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Qui sera le prochain pape ?

02/03/2005 - En 26 ans de pontificat, le troisième plus long de l’histoire, les prétendants à la succession de Jean-Paul II ont eu le temps de se décourager. Pourtant l’opération du pape a relancé à Rome les spéculations sur les différents “papabili”.

Pour la première fois depuis son élection en 1978, Jean-Paul II n’a pas participé à l’angelus dominical. L’âge avancé (84 ans) et la santé fragile (il est atteint de la maladie de Parkinson) de celui que l’on surnommait “l’athlète de Dieu”, ont rendu son opération très délicate, relançant les spéculations sur l’identité de son successeur. La trachéotomie qu’il a subit l’empêche pour un certain temps de parler, ce qui pourrait le pousser à la démission (“renonciation”).

Si tel était le cas, ou s’il venait à décéder, les grands cardinaux seraient amenés à élire un nouveau chef de l’Eglise (voir encadré). Chaque clan entend, du coup, placer un de ses représentants. Parmi les forces en présence, les “Italiens” aimeraient bien remettre la main sur une charge qui leur revenait depuis plusieurs siècles jusqu’à la nomination, en 1978, d’un cardinal polonais : Karol Wojtyla.

Le clan des Italiens

Avec 24 électeurs (sur 120), l’Italie possède plusieurs candidats sérieux pour gérer le Saint-Siège. Et tout d’abord le cardinal Angelo Sodano. Véritable Premier ministre du Vatican depuis 1991, issu de la bourgeoisie piémontaise, Mgr Sodano gère les affaires courantes pendant l’hospitalisation du pape. C’est lui qui a reçu la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, lors de sa dernière visite au Vatican. Mais Sodano, considéré comme trop inflexible, n’est pas vraiment en odeur de sainteté auprès des cardinaux électeurs.

Un courant plus libéral souhaiterait un pape réformateur pour inciter l’Eglise à se mettre en phase avec le reste de la société sur des questions comme la place de la femme, l’avortement ou le célibat des prêtres et arrêter l’érosion du nombre de fidèles. L’archevêque de Milan, Dionigi Tettamanzi, pourrait être celui-là, tout comme Giovanni Battista Re, un proche du pape.

La poussée latino-américaine

Mais l’élection de Jean-Paul II a mis fin à la suprématie italienne et les représentants de l’Amérique latine ont le vent en poupe. Plus de la moitié des catholiques vivent dans cette région et l’élection d’un pape sud-américain serait un signal fort envoyé à ce continent où l’Eglise de Rome est de plus en plus concurrencée par les sectes évangélistes. L’étoile montante des cardinaux latino-américains s’appelle Oscar Andres Rodriguez Maradiaga. Archevêque de Tegucigalpa, au Honduras. Il représente l’aile conservatrice, plutôt dure, de l’Eglise. Claudio Hummes, archevêque au Brésil, pays où vit le plus grand nombre de catholiques, ou l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, font également partie des éligibles.

L’Afrique, où l’Eglise fait face à la montée de l’islam, a également son candidat en la personne du Nigérian Francis Arinze. L’Asie compte, quant à elle, sur l’Indien Telesphore Placidus Toppo. Seule l’Amérique du Nord semble hors course. Selon le cardinal de Chicago, Francis George, il ne serait pas bon que le souverain pontife soit perçu par le reste du monde comme influencé par la superpuissance mondiale.

De nombreux observateurs estiment, de toute façon, que le temps d’un pape non européen n’est pas encore arrivé et que ces cardinaux, souvent assez jeunes, devront attendre quelques années encore. De l’avis général à Rome, on devrait assister à l’élection d’un pape de transition assez âgé.

Ratzinger favori

L’influent cardinal allemand Josef Ratzinger reste le favori des vaticanistes. Agé de 77 ans, il est le doyen du Sacré Collège, l’un des derniers à avoir été promus cardinal par Paul VI, le prédécesseur de Jean-Paul II. Bien en cour, il pourrait rallier les deux tiers des suffrages nécessaires à l’élection du prochain pape sur son nom. D’autant que la tradition canonique veut qu’après un long pontificat on alterne avec un plus court en choisissant un pape âgé, ce qui ferait de lui le candidat idéal pour une transition.

Seul problème : les réformateurs n’ont pas vraiment apprécié les déclarations de celui qu’ils surnomment le “Panzerkardinal” concernant l’homosexualité ou le féminisme. Il faut dire qu’en tant que président de la Congrégation pour la doctrine de la foi, il est le garant de l’orthodoxie romaine.

Reste que le nouveau pape pourrait être un outsider. Jean-Paul II, en son temps, était loin d’être le favori.

Renaud Ceccotti-Ricci

L’élection du pape

La tâche en incombe aux cardinaux du Sacré Collège.

Ils sont actuellement environ 120 (l’ensemble des cardinaux âgés de moins de 80 ans) et se réunissent en conclave dans la chapelle Sixtine, où ils sont enfermés jusqu’à ce qu’ils aient choisi un succésseur. Officiellement il n’y a pas de candidats, et donc pas de campagne électorale, mais chacun fait valoir ses soutiens afin de convaincre les deux tiers des électeurs. Une fois le pape désigné, une fumée blanche s’échappe de la chapelle pour annoncer la nouvelle au reste du monde.

Le Grand Favori

Mgr Josef Ratzinger, 77 ans, Allemand

Doyen du Sacré Collège, président de la puissante Congrégation de la doctrine de la foi et donc garant de l’orthodoxie romaine, il est très influent au sein de la Curie. C’est le favori.

Le Premier ministre

Mgr Angelo Sodano, 77 ans, Italien

Secrétaire d’Etat du Vatican (équivalent du Premier ministre), il a l’avantage d’avoir géré le Saint-Siège pendant la maladie de Jean-Paul II. Mais il est peu apprécié des cardinaux.

Le Réformateur

Mgr Dionigi Tettamanzi, 70 ans, Italien

A la tête de l’archevêché de Milan, le plus puissant d’Italie. Il pourrait représenter un passage en douceur vers un courant plus réformateur de l’Eglise plus en phase avec le reste de la société.

Un Africain...

Mgr Francis Arinze, 72 ans, Nigérian

Le prochain pape sera-t-il africain ? Possible si l’on considère que c’est sur ce continent que l’Eglise se développe le plus, alors qu’elle doit pourtant y faire face à la montée de l’Islam.

Un Sud-Américain..
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Mgr Rodriguez Maradiaga, 62 ans, Hondurien

Représentant de la ligne conservatrice, jeune, c’est l’espoir de l’Amérique latine où vivent la majorité des fidèles catholiques. Peut-être succédera-t-il à un pape de transition plus âgé.

... ou un outsider

Mgr Claudio Hummes, 70 ans, Brésilien

Issu du pays le plus catholique au monde, l’archevêque de Sao Paulo s’est attaqué au problème numéro 1 de l’Eglise : la montée des évangélistes en Amérique.

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