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Treillis

A bas l’armée !

Entendons-nous bien : l’armée congolaise dont on parle (25.000 hommes ) est un ramassis de miliciens estampillés Tsambi-tso. Rien n’interdit de dire qu’elle n’a rien de « républicain » .

Cela dit, un bon soldat c’est celui qui est bon pour briser ceux qui menacent la sécurité du Pouvoir. En cela, le général Serge Oboa, nouvellement promu par ethnocentrisme, est un excellent militaire.

C’est sans surprise que ce militaire a psalmodié à l’attention de ses troufions : « Je félicite et encourage les nouveaux promus au premier trimestre 2022. Je les exhorte à plus d’effort, de discipline, de disponibilité, de loyauté et de fidélité aux institutions constitutionnelles ; à toujours redoubler d’ardeur au service, à répondre avec empressement aux appels du commandement... Je rappelle que cette année est celle des échéances électorales, nous réitérons aux frères d’armes de sécuriser les élections législatives et locales. Pour cela, notre mobilité est exigée » (Société Sécurité présidentielle : les nouveaux gradés invités à maintenir l’ordre
Lundi 7 Février 2022 Les Dépêches de Brazzaville)

Les périodes électorales, ces moments de triche avérée et d’élimination létale des amis et des ennemis ( voyez ce qui est arrivé à l’infortuné Guy Brice Parfait Kolélas), sont le pain quotidien de la violence militaire, policière et milicienne conjuguée. Aussi clamer que les forces armées sont là pour forcer les insurgés à se tenir à carreau est un truisme. Quiconque croit que les hommes en armes sont là pour assurer la sécurité des populations à intérêt à lire « Guerre et paix » de Léon Tolstoï.

« Le pouvoir est au bout du fusil » disait Marien Ngouabi avant que Sassou ne vienne à bout de sa personne.

L’opinion, de toute façon, n’est pas dupe. La nomination récente de 9 généraux dans l’armée de Sassou a été le summum de l’ignominie et a déclenché, à l’occasion, l’indignation même du camp des amis du régime pourtant habitués au népotisme. Mieux : les Bacchanales auxquelles se sont livrés tous les militaires promus au grade de général (surtout le camarade Serge Oboa) ont sérieusement rayé le tableau. La frénésie observée chez ceux qui sont venus fêter les grades n’avait rien à envier à la horde primitive dont parle Freud dans « Totem et tabou. »

« Il n’est pas interdit de célébrer un galon, mais dans la discrétion  » a commenté un colonel congolais en exil. « Même ici, en Europe, les grades se célèbrent, mais dans le cadre restreint de la décence » a ajouté du haut de sa retraite active en France, l’officier.

TANTINE SERGE

La rumeur se demande à quel moment l’officier Serge Oboa devrait faire son « coming out » puisqu’à en croire le journal en ligne Sacer toujours au courant des secrets des alcôves, Serge passe pour un « mignon » (dirait Platon) bien qu’il ait fait un récent mariage dans les règles de l’art. « C’est pour camoufler sa vraie orientation sexuelle » (Sacer).

« Le conseiller spécial du chef de l’État, directeur général de la sécurité présidentielle, le général Serges Oboa, a rappelé aux troupes, le 5 février à Brazzaville, le rôle des forces de sécurité dans le processus électoral et le maintien de l’ordre. » lit-on dans « Les Dépêches de Brazzaville. »

Il s’agit des législatives qui seront précédées d’une mise en scène appelée « concertation » à Owando comme la dernière fois à Madingou. Ce sera une messe basse où tout est fait pour que rien ne soit fait qui remette en cause le statut quo du clan. C’est à cette occasion que l’armée va frapper des coups bien sentis quand besoin se fera sentir.

Par les temps qui courent, les armées africaines sont ingérables, notamment les militaires ouest-africains de l’ancienne Haute-Volta et de l’ancien Soudan Français.

«  L’armée doit être au milieu du peuple comme un poisson dans l’eau » dit une strophe du «  Petit Livre Rouge  » de Mao.

Tout dépend de quelle armée, de quel poisson et de quelle eau. En réalité dans nos contrées, dans nos tristes tropiques, en guise de carpe, il s’agit de requins et de piranhas.

Mao Zedong ajoute : « Là où le balai ne passe pas la poussière ne s’en va pas d’elle-même ». Autrement dit : nettoyer les poches de résistance, aveuglez les réactionnaires et le trône sera bien gardé !

Pensons au carnage des miliciens cobras quand ils ont plongé le Pool dans la désolation à la faveur des différentes expéditions punitives pour sécuriser le pouvoir d’Oyo/Edou-Penda. Pensons à la boucherie du Beach en 1999 quand le palais de Sassou servait de gare de tri et l’inénarrable Serge Oboa jouait les Kapo de Vel ’d’hiv.
Le Kilimandjaro de la cruauté fut dépassé de plusieurs crans.

