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Côte d’Ivoire : l’Estonie, sous pression, immobilise le Probo Koala

TALLINN (AFP) - Soumise à d’intenses pressions, l’Estonie a fini mercredi par immobiliser le navire panaméen Probo Koala, qui avait transporté en août des déchets toxiques à l’origine d’une catastrophe écologique en Côte d’Ivoire.

Alors qu’elles avaient répété mardi que le bateau avait été contrôlé et était en ordre, les autorités estoniennes ont décidé d’ouvrir une enquête judiciaire.

« L’enquête a été ouverte à la demande du ministre de l’environnement, une fois reçus aujourd’hui les résultats des analyses des résidus du nettoyage des réservoirs de carburant du Probo Koala », a déclaré à l’AFP la porte-parole du parquet estonien, Piret Seeman.

L’alerte avait été lancée lundi par l’organisation écologiste Greenpeace, qui avait dépêché son navire Artic Sunrise dans le port de Paldiski, à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Tallinn, où est actuellement amarré le Probo Koala.

Greenpeace a réclamé des autorités estoniennes « la saisie de tous les documents à bord de Probo Koala pour les besoins d’une enquête judiciaire », selon Yannick Vicaire, responsable de la campagne « Toxiques » de Greenpeace France, à bord de l’Artic Sunrise.

Le navire des écologistes a maintenu une surveillance étroite du Probo Koala, afin de l’empêcher de prendre le large, et l’a même bloqué de près à plusieurs reprises.

Les autorités d’Estonie ont d’abord critiqué Greenpeace pour son action, interpellant pendant plusieurs heures mardi quatre militants de l’organisation.

L’action de Greenpeace a été ensuite épaulée par le gouvernement ivoirien. Mercredi, le ministre ivoirien de l’Environnement Daniel Aka Ahizi a officiellement demandé à son homologue estonien d’ordonner le séquestre du Probo Koala à des fins d’enquête.

La police criminelle estonienne a finalement été envoyée mercredi au port de Paldiski pour empêcher le Probo Koala de prendre la mer, a précisé Mme Seeman.

Selon elle, « les résultats des analyses reçus aujourd’hui montrent des similitudes entre les déchets à bord de Probo Koala en Estonie et les déchets déchargés par le Probo Koala en Côte d’Ivoire où ils y avaient provoqué une intoxication massive ».

« Un des buts de l’enquête est de déterminer si le Probo Koala, qui a demandé à laisser ses résidus de nettoyage en Estonie, savait que les déchets contenaient certaines substances toxiques et s’il cherchait à s’en débarasser », a encore déclaré la porte-parole.

Le ministre estonien de l’environnement, Villu Reiljan, a visité jeudi le port de Paldiski afin de « s’assurer que le bateau ne pourrait pas quitter le port ».

« Le Probo Koala pensait pouvoir décharger ses résidus toxiques en Estonie dans l’espoir que nous serions trop faibles pour l’en empêcher », a-t-il déclaré à l’AFP après sa visite dans le port.

Le Probo Koala avait transporté en août à Abidjan des déchets toxiques qui ont ensuite été déversés dans le quartier de Cocody et une quinzaine d’autres sites du territoire d’Abidjan, capitale économique de Côte d’Ivoire avec quatre millions d’habitants. Ces déchets ont provoqué la mort de huit personnes et l’intoxication de milliers d’autres.

Greenpeace, qui tient les propriétaires du Probo Koala pour « responsables d’un trafic de déchets toxiques », a voulu imposer que le navire cesse toute activité et soit maintenu dans le port estonien « le temps d’une enquête complète ».

L’organisation écologiste a également déposé une plainte mardi aux Pays-Bas contre l’affréteur du navire, Trafigura Beheer, dont le siège social se trouve aux Pays-Bas, et contre Amsterdam Port Service (APS), une entreprise portuaire néerlandaise.

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