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Or noir

TRAFIGURA boude Brazzaville et choisit Luanda

Photo: Brazzaville : interminables filles d’attente devant les pompes à essence

C’est un euphémisme. Le petit pays pétrolier d’Afrique Centrale joue comme un repoussoir. Il n’attire pas ou très peu d’investisseurs. En cause, le rang occupé par le Congo-Brazzaville dans le classement Doing business. Le Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso traîne la réputation qui lui colle à la peau , comme le sparadrap du capitaine Haddock, d’un pays gangrené par la corruption qui ne paye pas ses dettes et qui n’honore pas ses engagements. On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Dans un contexte de recul des investissements internationaux, le Congo-Brazzaville compte parmi les pays les moins attractifs pour les investissements directs étrangers (IDE).

Riche, pauvre et endetté

Le Congo-Brazzaville dispose pourtant des ressources naturelles substantielles capables d’assurer son épanouissement et assurer le service de la dette.
La dette, parlons-en.

La dette du Congo-Brazzaville atteint près de 99% du PIB. Le Congo-Brazzaville s’enfonce dans la catastrophe

L’encours de la dette du Congo-Brazzaville au 31 décembre 2023 révélée par la Caisse centrale d’amortissement (CCA) a atteint 8497, 28 milliards de francs cfa soit 98 ,96 % du PIB , largement supérieur au seuil de la CEMAC qui est de 60% du PIB (brazzanews, 10 avril 2024). Mal maîtrisée, elle peut attirer les convoitises des prédateurs comme la Chine au Sri Lanka ou au Mozambique. Aussi, peut-elle servir d’épouvantail aux éventuels investisseurs. Bien managée, la dette est un mécanisme économique incontournable.

Trader et créancier

Trafigura, un des traders pétroliers et créanciers, dont le Fonds monétaire international (FMI) exige la conclusion des négociations, a préféré pour ses activités de raffinage l’Angola au détriment du Congo-Brazzaville. Ce n’est pas un acteur mineur du commerce pétrolier qui snobe le Congo-Brazzaville et qui met un pied dans les infrastructures pétrolières angolaises. Le Financial Times le range dans cette « poignée d’entreprises privées qui contribue à former l’épine dorsale de l’économie mondiale, transportant tout, du pétrole et du gaz aux métaux et à l’électricité dans le monde entier ». La société dirigée par l’Australien Jeremy Weir a échangé 5,5 millions de barils par jour en 2023, soit l’équivalent de la demande en pétrole du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne réunis (Le Monde.fr, 12 avril 2024).

Amont et aval

Le business plan de Trafigura est de couper l’herbe sous les pieds des prédateurs qui rôdent autour des matières premières. L’idée étant que, en contrôlant les opérations du début à la fin, on limite les intermédiaires comme Lucien Ebata, Willy Etoka, Denis Ngokana, Maxime Gandzion, Yaya Moussa, Trident OCX et maximise les profits. S’il ne fallait qu’un exemple, le modèle d’affaires serait ainsi celui de Trafigura en Angola, un pays pauvre de 33 millions d’âmes, riche en or noir, mais qui manque d’essence en raison de capacité de raffinage insuffisante, à l’instar du Congo-Brazzaville. Même si le pays est gorgé de pétrole et de gaz de Pointe-Noire à la région de la Cuvette (découverte du gisement Ngoki par la société de Willy Etoka), le Congo-Brazzaville ne parvient pas à satisfaire en carburants tous les appétits. D’un côté, Trafigura enlève le pétrole pour le placer sur les marchés mondiaux. De l’autre, il importe des produits pétroliers raffinés, et contrôle les stations-service. Au Congo-Brazzaville, la seule raffinerie, la CORAF, est dirigée par un membre du clan, Teddy Christel Sassou, fils de Denis et les stations-service contrôlées par X oil, propriété de Congo Assistance de « Mama Ngouli », épouse de Denis.

« Je suis heureux de vous informer que les deux chambres du Parlement ont approuvé quatre textes de loi comprenant trois contrats de partage de production, ainsi qu’un avenant à un contrat de partage existant. Parmi les textes de loi approuvés, deux permis permettront de sécuriser l’approvisionnement en brut de la seconde raffinerie avec une capacité de cinq millions de tonnes, soit cinq fois celle de la Coraf », a signifié le ministre Bruno Jean Richard Itoua (Les dépêches de Brazzaville ADIAC.com, 13 avril 2024).

Pendant que Bruno Jean Richard Itoua présente des textes de loi, les files d’attente dans les stations-service et les pannes sèches continuent. Dans un contexte international bouleversé par le retour de l’inflation, la hausse des taux d’intérêt, le resserrement monétaire, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, le Congo-Brazzaville est confronté à des défis majeurs qui vont dominer les prochaines années, l’approvisionnement des populations en produits pétroliers et gaziers.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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