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Bruits de bottes

Michel Ngakala, sorcier et criminel ?

« Soki omoni ndoki belela ! » (si tu vois un diable, il faut vite en informer tout le village). Dans cet article, nous voulons faire le portrait de celui qui veut encore faire couler des torrents de sang au Congo. Le sol de ce pays n’en a-t-il pas assez bu ?

Jugez-en. Depuis, les émeutes qui avaient opposé, en 1958, les partisans de Fulbert Youlou, (UDDIA), et ceux de Jacques Napoléon Opangault, leader du Mouvement Socialiste Africain, (MSA), en passant par tous les événements qui ont ensanglanté le Congo et endeuillé plusieurs familles : assassinats politiques, répressions des coups d’état, opérations punitives comme celles d’Ikonongo, dans le département de la Cuvette centrale, et de Goma Tsé-Tsé ainsi que les guerres politiques qui ont eu lieu dans le Pool ; depuis la guerre civile de 1959 à laquelle ik faut ajouter le génocide du Pool et l’opération Mouebara à travers, les Congolais (notamment la classe politique) ne semblent toujours pas tirer les leçons du passé.

Le « plus jamais ça ! Plus jamais ça ! » ou le « vivre ensemble » ou encore les prédications faites sur la paix par Denis Sassou Nguesso ne sont que des leurres ou de simples slogans pour le PCT, le parti au pouvoir.

Le Pct a sur ses lèvres des paroles de paix et dans ses mains une kalachnikov. L’UJSC, son ancienne organisation des jeunes, n’a-t-elle pas eu comme devise « Discipline-Travail-Fusil ? »

C’est à se demander si les Congolais ne sont pas habitués à toutes ces formes de violences et à voir le sang humain couler à flots dans leur pays, tant que ces violences-là sont politiques et permettent de conquérir ou de conserver le pouvoir !

Aller dire à un Palestinien que des soldats israéliens se préparent à pénetrer dans la Bande de Gaza, ou à un Israélien que les Palestiniens préparent une attaque dans les colonies de la Cisjordanie.

Vous verrez que dans les deux camps, on vous prendra pour un extraterrestre puisque pour eux ça fait partie de l’ordre normal des choses.

Aucun d’entre eux ne va paniquer devant une telle information parce qu’ils sont tous habitués aux violences et à la guerre.

La guerre fait partie de leurs cultures. Et, ils la vivent au quotidien. On peut dire qu’ils sont nés dedans.

Les uns ont besoin de la violence pour se protéger et dominer.

Les autres ont, eux aussi, besoin de la violence pour s’exprimer et se défendre de l’oppression dont ils sont victimes.

Les Congolais sont-ils, eux aussi, arrivés au point de supporter les horreurs de la guerre ou des violences politiques et de s’y habituer comme au Moyen-Orient ?

UN POUVOIR QUI CARBURE AU SANG

Le pouvoir politique congolais semble tourner avec le sang humain de la même manière qu’un moteur fonctionne avec du gasoil ou de l’essence.

Pour preuve, pour mettre en marche le pouvoir de Christel Denis Sassou qui semble déjà connaître une panne sèche, avant même qu’il ne tourne, le colonel Michel Ngakala veut mettre du carburant (le sang humain) et faire le plein du réservoir.

Il promet la guerre aux Congolais : Il aurait dit, toute honte bue, et sans crainte de poursuites judiciaires - même si un Oko Ngakala (le procureur de la République) ne peut pas poursuivre un Michel Ngakala ( les deux sont des frères et des colonels)- « qu’ils ont des hommes et des armes » pour conserver le pouvoir dans le clan et imposer Christel Denis Sassou Nguesso à la présidence de la République du Congo.

C’est le président du Cercle des Démocrates et Républicains du Congo (CDRC), Modeste Boukadia, qui le confirme dans un entretien télévisé avec Christian Perrin, dans l’émission Droit de savoir qui passe sur TLR TV. Sieur Michel Ngakala aurait dit qu’ils ont des hommes et des armes pour installer de force Christel Denis Sassou au pouvoir.

Mais, Modeste Boukadia qui, lui aussi parle de la paix et devait se montrer démocrate en prouvant son attachement à la paix, ou en créant une dynamique avec tous les Congolais : les partis politiques et la société civile épris de paix, pour qu’ils saisissent ensemble les tribunaux congolais ou étrangers, tombe dans le jeu de Michel Ngakala.

REPONSE DU BERGER A LA BERGERE

Modeste Boukadia s’exprimant sur cette déclaration a répondu : « Monsieur Michel Ngakala est-il sûr que les autres n’ont pas, eux aussi, les armes et les hommes ? »

Rappelons que le président du CDRC est accusé par une certaine opinion congolaise d’avoir fourni des armes à Denis Sassou Nguesso pour qu’il fasse et gagne la guerre du 5 juin 1997. Il sait donc où trouver les armes et aussi l’argent pour les acheter.

