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Darfour : le Soudan salue le maintien de la force de l’UA

KHARTOUM (AFP) - Le Soudan a salué jeudi la décision de l’Union africaine (UA) de maintenir sa force au Darfour jusqu’à la fin de l’année, ce qui lui évite pour l’instant un déploiement de casques bleus dans cette région de l’ouest en proie à une guerre civile.

« La prolongation (du mandat) est saluée. Cela aurait été encore mieux s’il avait été prolongé de six mois par exemple car les troupes africaines sont devenues familières avec la région et sa population », a déclaré le ministre d’Etat aux Affaires étrangères, Al-Sammani al-Wasila al-Sammani.

L’UA a décidé mercredi de proroger de trois mois, jusqu’au 31 décembre, le mandat de sa force au Darfour et de lui apporter une aide technique et financière, avec le soutien de la Ligue arabe et de l’ONU. « Je pense qu’il est plus facile pour la communauté internationale d’aider financièrement et techniquement les forces de l’UA déjà sur place, au lieu de commencer à zéro avec d’autres forces, comme celles de l’ONU », a estimé M. Sammani.

La décision de l’UA est intervenue alors que la crise entre Khartoum et l’ONU sur le déploiement de casques bleus au Darfour s’était exacerbée. Le Conseil de sécurité avait en effet adopté une résolution fin août prévoyant un tel déploiement en remplacement des troupes de l’UA, un scénario que le président soudanais Omar al-Béchir refuse catégoriquement, le considérant comme une violation de la souveraineté du pays.

Pourtant l’ONU a déjà une force dans le sud du pays pour superviser l’application de l’accord de paix signé par Khartoum et les anciens rebelles sudistes. Mais, selon des analystes, le régime craint que sa présence au Darfour n’ouvre la voie à des poursuites contre des responsables soudanais dans cette région où les forces gouvernementales alliées à des milices sont accusées d’exactions contre les civils.

M. Béchir avait proposé de renforcer la présence de son armée au Darfour, en cas de retrait de la force africaine, pour maintenir la sécurité. « La décision de l’UA est positive car mieux vaut avoir n’importe quelle présence internationale au Darfour qu’aucune présence, afin de protéger les civils », a estimé un diplomate occidental en poste à Khartoum.

Selon lui, même si l’UA s’est pliée à la demande du Soudan, sa décision « ne peut être considérée comme une victoire de Khartoum », car la communauté internationale continuera d’exercer des pressions sur M. Béchir pour qu’il accepte une force onusienne au Darfour. « Le but ultime pour elle reste une mission de l’Onu au Darfour », a-t-il dit.

La ministre britannique des Affaires étrangères, Margaret Beckett, a estimé de son côté que la décision de l’UA était « un pas qui nous éloigne de l’abîme », tout en notant « qu’il restait beaucoup à faire ». Son homologue égyptien Ahmed Aboul Gheit, qui a participé à la réunion de l’UA, a affirmé que la prorogation du mandat « donnait du temps à Khartoum pour lancer la reconstruction au Darfour et entamer un dialogue de réconciliation nationale ».

Pour l’ONG britannique Aegis Trust, qui avait aidé à organiser des manifestations pour la paix au Darfour dans plusieurs villes du monde, l’« excellente » décision de l’UA permet à la communauté internationale de « gagner du temps ». L’ONU doit « faire aujourd’hui ce qu’elle aurait dû faire il y a des années : fournir une aide financière, matérielle et logistique à l’UA pour lui permettre de protéger les civils efficacement au Darfour », indique un communiqué de l’organisation.

L’UA a décidé aussi de demander aux parties non signataires de l’accord de paix d’Abuja, conclu en mai par Khartoum et le principal groupe rebelle du Darfour, le Mouvement de libération du Soudan (SLM), de le parapher. « Cette décision est très importante car la sécurité et la paix dans la région seront garanties si ces mouvements signent l’accord de paix », a dit M. Sammani.

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