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Augmentation des viols depuis les récents troubles à Brazzaville

BRAZZAVILLE, 21 juin (AFP) - 19h49 - Une recrudescence de viols a été constatée dans la capitale congolaise depuis les récents troubles provoqués par l’attaque des miliciens ninjas sur Brazzaville.
"Dès qu’il y a des troubles politico-militaires, il y a recrudescence de viols par les hommes en armes", constate le docteur Grégoire Gansou, un membre de l’antenne locale de Médecins sans Frontières (MSF) - France, qui soutient depuis mars 2000 le Programme national de lutte contre les violences sexuelles.

Vendredi, une semaine jour pour jour après l’offensive des miliciens du pasteur Frédéric Bitsangou, alias Ntumi, contre la zone de l’aéroport international de Brazzaville, ce psychiatre béninois reçoit dans son bureau de l’hôpital de Makélékélé (quartier sud) une femme violée, huitième cas recensée par son équipe.

En temps normal, la moyenne mensuelle est de 10 à 15 cas.

Les trois guerres civiles qui ont secoué le Congo-Brazzaville depuis 1993 ont montré à suffisance que les durs combats et l’implication de milices à base ethnique ont souvent favorisé la multiplication de ce type d’agression.

Toutes les personnes impliquées dans le programme de lutte contre les violences sexuelles du ministère congolais de la Santé prennent garde à ne pas employer le mot "soldat" ou "militaire" pour éviter notamment de mettre explicitement en cause l’armée congolaise.

Cette dernière est pourtant accusée depuis plusieurs jours par la population ou la presse locale de laisser certains de ses éléments indisciplinés commettre des pillages et viols dans les quartiers ouest de la capitale, quadrillés par la force publique (armée, police, gendarmerie) depuis les combats du 14 juin.

Sur les huit cas recensés à Makélékélé, cinq cas sont dus à des "hommes en armes", note prudemment le Dr Gansou. Ces derniers ont d’ailleurs tous été commis dans le secteur ouest de la ville et sur des femmes issues de l’ethnie lari, comme les miliciens ninjas. "Certains violeurs les ont même accusées d’être des femmes de Ninjas", ajoute-t-il.

"Même si nous sommes de plus en plus connus, beaucoup de victimes ne viennent pas nous voir", regrette le psychologue clinicien de l’hôpital de Makélékélé, Alain Mbemba. "Le viol, c’est de toute façon très humiliant dans nos coutumes", précise l’assistante sociale de l’équipe, Odile Loubaki.

L’hôpital prend en charge les éventuelles conséquences sanitaires du viol, comme la transmission de maladies sexuellement transmissibles ou une grossesse et le suivi psychologique.

"Le plus gros problème, ce sont souvent les femmes qui tombent enceintes, car elles peuvent être rejetées par leurs familles", note Odile Loubaki qui compte, sur les 388 victimes suivies par son équipe entre mars 2000 et mai 2001, quelque 56 enfants nés d’un viol.

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