Dans nos pays Bantou, le génie militaire se déploie comme un caïman au milieu d’un ban de tilapias. L’exception confirmant la règle a été le Mouvement politico-militaire du 22 mars 1972 d’Ange Diawara. Ce fut un fiasco puisque l’insurrection s’est comportée dans le Maquis de Goma-Tsé-tsé avec la fleur au bout du fusil. Ange Diawara Bidié n’avait pas le profil d’un prédateur. C’était un...ange. Sa seule cible portait nom OBUMITRI. Le reste n’était que poursuite idéaliste du vent. Il l’avait déjà indiqué dans son document intitulé « Autocritique ». A savoir : ne pas tirer sur l’armée loyaliste car des camarades en faisaient partie. C’est ce qui sauva Ngouabi et son pouvoir. Lorsque les Yhombi, Sassou, Sylvestre Henri Ondziel et autres Ngolo Damas reprirent le dessus, ils ne firent pas dans la dentelle. Goma Tsé-tsé se transforma en cimetière à ciel ouvert.

LES OUEST-AFRICAINS

Au Mali, au Burkina-Faso, pays Mandingue, les forces armées ont retourné leurs armes contre les régimes qu’elles étaient censé protéger. Il y a un retournement des valeurs répressives dans la philosophe des armées des pays de l’Ouest ; une annulation inhabituelle du passage à l’acte.

« Pourquoi eux et pas nous ? » ragent les Bantous.
On en vient à formuler cette hypothèse de tous nos vœux.
« L’armée congolaise doit mettre le dictateur Sassou-Nguesso hors d’état de nuire » ( Mingwa Biango congo-liberty.org 24/01/2022 )
« Le printemps africain viendra-t-il des armées des pays de la CEDEAO ? » se demandent les patriotes des pays d’Afrique Centrale.

On déplore la passivité des militaires des pays de la CEMAC. « Vous servez un régime illégitime. Les récents bouleversements institutionnels en Afrique de l’Ouest (mali, Guinée Conakry, Burkina Faso) sont salutaires et doivent vous émouvoir  » s’indigne Patrice Aimé Césaire Miakassissa (Congo-Liberty )

L’avantage du chef des armées du Congo-Brazzaville, en l’occurrence Sassou-Nguesso, c’est d’avoir désigné ses officiers militaires sur la base tribale.
« Dieu merci pour lui que ce pays n’a jamais été attaqué par ses voisins et est aussi loin de l’être, sinon on aurait mieux apprécié ce genre de nomination clanique  » (« Sacer »)

« Je suis hissée au grade de colonel et suis comblée de joie pour avoir bénéficié de la confiance du commandement. Ce n’est pas du tout une faveur, mais plutôt un mérite... », a indiqué le colonel Béatrice Lékaka, une promue.

Mais oui, bien sûr, qui n’a pas vu les faits d’armes de la camarade Béatrice Lékaka à Kimongo où son unité a fait fuir les Angolais ?

Difficile pour le camarade Serge Oboa et ses amis généraux nouvellement promus de transcender la conscience ethnique pour accéder à la conscience républicaine et retourner leurs fusils contre l’homme dont ils ont la sécurité en charge.

LA VOLTE-FACE DES ARMEES DE L’ANCIENNE AOF

Bref, en un mot comme en milles, ce que pensait Louis Althusser avec sa typologie des Appareils Idéologiques d’Etat (AIE) et des Appareils Répressifs d’Etat (ARE ) ne semble plus de mise. Le philosophe marxiste, Louis Althusser, considérait les militaires comme destinés à briser les peuples et protéger les trônes.

En Afrique de l’Ouest, l’armée réprime mais elle réprime de façon horizontale. Les militaires brisent les trônes et fracassent les oligarchies. Ils ne font pas de quartier. En revanche ces juntes mettent la pédale douce quand il s’agit de répression verticale. L’armée est dans le peuple comme un tilapia dans l’eau. Des scènes où les femmes de Ouagadougou embrassent les militaires comme les parisiennes l’armée américaine à la Libération, ce n’est pas un fantasme.

TIRAILLEURS

Les militaires ouest-africains portent leur nom : ils tirent ailleurs. Jamais sur les populations. Le peuple n’est pas leur cible.

Ce sont certes des coups d’Etat, ceux dont les pays Mandingues sont le théâtre. Mais ce sont de beaux coups d’éclat. En tout cas c’est l’avis des Maliens, des Burkinabés, des Guinéens.

Les Congolais attendent d’être contaminés par la fièvre soudano-bambara-mossi.

SERGE OLANDZOBO

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