L’objet de cet article est de peindre le portrait de celui qui veut encore creuser des fleuves de sang au Congo.

Comme si le sang qui a déjà coulé dans ce pays n’a pas encore inondé les cœurs et suffisamment dégradé le tissu social et économique, voilà encore des fauteurs de trouble qui reprennent du service.

400.000 morts dans la guerre de 1997 ne sont rien aux yeux du colonel Michel Ngakala. Il faut en ajouter d’autres.

MAIS QUI EST MICHEL NGAKALA ?

Les Congolais qui le connaissent le présentent comme étant un officier militaire et homme politique qui est un membre éminent du Parti Congolais du Travail, le parti au pouvoir en République du Congo.

Il a été commandant de la Milice Populaire dans les années 1980, et Haut-commissaire à la réinsertion des anciens combattants, un rôle qui l’impliquait dans la mise en œuvre des accords de paix avec les Nsiloulou, la milice du pasteur Frédéric Bintsamou alias Ntumi.

Mais, Michel Ngakala est aussi un gardien du pouvoir. Avec Pierre Oba, il a créé la milice Cobra.

Il coordonne, dans la plus grande discrétion, les hommes que Sassou Nguesso envoie pour empoisonner ses opposants et ceux qu’il ne veut plus voir vivre.

Mais, ses « camarades membres » le présentent aussi comme étant l’œil et l’oreille sûrs de Denis Sassou Nguesso dans le parti.

C’est à ce titre qu’il est reconduit à chaque congrès du Parti Congolais du Travail, dans les instances supérieures.

Et, même si Michel Ngakala a été fait entrepreneur et a participé à la rencontre du premier ministre, Anatole Collinet Makosso, avec les patrons français du Medef, il n’ y avait aucune intention de changer son rôle.

C’est pour être les yeux et les oreilles de Sassou Nguesso qu’il a été mis dans la délégation.

Qui plus est, Anatole Collinet Makosso avait la délicate mission de présenter le Bébé Doc congolais, Christel Denis Sassou Nguesso, aux patrons français qui devaient constituer son lobby politique en France.

A la lumière de tous les rôles qu’il joue, on peut déduire que Michel Ngakala est l’homme des basses besognes de Sassou Nguesso.

Des taches honteuses ou déshonorantes ou encore subalternes pour un officier supérieur d’une armée qui se veut républicaine, et pour lesquelles Denis Sassou Nguesso n’a pas trouvé mieux que Michel Ngakala, son neveu.

Et, l’homme ne doit sa fulgurante ascension qu’en ne jouant que ces petits rôles. Puisque ceux qui le connaissent disent qu’il a commencé joueur de tam-tam dans un groupe folklorique. Il ne parlait que le mbochi, sa langue maternelle, et balbutiait quelques mots en lingala.

Pourtant, Denis Sassou Nguesso avait fait de lui le Commandant National de la Milice Populaire.

Aujourd’hui, il est colonel dans les Forces Armées Congolaises et Secrétaire dans le Bureau politique du Pct.

Nous ne sommes pas contre cette ascension ; puisqu’il y a dans toutes les armées du monde des soldats qui gravissent tous les échelons jusqu’à devenir des officiers supérieurs ou généraux ; et dans la vie, des autodidactes qui deviennent des intellectuels et des grands cadres dans l’administration ou encore ceux qui apprennent les métiers sur le tas qui « s’affirment ». Mais, dommage : le colonel Michel Ngakala ne veut pas sortir de la culture clanique pour devenir un officier républicain, défenseur de la Nation et du Peuple congolais.

LE CONGO PAS ENCORE UNE NATION ET LES CONGOLAIS PAS ENCORE UN PEUPLE

Si le Congo était une Nation, et les Congolais, un Peuple, la déclaration de Michel Ngakala devrait soulever un tollé général dans le pays.

Tous les Congolais du nord, sud, est et ouest devraient être scandalisés.

Toute la presse nationale aurait dénoncé la programmation d’une énième guerre que prépare le clan Sassou, et fait le portrait de Michel Ngakala ; les députés auraient dû interpeller le Premier Ministre sur cette déclaration parce que Michel Ngakala a fait partie de sa délégation et c’est au cours de sa mission qu’il aurait tenu ces propos ; le procureur de la république aurait déjà ouvert une enquête judiciaire ; les associations de défense des droits de l’homme auraient saisi les tribunaux nationaux ou internationaux.

Malheureusement, les Congolais et les institutions de la République ont, tous, été indifférents parce que la guerre et la violence politique sont entrées dans leur moeurs. Comme elles se sont enracinées dans la culture des Palestiniens et des Israéliens.

Michel Ngakala, un sorcier et un faucon ?

G. BATELAMIO

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