Un Congolais, Chris Tathy Georges, a été distingué Major de sa promotion à l’Université d’Aix-Marseille. En ces pénibles moments où l’espoir des étudiants congolais se réduit chaque jour comme peau de chagrin, la performance de ce jeune compatriote est inédite pour ne pas être signalée.
Fac des Sciences
Selon une tradition académique du rectorat d’AMU (Aix Marseille Université) , chaque année s’organise la cérémonie de remise des diplômes aux meilleurs étudiants. La cohorte des cracks de l’année académique 2023 a été consacrée au milieu de l’année académique, mardi 26 mars 2024. Ce décalage est dû à des raisons sécuritaires. L’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard professeur de Lettres à Arras a manifestement bousculé le calendrier scolaire.
Le rituel s’est déroulé dans l’amphithéâtre du site de l’Université de Marseille, en face de la gare St-Charles.
Une douzaine de professeurs en robe rouge et noir a officié la remise des précieux documents dans une ambiance solennelle proche de la consécration religieuse. Les diplômés se sont vu remettre écharpes bleu azur et leur parchemin inséré dans une couverture verte cartonnée.
Nature du Master
Avec une moyenne de 16 points sur 20, le jeune Congolais Chris Tathy Georges (24 ans) a été distingué meilleur de sa promotion. Les mânes du Congo ont dû s’émerveiller du haut de leur panthéon.
L’intitulé de son Master : Instrumentation, Mesure et Métrologie.
Nous parlons de « structures dures » de la connaissance où les calculs sont de mise et la précision mathématique de rigueur.
Selon google : « Le master Instrumentation, Mesure et Métrologie permet d’acquérir des compétences de haut niveau en mesures et en instrumentation à la fois pour l’électronique et pour la photonique. L’instrumentation couvre ici tous les domaines allant du capteur à l’analyse des résultats (choix, conditionnement, traitement du signal analogique comme numérique, connectivité IIOT (Internet industriel des objets), etc.). »
Parcours du combattant
Vu l’état dans lequel se trouve L’Education Nationale au Congo, on commençait à désespérer de l’avenir de la jeunesse, entité pourtant caressée dans le sens du poil par la propagande ambiante. La question de l’existence de l’étudiant congolais était devenue métaphysique puisque la figure intellectuelle académique a paradoxalement disparu de la circulation depuis l’inauguration en grandes pompes de l’Université Denis Sassou-Nguesso de Kintélé.
Entassés comme des sardines dans les amphis de L’Université Marien Ngouabi on a du mal à croire que le triste sort des étudiants congolais intéresse leur Etat.
Fuite vers d’autres horizons
Reste la solution de la fuite intellectuelle à l’étranger avec tous les aléas de cette entreprise. Malgré la stratégie de la délocalisation géographique, rares sont les Universités en Occident qui comptent des élèves du Congo-Brazzaville. Ceux-ci sont noyés dans l’océan des turpitudes comme par exemple les tracasseries administratives, l’insécurité financière, les incertitudes de logement.
En dépit de ce parcours du combattant, la rage d’apprendre existe chez le jeune du Congo.
Chris Tathy Georges symbolise la preuve d’une détermination que la fantasmagorie de l’Université Denis Sassou-Nguesso n’a pas berné outre-mesure. Au contraire sa résilience l’a poussé vers d’autres opportunités.
Premier parmi ses pairs
Le jeune Tathy Georges a réalisé sa licence à Pointe-Noire au Congo à L’UCAC-ICAM. Muni de son titre, Chris Tathy Georges est allé poursuivre son Master à Marseille dans des conditions matérielles complexes dont on vous épargne les détails.
Sans bourse, donc sans hébergement, contre mauvaise fortune, le jeune Congolais a fait bonne figure. Lorsque les conditions spirituelles sont réunies, tout être est capable d’exceller. Faisant bonne gestion de ses ressources humaines, le jeune crack réussit à tirer son épingle du jeu en deux ans de parcours universitaire. Résultat des courses : l’impétrant est distingué Primus inter pares « premier parmi les meilleurs. »
Des Chris Tathy Georges sont légion au Congo et en diaspora. En cette période pascale, notre héros au prénom prédestiné a démontré que la résurrection de l’Ecole au Congo est un miracle possible si seulement une bonne politique éducative est instaurée.
Alors qu’il marche sur un boulevard de la ville de Marcel Pagnol pendant que souffle un léger mistral, notre nouveau diplômé a un regret. « L’école me manque » nous dit-il tristement émerveillé.
Qu’à cela ne tienne. Il a la possibilité d’attaquer plus tard son Doctorat.
« En ce qui concerne le doctorat, j’ai refusé une offre de thèse suite à mon stage de première année à l’Institut Fresnel mais la question est à l’étude. » projette-il.
Depuis six mois, Chris Tathy Georges a signé un contrat chez Thales, groupe d’électronique français.
G.B
