba et Sassou. En d’autres termes elle sera sans suite.

A sa place, j’aurai, comme le philosophe de la lutte des classes (Marx) dénoncé l’injustice dont il est l’objet car ce n’est pas lui l’auteur du « tsunami sans raz de marée » qui a ravagé le quartier de Mpila le 4 mars 2012.

Encore pour cela, il eut fallu qu’il ait l’opportunité d’étudier dans une Université qui porte le nom d’un vrai intellectuel, Antoine Létembey Ambilly par exemple ou Abbé Eugène Kakou (que proposa Antoine Létembey Ambilly) au lieu de »Marien Ngouabi » plus connu dans le milieu mbochi comme «  para commando  » que comme Oiseau de Minerve (terme générique des philosophes).

Corbeil Essonne 21 octobre 2012

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